Facebook mise sur l'intimité et... l'amour

(AFP) - Vous avez le béguin pour un autre usager de Facebook? Le réseau social veut vous aider à lui signifier votre "crush" secret: c'est l'une des nouvelles fonctionnalités lancées mardi par l'entreprise, qui veut aussi mettre les "groupes" au centre de son application.

Ces changements font écho aux annonces récentes du patron de Facebook Mark Zuckerberg, qui a promis en mars un virage vers une plateforme plus soucieuse de l'intimité censé répondre à deux enjeux: le goût croissant des internautes pour les interactions plus restreintes que le traditionnel "Fil d'actualités", mais aussi les inquiétudes liées à la gestion des données personnelles.

Ce changement de stratégie prendra des années mais les nouveautés lancées mardi font partie de cette "vision", a expliqué à l'AFP Fidji Simo, responsable de l'application Facebook au sein du géant américain, qui doit détailler ces nouveautés lors de sa conférence annuelle des développeurs.

Facebook revendique 2,37 milliards d'utilisateurs mensuels.

"Facebook est devenu l'équivalent numérique de la place du village" mais désormais, "les gens sont aussi de plus en plus demandeurs d'intimité, via des interactions privées. Il faut l'équivalent numérique du salon" et des "espaces intimes où l'on est assuré du fait que ce que l'on dit est privé", a redit Mark Zuckerberg la semaine dernière à l'occasion des résultats trimestriels. 

L'application a donc été revue pour placer les groupes au centre de "l'expérience" Facebook et encourager les internautes à se rencontrer en chair et en os, via des centres d'intérêt communs ou des rencontres amoureuses, a expliqué Mme Simo.

- Chiens et politique -

Coté cœur, Facebook a décidé d'étendre géographiquement sa fonction "Rencontres", désormais proposée dans une vingtaine de pays (mais pas en Europe ni aux Etats-Unis) et d'y ajouter la fonction "Secret Crush" (béguin secret) qui permet de sélectionner des "amis" que l'on aimerait mieux connaître et de le leur faire savoir discrètement...

Cela est "entièrement conçu en tenant compte (du respect) de la vie privée", assure Fidji Simo, alors que Facebook est vivement critiqué pour sa gestion des données personnelles de ses usagers.

Quant aux groupes, dont il existe "des dizaines de millions" selon Mme Simo, ils seront plus facilement visibles, grâce à une nouvelle présentation de l'application, et l'accès aux groupes sera encouragé via par exemple des recommandations basées sur les centres d'intérêt ou les "Evénements". 

Même si cela peut sembler contre-intuitif, Facebook pense que les groupes peuvent aider à interagir avec des gens qui n'ont pas les mêmes idées politiques alors que les utilisateurs des réseaux sociaux ont tendance à être enfermés dans ce que l'on nomme la "filter bubble" (littéralement, la "bulle de filtrage") car n'interagissant qu'avec des personnes ou organisations ayant des opinions proches des leurs.

Parce que leurs algorithmes priorisent les contenus en fonction des goûts des usagers, les réseaux sociaux sont accusés d'entretenir et amplifier cette "bulle", qui peut devenir un prisme idéologique déformant.

"Les groupes peuvent créer des liens malgré les divisions", estime Mme Simo. Ainsi, "si vous êtes amateur de chiens, vous trouverez d'autres amateurs de chiens malgré des divergences, politiques ou autres", ajoute-t-elle, précisant que plus de 400 millions d'utilisateurs appartiennent à des groupes.

Les changements annoncés mardi concerneront d'abord la version mobile puis d'ici quelques mois la version site internet.

Le groupe est depuis plus de deux ans aux prises avec les controverses à répétition, de la manipulation du réseau à des fins politiques par des pays étrangers à la gestion des données de ses utilisateurs, qui constituent le fondement de son modèle économique.

Elus et régulateurs tirent à boulets rouges sur le groupe, qui fait l'objet de poursuites et d'enquêtes tous azimuts dans plusieurs pays, dont les Etats-Unis.