Quatre villes de l’Aveyron à la reconquête de leurs friches

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  • À Decazeville, les anciens et immenses halls de Vallourec poursuivent leur mutation.
    À Decazeville, les anciens et immenses halls de Vallourec poursuivent leur mutation. Photo J.B.
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Joel Born

Dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt (Ami), la région Occitanie a retenu quatre projets aveyronnais de valorisation de friches à Capdenac-Gare, Decazeville, Millau et Saint-Affrique.

Qu’elles soient industrielles, commerciales voire hospitalières, les friches encombrent les paysages urbains. Et plombent les budgets des collectivités locales quand il s’agit de les détruire ou de les reconquérir.

Partant de ce constat, et considérant que ces friches peuvent constituer "une réelle opportunité de développement du territoire", la région Occitanie a décidé d’impulser un programme de reconquête de ces friches avec plusieurs partenaires dont l’État, l’Ademe, la Caisse des dépôts, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), l’Établissement public foncier d’Occitanie, les CAUE et les 3 agences d’urbanisme présentes en Occitanie.

En mars 2018, la Région a lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) auprès des collectivités locales ayant pour objectif d’identifier des projets concrets afin de les accompagner en mobilisant les leviers d’intervention des différents partenaires.

Seize lauréats ont été sélectionnés lors d’une première session en octobre 2018. Quinze nouveaux projets régionaux, dont quatre projets aveyronnais, viennent d’être retenus.

Capdenac : Ehpad, services publics et commerciaux

La commune de Capdenac-Gare va bénéficier d’une aide à une étude de diagnostic et de programmation, ainsi qu’un accompagnement technique et financier pour la requalification de la friche industrielle Raynal et Roquelaure. L’aménagement de cette friche de 11 000 m2 dont 8 500 m2 de bâtiment, permettra l’intégration d’un Ehpad, de services publics et commerciaux.

Du maraîchage sur l’ancienne déchetterie

Le projet saint-affricain concerne la reconversion d’une ancienne déchetterie de trois hectares et d’une friche en centre-ville de 7 000 m2.

L’ancienne déchetterie accueillera une activité de maraîchage alors que des logements, services et commerces prendront place sur l’ancienne friche.

Porteuse du projet, la commune de Saint-Affrique bénéficiera d’un appui technique pour la déconstruction des cuves de stockage, présentes sur la friche, ainsi que pour le montage juridico-financier du projet.

La région Occitanie apportera également une aide à l’accompagnement technique et financier pour la reconversion de la déchetterie.

Decazeville : parc intercommunal et halles de l’économie créative

À Decazeville, depuis des décennies, on sait tout le poids des friches industrielles. Qu’il faille les détruire (un certain nombre a disparu) ou leur donner une autre vie. Pendant des décennies, le Bassin decazevillois a été marqué par l’industrie lourde, principalement l’exploitation charbonnière et la sidéro-métallurgie. Une activité industrielle qui a profondément marqué le paysage urbain. Et parfois, même, au-delà, comme dans la proche campagne auzitaine.

Le dossier porté par Decazeville Communauté comprend deux, voire trois projets en un.

à commencer par l’aménagement du parc intercommunal. Ce vaste parc de quelque 500 hectares, où sont déjà tracés plusieurs circuits de randonnée, s’étend sur les anciens sites miniers, dont celui de la grande Découverte de Lassalle. Également retenu dans le cadre du programme d’investissement d’avenir Macéo Massif Central, le projet decazevillois prévoit également la rénovation et la valorisation du site des Soufflantes (derniers exemplaires en Europe de soufflantes Corliss, ces machines servaient à activer la combustion dans les hauts fourneaux), ainsi que la création des Halles de l’économie créative, dans une partie (7 000 m2) des anciens halls de l’entreprise Vallourec, où furent fabriqués, pendant plusieurs décennies, des tubes sans soudure. Ce laboratoire vivant (living lab) s’articulera autour d’espaces, mis à la vente ou à la location, destinés à des porteurs de projets dans les domaines de la culture, de l’art, du sport, de l’activité économique… Certaines de ces activités, à vocation touristique ou culturelle, pourront avoir un rapport direct avec le parc intercommunal.

Ces Halles de l’économie créative devraient également intégrer une Maison des étudiants, avec des logements, ainsi que des commerces, et un incubateur d’entreprises, qui complétera l’actuelle Pépinière d’entreprises Chrysalis. "Nous assurerons la réhabilitation de l’ossature et des couvertures des bâtiments et d’autres partenaires réaliseront les aménagements intérieurs, précise le directeur de Decazeville Communauté, Xavier Duminy. C’est un projet global, jugé intéressant par de nombreux observateurs extérieurs. L’État pousse bien derrière nous et pas mal de portes commencent à s’ouvrir. Il convient toutefois de rester prudents tant que nous ne connaissons pas encore les montants des financements qui nous seront attribués."

Dans tous les cas, les services de Decazeville Communauté mettent tout en œuvre pour redonner vie et jeunesse à ces friches industrielles qui ont largement contribué à la grandeur passée de la ville.

L'ancienne mégisserie à Millau
L'ancienne mégisserie à Millau Repro CPA

A Millau, l’ancienne mégisserie accueillera les salles de cinéma

On aurait pu croire le projet enterré, du moins mis de côté, suite aux rénovations engagées dans l’actuel cinéma. Mais voilà le complexe cinématographique ressorti des cartons. Assuré du soutien de la Région, la Ville peut se relancer dans le projet. Un temps évoqué sur le plateau de la gare, le futur complexe cinématographique s’installera finalement dans les anciens locaux de l’usine Mercier, en bord de Tarn. Et ce, à l’horizon 2022, si l’on en croit le magazine Millau 2030. "Il est encore tôt pour parler d’une échéance, réagit le maire Christophe Saint-Pierre. Ce qui nous guide pour l’instant, c’est que la délégation de service public (DSP) court jusqu’en 2021. Donc ce ne sera pas avant. Nous en saurons plus courant juin quant au portage juridique de ce projet, que nous travaillons avec la caisse des dépôts et des consignations." La Ville mène actuellement des études complémentaires pour peaufiner son dossier. "Ce qui est certain, reprend le maire, c’est que le complexe disposera d’au moins une salle supplémentaire, soit cinq salles, voire six. Alors que le projet initial en prévoyait sept. Mais la caisse des dépôts s’est montrée plus prudente." C’est l’absence d’agrandissement du cinéma actuel, condamné à rester à quatre salles maximum, rue de la Pépinière, qui motive la création d’un nouveau complexe. Dernière friche publique de la Ville, propriété de la communauté de communes, l’ancienne mégisserie Mercier a été choisie parmi sept lieux initialement identifiés. Prudent, le maire de Millau annonce avancer "pas à pas", "étape par étape". Se refusant à tout chiffrage financier. En 2014, il était question d’une enveloppe de 3 M€.

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