Nant : un comptoir bien dans sa terre du Larzac

Un œil curieux derrière la vitrine, une tête qui se glisse dans l’entrebaillement de la porte, et une main qui finit par la pousser. Une semaine après son ouverture, au cœur du village, la "Boutique et bistrot paysans" attise toutes les curiosités.

Dans le charme conservé de l’ancien Grand Café, Marion Renoud-Lias des Aromatiques des Homs et Philippe Sanche, producteur de miel, jouent aux apprentis marchands. Ils font partie des seize producteurs du collectif, montés en association, et assurent un roulement par demi-journées pour tenir la boutique – qui propose leurs produits – et le bar. " Restez vous-mêmes !, leur a toujours conseillé Joël Thomas. Gardez votre âme d’agriculteur, ce n’est pas des pros de la vente que les consommateurs viennent chercher." Encore hésitants devant la machine à café, Marion et Philippe ont le sourire accroché aux oreilles, de faire partie de cette "folle aventure".

"Vendre les produits des copains"

"Plus que la vente, ce qui me porte ici, c’est le collectif, confie Marion. Au fil des réunions, des travaux aussi, nous apprenons à nous connaître en tant qu’hommes et femmes, mais aussi comme paysans. Vendre et expliquer le produit des copains, c’est tellement enrichissant." Véritable vitrine de la production locale, des légumes à la viande, des conserves aux jus de fruits, des alcools aux huiles essentielles, des fromages aux yaourts, la "Boutique" ne manque de rien. Face à quelques crispations dans le village, les producteurs le répètent : "Nous ne sommes pas là pour concurrencer qui que ce soit, nous voulons simplement compléter l’offre, résume Marion. Et nous espérons faire venir de nouveaux clients à Nant. Ce ne peut être que du plus pour le village." Quant à la partie bistrot, seuls les produits des paysans sont servis : sirops, jus, infusions et apéritifs, ainsi qu’un café équitable, produit à Rodez par Ruthéna. "Cela colle à notre éthique, nous n’allions pas servir des sodas américains ici, ça n’aurait pas de sens, prévient Philippe. C’est une manière de se démarquer, et de ne pas marcher sur les plates-bandes des voisins."

Encore en rodage au sujet des horaires d’ouverture, le collectif n’est pas fermé à l’idée de compléter sa gamme de produits. Soutenus financièrement par la Région pour l’investissement, les producteurs ont recyclé du mobilier, fabriqué toutes leurs étagères, repeint la devanture, profité des compétences de l’ancien électricien qu’était Philippe pour donner du lustre à l’ensemble.