Decazeville. Le cinéma hongkongais à l’honneur à La Strada
Le ciné-club de La Strada propose une incursion sur les terres baroques et atemporelles du cinéma de Wong Kar Waï. Les formes que crée le cinéaste hongkongais empruntent à plusieurs registres narratifs, ce sont plusieurs voix qui se mêlent pour dire la complexité de la mémoire et du temps. À l’image des récits borgésiens, ce sont plusieurs trames qui s’enchevêtrent comme à travers de vastes couloirs. Malgré sa modernité et une esthétique proche du clip, le cinéma de Wong Kar Waï est essentiellement littéraire. Il s’agit d’écrire, de lire et de réécrire, à l’image des carnets de notes de Marcel Proust. L’image contient toujours une autre image. Les deux films proposés : le jeudi 11 avril à 20 h 30 "Chungkin express" et le mardi 16 avril à 18 h 15 "Les Anges déchus", ne dérogent pas à cette règle.
"Chungkin express", qui décrit l’errance de deux flics abandonnés par leur petite amie, nous fait pénétrer dans un Hong Kong grouillant et cosmopolite. Une ville faite de bars lumineux et fluorescents, de visages fardés et de personnages qui traînent leur mal de vivre comme une deuxième peau. Mais Wong Kar Waï fait éclater le récit, il ne s’agit pas de décrire une réalité prosaïque mais, au contraire, de partir dans la rêverie et la poésie intime. C’est la sensibilité et l’affect qui dictent les impératifs du récit. Les effets de dilatation, d’accélération, le rôle imparti à la voix off, offrent de multiples possibilités au film.
Le second film "Les Anges déchus" est tout aussi suspensif. Un tueur à gage désillusionné accomplit son dernier contrat. Mais il doit faire face aux états d’âme de sa partenaire et à des rencontres singulières qui vont changer sa destinée. À nouveau, l’univers nocturne et bigarré de Hong-Kong va faire dévier le récit. Un véritable labyrinthe mental est proposé au spectateur. Les déformations de l’image, des angles de cadrage, l’altération de la fluidité sonore, donnent au film l’aspect d’une expérience psychédélique. Le cinéma de Wong Kar Waï est un cinéma de rencontres, de contact, il nous permet de sortir de notre bulle précisément en rentrant dans l’océan des rêves.
Le film sera précédé d’une introduction au cinéma de Wong Kar Waï par Rémy Romain.
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