Montrozier : c’est dans le "naufrage" que Spi a choisi sa voix

  • « Spi » hisse toujours la grand’ voile.
    « Spi » hisse toujours la grand’ voile. Repro CPA
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Monsieur l'Ouïe

Les Montpelliérains des Naufragés seront le 18 mai prochain la tête d’affiche de la 4e Guinguette de Montrozier, avant de se retrouver sur la scène de l’Estivada de Rodez fin juillet. Rencontre avec Jean-Michel Poisson, dit Spi, le chanteur et auteur du groupe.

Le rock’n’roll est une aventure au long cours. Traversant les océans, bravant les tempêtes, galérant, souquant ferme ou naviguant toutes voiles dehors, bataillant pour quelques pièces d’or, accostant sur des terres inconnues ou au contraire se fracassant sur les récifs juste avant de toucher terre.

Pour s’en persuader, l’histoire de Jean-Michel Poisson dans cette traversée du rock en est un parfait exemple. " La musique, dit-il, pour moi c’est depuis toujours, je crois. C’est une vocation, comme les curés qui ont vu Dieu, pour moi c’était une évidence. La famille évidemment était réticente, mais ils ont vite compris. Il y avait eu l’événement des sixties avec des génies qui sortaient de partout, c’était le déluge. Et de suite ça a été un groupe. "

Et voilà que naît en 1978 le groupe OTH, avec des répétitions "au milieu des vignes" près de Montpellier, et un premier navire pour ce quintet de punk-rock : un camion. Pour une traversée qui va durer 13 ans, jusqu’à un naufrage en douceur, mais un équipage qui va entrer dans l’histoire du rock hexagonal.

Mais avant la mise en cale sèche d’OTH, Jean-Michel alias Spi et des membres d’OTH avaient déjà anticipé la chose, en menant la barque des Naufragés dès 1986. Enfin, une barque : là aussi, un camion. Parce que l’aventure OTH était un peu "too much" pour Spi : "À l’origine, je voulais jouer de l’harmonica dans un groupe de blues, j’étais dans ce truc-là au niveau musique, et à l’écoute, c’est toujours ce que je préfère. D’un point de vue purement musical, ce n’était pas mon domaine. Aussi, il fallait que je change de bord, je voulais mettre en avant mes créations personnelles. Avec les Nauf’, on pouvait toucher à tout. "

Et Spi va s’intéresser entre autres aux chants de marins. " Il y a ce côté aventurier, anarchiste, autonome. On faisait le parallèle entre la vie de corsaire et la vie de rock’n’roller, souvent on partait sans un rond et on revenait sans un rond. "

La danse du corsaire

Avec les Naufragés, le nouvel équipage de "marins des terres" va donc aborder de nouveaux rivages, des Cévennes à la Bretagne, découvrant par ci par là au gré des mouillages de petits trésors dans le folklore local, ou créant une sorte d’héroïc fantasy médiévale où korrigans et autres trolls celtiques viennent danser la gigue sur fond de critique sociale et de messages optimistes, "évolutionnaires". " Il y en a qui préfèrent parler de la rue, moi c’est plutôt l’imaginaire ".

Mais la rue, de la Soif ou autre, trace un canal dans cet imaginaire où le bateau-camion des Naufragés peut poursuivre sa traversée. Même contre vents et marées comme vers 2002 où Jean-Michel, malade, va laisser le camion Naufragés au port, et se lancer dans l’étude et la pratique des danses folkloriques. Avec succès. Durant ce temps, il fonde le groupe plus "tribal cévenol" Spi et la Gaudriole, qui va se retrouver, entre autres et déjà, sur la scène de l’Estivada en 2007.

Depuis 5 ans, les Naufragés ont repris la mer. Naviguent de port en port et font danser les foules des tavernes et des places. L’étendard où une tête de mort rigolarde défie le temps claque au vent.

Les récifs paraissent loin…

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