Prades-d'Aubrac. André Damon, l'Aveyronnais qui a remis le jazz en boîte !

  • Simone et André Damon, inséparables et retraités actifs à Espalion.
    Simone et André Damon, inséparables et retraités actifs à Espalion. OC
  • Hommage parmi tant d’autres, ci-dessus de Claude Nougaro. Hommage parmi tant d’autres, ci-dessus de Claude Nougaro.
    Hommage parmi tant d’autres, ci-dessus de Claude Nougaro. OC
  • André Damon, celui qui a remis le jazz en boîte !
    André Damon, celui qui a remis le jazz en boîte ! OC
  • André Damon, celui qui a remis le jazz en boîte !
    André Damon, celui qui a remis le jazz en boîte ! OC
  • André Damon, celui qui a remis le jazz en boîte !
    André Damon, celui qui a remis le jazz en boîte ! OC
  • André Damon, celui qui a remis le jazz en boîte !
    André Damon, celui qui a remis le jazz en boîte ! OC
Publié le
Olivier Courtil

André Damon a redonné du swing au jazz en fondant "Le Petit journal" Saint-Michel et Montparnasse au milieu des années 80. Jamais assouvi, il s’amuse à faire venir des copains d’accords en Aveyron. Rencontre.

Le bureau d’André Damon ne paie pas de mine (de jazz) mais respire la musique. Lui qui n’y entendait rien. Un petit bureau pour un grand Homme rassemblant les souvenirs gravés sur les murs comme sur les disques. On y distingue Claude Nougaro, Michel Legrand, Michel Petrucciani ou encore Hugues Aufray qui vient toujours dormir chez lui quand il traverse l’Aveyron.

Né à Paris mais ayant grandi à Prades-d’Aubrac, il est revenu à Espalion, profiter des beaux jours de la retraite avec son épouse et douce Simone. " J’ai la passion pour l’Aveyron, les copains, le bon air, la bonne chère… " Mais André Damon n’est pas du genre à se la couler douce. Tout une vie à exercer sans compter les heures dans les cafés et brasseries de Paris le jour comme la nuit témoigne de sa volonté. Et l’envie de s’en sortir. Au mitan des années 80 quand la pop et les synthés battent à plein régime, il ouvre à contre-courant un restaurant et boîte de jazz : le Petit Journal Saint-Michel, puis Montparnasse qui le sortiront de la mélasse. " J’étais inculte en musique mais le but était de m’en sortir, mes parents ont galéré. Il y a eu pendant un an des spectacles de travesti, un club de poètes, puis un jour j’ai récupéré un piano mécanique qui jouait tout seul chez le coiffeur ", raconte-t-il. Cet instrument sera salvateur. Le piano manquait une octave mais pas André Damon qui, héros malgré lui, attire musiciens et noctambules, en redonnant ses lettres de noblesse à la musique noire. Bref, le Petit Journal se met à accueillir des grands noms, des pointures, des réussites comme la prestation d’Eddy Mitchell venu y fêter ses 60 ans, et des regrets aussi, comme celui de ne pas avoir fait venir Barbara car elle ne faisait pas de jazz…

Depuis, il s’est débarrassé de l’idée étriquée des étiquettes. Certains ne lui ont pas pardonné. Tout cela est écrit pour l’éternité dans son livre "Mémoires du Petit journal" où il résume sobrement " C’est le jazz qui m’a sauvé " ; tout en narrant sans tabou et chargeant des egos au vitriol. L’homme est entier. Mais l’histoire ne s’arrête pas là car André Damon vit pour la passion des rencontres et des émotions. Avec un projet à chaque seconde. Comme celui de faire revenir Richard Galliano dimanche 28 avril en l’église d’Espalion. Comme il est à l’origine du festival Blues en Aveyron. Chez lui, la musique est partout. "Écoute "Un chien écrasé" d’Eddy Louiss", me lance-t-il, au bord des larmes en remontant le temps du Petit Journal. La mélancolie le saisit. Puis, rapidement, il revient à l’instant présent, me proposant – arroseur arrosé – de présenter Richard Galliano en l’église d’Espalion. Il est comme ça André Damon. À l’instinct. Au feeling. Et travailleur acharné. À l’époque du Petit Journal, seul le lundi était en pause. Toujours à l’écoute. Confident des vedettes au point de nouer des amitiés. Avec pour stabilité, Simone, sa moitié, se chargeant du Petit journal le jour pour qu’il assure le relais la nuit. Cela ne leur a pas donné le temps de faire un enfant. Le Petit journal a été son bébé. Lui est resté enfant. Dans son salon, des traces d’amitié, des instruments à vent et un piano où encore aujourd’hui, les concerts improvisés ou plutôt les bœufs s’y terminent. En toute simplicité. Avec le sens de l’hospitalité. "Quand je programmais, j’avais le souci de surprendre le public, par l’affiche, les musiciens, pour l’ambiance et le partage", dit-il.

Le sens du partage

Ce partage qui permet les rencontres et fait le sel de la vie. En quelques minutes, un lien se tisse qui laisse des (belles) traces. Un parfum de fraternité. Et André Damon invite à un autre voyage, dans l’antre de son garage. Des affiches et des luminaires regorgent comme des vestiges vivants de la vie parisienne. Souvenirs du temple du jazz qu’il a tenu où André Damon a trouvé la lumière. C’est aussi là qu’il convie toujours à de fructueuses agapes. Son cœur est un métronome. Car en définitive, la musique sert à supporter la vie et relier les êtres. Surtout. Avec les notes comme langage universel dont il en est devenu un maître des cérémonies. En toute modestie. Et qu’importe le prix puisque de toute façon le jazz l’a sauvé. "L’argent ne sert à rien si ce n’est pas pour gagner en liberté, cela ne sert à rien de le laisser sur un compte", glisse-t-il.

Cette liberté qu’il dépense aujourd’hui pour partager la fraternité, en musique s’il vous plaît. Comme chantait Aretha Franklin : Respect !

Rendez-vous

De Galliano à Manson. Poursuivant sa programmation par passion, André Damon refait venir Richard Galliano, en tournée européenne, dimanche 28 avril en l’église d’Espalion. Par ailleurs, il est à l’origine du festival Blues en Aveyron qui se déroule du 7 au 19 mai avec Fabrice Eulry, pianiste et acolyte désormais à la partition. Coup d’envoi le 7 mai à Conques par Fabrice Eulry himself, avec pour tête d’affiche du festival Jane Manson le 12 mai en l’église Saint-Pie X de Bozouls.

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