Trente ans plus tard, des Négresses toujours vertes à Sauveterre-de-Rouergue

  • Des Négresses vertes... et un poil poivre et sel, qui assurent toujours le bal.
    Des Négresses vertes... et un poil poivre et sel, qui assurent toujours le bal. Harry Heuts Photography
Publié le
Monsieur l'ouïe

"Zobi la Mouche", "Voilà l’été", "Sous le soleil de bodega"… : les Négresses vertes ont marqué le rock festif français de leur empreinte exotique. Rencontre avec Stef Mellino, un des anciens, avant leur venue le samedi 18 mai à Sauveterre-de-Rouergue pour le festival Soft'R

Février 2018, une mouche prénommée Zobi se remet à bourdonner sur la scène. Entourée de Négresses vertes. Celles-là, cela fait plus de quinze ans qu’on ne les avait vues ensemble, en tribu, à chanter leurs légendaires incantations à l’été, au soleil, aux familles heureuses et à la vie.

Les Négresses vertes, combo né à la fin des années 80, sont de retour in vivo et en concert. "Cétait pour les 30 ans du premier album, raconte Stef Mellino, Négresse depuis le début. Cela a été le déclic pour nous, l’occasion qui a fait le larron. En même temps, on a rencontré un producteur qui nous a dit "si vous voulez reprendre la scène, je suis là". Il faut aussi les moyens pour rendre ce genre de retour possible. Alors on a dit oui. Pour nous c’était le moment. On ne s’est jamais quittés fâchés avec les Négresses, on ne s’est jamais perdus de vue. "

Sur les six Négresses présentes, cinq repartiront donc en ce début 2018, comme ils (ou elles) l’avait fait en 2016 pour quelques mois pour une tournée Top 50. Là, seul l’accordéoniste Mathias ne repartira pas. "Il a changé de vie, précise Stef, il a pris un hôtel sur les pistes de ski. " Un nouvel accordéoniste, plus un nouveau batteur également, viendront grossir les rangs du quintet de (re)départ.

Et oui, le Top 50, car les Négresses vertes ont explosé tous les compteurs dès leur premier album "Mlah", sorti en 1988, un an après leur formation.

Punks à guitares sèches

Issu-e-s pour beaucoup de la scène punk et alternative, le style des Négresses vertes détonne pourtant : "À l’époque, il n’y avait pas tant de groupes acoustiques, c’était quand même plus rock tout autour. Nous on fait du gitano, du punk, du rock’n’roll, de la chanson française, tout un mélange d’influences. Mais les gens se sont reconnus là-dedans. Pourtant, ça a commencé par l’Angleterre, où on faisait complètement anachronique avec notre accordéon. Et Zobi la mouche devient numéro 1 des clubs, on a fait une tournée avec des concerts devant 2 500 personnes et les plus grandes salles de Londres. Après, on revient en France, et le premier concert qu’on y a fait, c’était je crois sur une péniche à Béziers devant 50 personnes. Puis les morceaux ont commencé à tourner à la radio… "

Et les Négresses vertes deviennent l’un des groupes phares de la scène alternative française, dans l’Hexagone comme à l’étranger, Angleterre, Japon ou États-Unis. En 1991, le deuxième album Famille nombreuse "enfonce le clou : on a été disque d’or en trois jours ". Et les tubes succèdent aux tubes. Une voie royale jusqu’à début 1993, quand l’emblématique chanteur Helno décède d’une overdose. Une disparition qui hante encore Stef, qui l’a remplacé au pied levé devant le micro : "Il n’y a pas un jour sans que je ne pense à lui, c’est normal. Sa mort est injuste, si toutefois il y a une mort juste. Helno était quelqu’un qui avait quelque chose à dire, par les thèmes qu’il choisissait et comment il les traitait. Il avait une vision personnelle des choses, qui en même temps était universelle. "

Sans Helno, les Négresses continuent, tournées, succès nouveaux albums en 1995 et 1999. Mais peu la lassitude, l’envie d’ailleurs. " Fin 2001 on s’est dit voilà, on va faire une pause. On avait tous la quarantaine, on avait été choyés d’un côté, de l’autre on n’avait pas été épargnés non plus… C’était le moment de faire une pause. Mais on ne pensait pas que la pause aller durer 16 ans ! "

"La flamme s’est rallumée"

Durant ce temps, qui vit disparaître leur producteur, la plupart des Négresses restèrent dans la musique. Stef et sa compagne Iza restèrent eux Négresses, jouant le répertoire "historique" à deux. "Ce n’est pas le genre de la maison de lâcher l’affaire. Ce que je fais de mieux, c’est jouer de la guitare et chanter. En plus j’avais des enfants en bas âge, alors avec Iza on a acheté une voiture et on y est allé. "

Avec les 30 ans du premier album, c’est Stef qui va finir par convaincre, s’il le fallait, les autres Négresses de se remettre sur "Play". "On a pris conscience de l’ampleur populaire qu’on a eue. On est un groupe qui sort de l’étagère dans lequel il est rangé. On est alternatif, oui, mais surtout populaire. Et ça nous a fait remettre le couvert, la flamme s’est rallumée entre nous. On remplit les salles, peu importe le nombre des années, il faut que le retour soit probant, que nous en soyons fiers, et que les gens le soient aussi. On va continuer à battre le fer, mais on ne se met pas la pression de faire un album ou tout ça. On est revenus sans faire de pub ou de grande déclaration. "

Sans faire de bruit, juste de la musique, mais quand vous voyez leur carnet de bal, une cinquantaine de dates jusqu'à la fin de l'année et dans le monde entier, on se dit que les Négresses vertes étaient attendues... et séduisent toujours.

Au festival Soft-R de Sauveterre le samedi 18 mai.

Un festival pour (vraiment) tous les âges

On ne parle évidemment pas de l’âge de la bastide de Sauveterre-de-Rouergue qui comme chacun le sait a 739 ans, mais des festivals qui l’agitent depuis quelque temps. La faute à l’Ajal, l’association organisatrice qui fête cette année ses 53 ans et ce malgré une «sieste» de 15 ans. L’Ajal au bois plus dormant s’est remis depuis à l’œuvre, épousant au passage la Fête de la lumière et ses 33 printemps, et mettant au monde de joyaeux et turbulents marmots comme les festivals Roots’Ergue (16 ans) et Soft’R dont ça va être le 10e anniversaire les 17 et 18 mai. Avec une pléiade d’artistes et groupes de tous âges professionnels, 25 ans pour les Ogres de Barback (le vendredi 17) qui viennent en compagnie de leur gamin Omar et mon Accordéon, 25 aussi pour Miossec (le 18) et donc 31 pour les Négresses vertes, alors qu’Opium du Peuple n’a que 13 ans mais un sacré caractère, tout jeune mais tout de même quelque 10 ans de plus que les Aveyronnais Yarglaa (le 17) et Lombre (le 18).
Enfin bref, il y en a de tous les âges, y compris dans le public, mais si vous voulez plus d’informations et trouver le véritable âge du capitaine sauveterrat :
softr2rootsergue.com
 

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?