"The Dead Don't Die": fantaisie comico-politique de Jarmusch

  • Dans 'The Dead Don't Die', Jim Jarmusch s'en donne à coeur joie pour raconter élégamment une histoire de zombies pleine d'humour, mais aussi politique. Dans 'The Dead Don't Die', Jim Jarmusch s'en donne à coeur joie pour raconter élégamment une histoire de zombies pleine d'humour, mais aussi politique.
    Dans 'The Dead Don't Die', Jim Jarmusch s'en donne à coeur joie pour raconter élégamment une histoire de zombies pleine d'humour, mais aussi politique. Courtesy of Focus Features
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Relaxnews

(AFP) - Iggy Pop en zombie accro au café, Bill Muray et Adam Driver en policiers apathiques, Tom Waits en ermite des bois: dans "The Dead Don't Die", Jim Jarmusch s'en donne à coeur joie pour raconter élégamment une histoire de zombies pleine d'humour, mais aussi politique.

Dans ce film en lice pour la Palme d'or, projeté mardi en ouverture du Festival de Cannes et en simultané dans près de 600 salles de France - où il sort mercredi dans la foulée -, l'un des running gags tourne autour d'une chanson intitulée "The Dead Don't Die" du chanteur de country Sturgill Simpson, que les uns et les autres écoutent dans leur voiture. "C'est la chanson du film", lance Adam Driver à son coéquipier, incarné par Bill Murray, dans un clin d'oeil au spectateur. 

Tous deux policiers dans la petite ville de Centerville, ils mènent une existence paisible quand survient une série de phénomènes étranges. Les animaux disparaissent ou deviennent agressifs car, disent les journaux, la Terre est sortie de son axe de rotation après une fracturation hydraulique des calottes polaires.

Quand deux femmes sont retrouvées éventrées, le constat est unanime: "ça doit être un animal sauvage, ou plusieurs animaux sauvages". Avant que la voix de Ronnie (Adam Driver) s'élève: "des zombies".

- zombies accros à la consommation -

Peu à peu, les habitants de cette petite ville en viennent à cette évidence: les morts sortent de leurs tombes et s'attaquent aux vivants pour les dévorer. Reste alors à mener la bataille pour survivre.

Jim Jarmusch s'était déjà essayé au film de vampires avec "Only lovers left alive", une oeuvre à l'ambiance visuelle et sonore très travaillée, en compétition à Cannes en 2016.

Le réalisateur américain s'attaque cette fois, pour sa dixième venue sur la Croisette, à un autre créneau très codifié du fantastique: le film de zombies, auquel il apporte à nouveau une esthétique et un univers musical soignés, mais aussi un humour savoureux, avec une galerie de personnages croqués avec soin. 

Parmi eux, Adam Driver - que le réalisateur américain avait déjà dirigé dans son dernier film "Paterson", en compétition en 2016 - et Bill Murray apportent la lenteur nécessaire à leurs deux personnages de policiers, flanqués d'une troisième comparse jouée par Chloë Sevigny. 

Tom Waits campe un homme des bois reclus, Tilda Swinton (déjà dans "Only lovers left alive") une propriétaire d'une entreprise de pompes funèbres étrange à l'accent écossais et d'une dextérité impressionnante au sabre, et Iggy Pop un zombie avide de chair fraîche et de café.

Avec des dialogues ciselés, du comique de répétition et de situation, Jim Jarmusch s'amuse dans ce film mais parle aussi de son pays, de la surconsommation et de la catastrophe écologique qui guette. 

Le réalisateur ne manque pas en effet d'écorner l'Amérique de Trump, par petites touches: avec un personnage de fermier intolérant portant la casquette "Get America White again" ou des responsables gouvernementaux qui nient la catastrophe écologique à la radio. 

Dans cette métaphore de notre monde actuel, les zombies, eux, errent dans les rues en prononçant les noms de leurs obsessions lorsqu'ils étaient vivants, de "mode" à "téléphone" en passant par "gameboy" ou "bonbons", tels des accros aux produits de la société moderne, toujours affamés.

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