La collection Bouquins fête ses quarante ans

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    La collection Bouquins fête ses quarante ans Courtesy of Robert Laffont
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Relaxnews

(AFP) - La collection Bouquins où se côtoient Georges Bernanos et San Antonio doit une fière chandelle à... Karl Marx. Sans la découverte à Londres par l'éditeur Guy Schoeller, au milieu des années 1970, du "Capital" rassemblé en un seul volume souple, la collection qui fête ses 40 ans n'aurait peut-être jamais vu le jour.

"Tout est né du Capital de Marx. C'est tout à fait typique de ce qu'était Guy Schoeller, un personnage un peu hors-norme, un seigneur, un dandy. Il y a un côté aventurier, presque romanesque dans la naissance de Bouquins", confirme à l'AFP l'actuel directeur de la collection, Jean-Luc Barré.

Quelques heures seulement après la découverte fortuite de l'édition en un volume du Capital, Guy Schoeller prenait contact avec l'imprimeur britannique à l'origine de ce prodige et décrochait "un brevet exclusif" de fabrication pour la France.

Le premier volume de Bouquins, une réédition d'"Une histoire de la musique" de Lucien Rebatet, paraît en octobre 1979. C'est tout de suite un succès.

Mari éphémère de Françoise Sagan, comptant parmi les fondateurs au début des années 1950 du Livre de Poche, Guy Schoeller (disparu en 2001 à l'âge de 86 ans) "avait l'idée d'une collection différente de la Pléiade, beaucoup plus grand public, beaucoup plus diverse et éclectique", raconte Jean-Luc Barré à la tête d'une collection qui compte aujourd'hui à son catalogue près de 700 volumes et constitue l'un des fleurons de l'éditeur Robert Laffont.

Schoeller considérait ironiquement sa collection comme "la Pléiade du pauvre". Jean d'Ormesson préférait la qualifier de "bibliothèque idéale".

Pour bâtir cette collection Guy Schoeller s'était entouré "des meilleurs dans chaque domaine": Francis Lacassin pour le polar, Robert Carlier pour la littérature, Marc Fumaroli pour l'histoire... Aujourd'hui, Jean-Luc Barré a rassemblé autour de lui un "Comité Bouquins" comptant une quinzaine de personnes (de Josyane Savigneau à Laurent Theis en passant par Nicolas d'Estienne d'Orves ou encore François Rivière) qui "apportent des projets" éditoriaux.

- "Esprit frondeur" -
La collection publie une vingtaine de volumes par an et réalise environ 200.000 ventes annuelles dont 60% issues de son riche fonds.

"La bonne santé économique de la collection se mesure au fait que le fonds est plus rentable que la nouveauté. C'est un gage de bonne santé", se réjouit Jean-Luc Barré.

Un volume de Bouquins, malléable et solide, compte entre 1.000 et 2.000 pages et est vendu une trentaine d'euros en moyenne.

"Bouquins c'est un style fait d'une grande curiosité et d'un grand amour de la liberté", estime Jean-Luc Barré, 62 ans, à la tête de la collection depuis 2008.

"Il y a chez Bouquins un esprit frondeur, un peu iconoclaste, un désir parfois d'impertinence ou de provocation", dit-il. "La collection n'a pas vocation à se conformer à quelle que forme de censure que ce soit", insiste-t-il.

Au cours de son histoire, la collection a été à l'origine de quelques coups éditoriaux. Ainsi, en 2005 Bouquins publie une "Histoire et dictionnaire de la police" préfacée par le Premier ministre de l'époque, Dominique de Villepin et postfacée par son ministre de l'Intérieur, un certain Nicolas Sarkozy. En 2015, la collection sort des décombres l'oeuvre sulfureuse de l'écrivain antisémite Lucien Rebatet (encadré par un solide appareil critique) sous le titre "Le dossier Rebatet".

Preuve du succès de la collection, Bouquins a suscité de nombreux émules: Omnibus aux Presses de la Cité, Quarto chez Gallimard, La Pochotèque au Livre de poche.

"Il y a cependant une différence majeure", tempère Jean-Luc Barré. "Bouquins est avant tout une collection de création".

"On ne se contente pas de rassembler les oeuvres existantes. Nous publions beaucoup d'oeuvres inédites ou originales", insiste-t-il en citant notamment "Ecrits stupéfiants", un ouvrage de Cécile Guilbert à paraître en septembre sur le thème des écrivains et la drogue.

La collection ne connaît pas la crise de la quarantaine. "Il y a 80 projets en cours pour Bouquins dont la majeure partie sont des créations", confie l'éditeur.

Pour fêter son anniversaire l'éditeur a demandé à Christian Lacroix de relooker les couvertures de dix titres emblématiques de la collection dont le fameux "Dictionnaire des symboles" écoulé à plus de 700.000 exemplaires.

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