"Au Fil de Laine" et du temps à Salles-Courbatiès

  • Tissage.
    Tissage. Photos Pads et JAT
  • Pour édredons, matelas et couettes.
    Pour édredons, matelas et couettes. Photos Pads et JAT
  • La laine a trouvé sa place dans le tissu. Le matelas est presque terminé.
    La laine a trouvé sa place dans le tissu. Le matelas est presque terminé. Photos Pads et JAT
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Paulo Dos Santos

Chantal et Jean-Michel Mallent ont repris, en 2003, une fabrication artisanale de literie lancée en 1896.

Certains refusent à franchir le pas : la peur du vide sûrement. D’autres, au contraire, n’hésitent pas à sauter à pieds joints dedans. Chantal et Jean-Michel Mallent ont coché la seconde option la quarantaine venue. Et, un peu plus de quinze ans après ce virage à 180 degrés, le couple n’a jamais eu de regrets, quelques doutes peut-être – il ne pouvait pas en être autrement d’ailleurs – mais vite dissipés par l’envie d’avancer. Chantal et Jean-Michel Mallent dirigent Au Fil de Laine depuis 2003, une structure artisanale spécialisée dans la fabrication de literie avec des produits naturels, basée à Salles-Courbatiès. Avant de changer d’univers, dans leur Hérault natal (et plus exactement à Montpellier), madame travaillait au sein de l’Éducation nationale tandis que monsieur était commercial dans la peinture automobile. Aucun des deux ne connaissait l’Aveyron, alors de là, à mettre une croix sur la commune de Salles-Courbatiès…

Du camping au centre équestre

"Cela faisait un moment que nous cherchions à faire autre chose, explique le dirigeant. Mais sans trop savoir où aller. Lors de vacances dans un camping lotois, à côté de Souillac, l’idée d’en gérer un est arrivée par hasard sur la table. Nous avons acheté un livre spécialisé pour en connaître le prix et nous sommes tombés sur une annonce pour la vente d’une fabrication de literie." Pour autant, le couple ne s’imaginait pas livrer des matelas et des futons…

"Nous sommes venus visiter en août 2002. Mais dans notre esprit, c’était pour créer un centre équestre, notre fille faisant du cheval. Nous n’avions pas prévu une chose importante : nous sommes tombés amoureux des vieilles machines ! Nous avons donc franchi le pas et débuté le 1er juillet 2003." On ne s’improvise pas fabricant de matelas, entre autres, d’un coup de baguette magique. Durant dix-huit mois, Chantal et Jean-Michel Mallent se sont appuyés sur les connaissances de Gérard Blanc, l’ancien propriétaire et quatrième génération de la Maison Blanc, conservé en tant qu’employé, plus deux autres salariés à l’expérience non négligeable. De fil en aiguille, le couple a pris conscience que sans un développement important, l’affaire risquait fort de péricliter.

De 4 à 20 tonnes en 15 ans

"La vente dans les marchés était en chute libre. Nous nous sommes tournés vers le site internet. Il était déjà en service mais n’avait aucune visibilité. Et nous sommes tombés à un moment clé : le début du bio, de l’écolo, du naturel. Nous nous sommes engouffrés là-dedans et cela a fonctionné à merveille." Et c’est peu de le dire ! Depuis quelques années, les ventes proviennent à 95 % d’internet, contre seulement 5 % en 2004. Deux autres chiffres parlent également d’eux-mêmes : toujours en l’espace de quinze ans, le tonnage de laine est passé de 4 à 20. Car, Au Fil de Laine est quasiment une exception en France. "Il n’existe que quatre entreprises comme la nôtre au sein de l’Hexagone, c’est-à-dire du lavage de la laine jusqu’à la finition de façon artisanale. Et nous sommes les seuls à laver la laine sans détergent, ni savon, ni autre produit chimique… C’est avec de l’eau de l’étang voisin chauffé à 60°C, le rinçage se faisant à l’eau froide."

Les produits naturels qui sortent de ces bâtiments d’un autre temps sont désormais connus dans le monde entier, "au sein de l’Europe, en Belgique, en Allemagne…, mais bien au-delà comme en Australie, au Sénégal…". Et pourtant, le délai de livraison pour matelas et futons est de deux mois. "Avec un savoir-faire de 123 ans, il faut bien évidemment prendre son temps !"

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