Football : Poisson a trouvé ses héritiers du Raf

Chapeau noir vissé sur sa toison blanche, Michel Poisson a pris place, jeudi, dans les gradins de Paul-Lignon. Invité par Laurent Peyrelade, son successeur à la tête de l’équipe, à assister aux trois derniers matches à domicile de la saison, l’ex-entraîneur historique du Raf a savouré l’issue finale : une montée en Ligue 2 mais pas seulement. Cette soirée a marqué comme un passage de témoin, vingt-six ans après la dernière aventure du club en deuxième division. "Avant, je n’aimais pas aller au stade. Tout le monde me parlait du passé. Maintenant, ça ira mieux", soufflait l’homme de 70 ans, ravi de s’être trouvé des héritiers.

Ému, l’ancien guide du Stade ruthénois puis du Stade Rodez football en deuxième division de 1988 à 1993 voulait relever "un parcours hors-norme". La qualité de Pierre Ruffaut, triple passeur jeudi, "on ne voit pas des corners aussi bien tirés en L1", la "défense impressionnante", Michel Poisson en a pris plein les yeux.

Un regard toujours aussi aiguisé sur la réussite d’un Raf avec lequel il n’a jamais rompu les liens. "Avec “Pom” (Pierre-Olivier Murat, président) et Greg (Ursule, manager), on a des purs produits du club, on sent cette moralité, cette humilité, des valeurs. Avec Laurent (Peyrelade, entraîneur), ils ont trouvé la personne qu’il fallait."

"Ça ne fait que commencer"

Et puis, il y a ce stade, ce Paul-Lignon "mythique" qui provoque encore des émotions très particulières au sorcier aveyronnais. "Il est habité par les Ruthénois. Dedans, je pensais à tous ces anciens, disparus ou toujours là", poursuit-il avant de se faire poète, lui l’amoureux des mots et l’infatigable admirateur des choses de l’esprit. "Cette année, le parfum de l’âme des joueurs embaume le cœur des supporters. Et ça ne fait que commencer."

L’avenir, Michel Poisson en est persuadé, n’a pas encore livré ses (bonnes) surprises. "Ce qu’a réalisé aussi aisément cette équipe laisse présager de belles choses", prophétise-t-il. "C’est dommage qu’il y ait ce souci de stade car avec ce groupe, le Raf peut jouer les premiers rôles en L2. Mais monter si tôt, poursuit le Sévéragais, va permettre aux dirigeants de recruter les joueurs qu’ils souhaitent. Nous à l’époque, ça c’était fait tard et on avait raté Lilian Laslandes par exemple."

Chez l’ex-technicien à jamais lié à la demi-finale de Coupe de France 1991 à Marseille, pas de limites. Il ne s’en cache d’ailleurs pas le moins du monde. "Mon rêve, c’est l’accession suprême. Celle en Ligue 1. On pourrait être surpris. Tout est possible." Michel Poisson sait de quoi il parle.