Nord-Aveyron : Cyrille Hurel sort du bois avec ses aquarelles
Instituteur sur l’Aubrac, il fait l’école buissonnière en délaissant ses cahiers pour ses carnets de peinture.
Cyrille Hurel rêve de vivre caché. Coupé du temps pour encore mieux ressentir le monde. Il aime la photo comme le pinceau mais n’aime pas se voir en photo comme en peinture. Pour lui, la beauté est autour. Juste autour et ses contours. D’ailleurs, il écrit derrière un stylo et peint avec un pseudo : Kyrillos. Il s’agit de la traduction de son prénom en grec avec la lettre o barrée de l’alphabet scandinave en clin d’œil à ses racines normandes.
Âgé de 47 ans, il enseigne depuis treize ans à l’école publique de la Vitarelle à Saint-Rémy-de-Montpeyroux tout en profitant de la beauté du plateau de l’Aubrac, terre d’inspiration, pour donner corps à ses passions. " La Normandie était trop humide. J’adore la Lozère et j’ai atterri en Aveyron. J’ai toujours voulu être instituteur. Tout m’intéressait ", dit-il en guise d’explication. Tout l’intéresse encore. Plus que jamais. Juste retour des choses, c’est lors d’un projet d’école que les carnets d’aquarelles furent de sortie.
Beauté et curiosité
Des sorties qui se sont accentuées, un brin thérapeutique au départ pour se changer les idées. Sortir du quotidien. Désormais ce sont les aquarelles qui poussent Cyrille Hurel à s’aérer. Il exalte la nature en étant paradoxalement au plus près de la réalité. Il est in situ. Ses aquarelles se dévoilent en toute limpidité. Comme une évidence sous les yeux. Comme ce qui coule sous tous les sens. "J’aime le travail de l’architecte australien Glenn Murcutt, épuré, minimaliste, qui optimise les espaces et en même temps il est dans une architecture vernaculaire", exprime-t-il. Cela se ressent dans son travail d’artisan. Optimiser les grands espaces, autant dire que Cyrille Hurel a matière à décupler son dessein. "J’ai eu un coup de foudre pour l’Aubrac. J’ai envie, à mon niveau, de le promouvoir, d’amener ma vision peut-être extérieure de l’Aubrac".
Une déclaration d’amour qui se reflète dans ses aquarelles. A l’image de son taureau comme une flaque d’eau, pris dans la brume du plateau. À l’image aussi de sa forêt aubracienne aux airs japonisantes (photo aussi ci-dessus).
Amener une vision onirique de l’Aubrac
Son ressenti créé le mélange entre réel et irréel. Et la technique de l’aquarelle installe cet aspect onirique voire ésotérique. Il y a la nécessité de vivre un pied dans l’imaginaire, de l’autre d’être dans le vrai pour démontrer son étrangeté. Ce qui (nous) dépasse. La création. C’est tout l’enjeu et le jeu de Kyrillos. "J’apprends en autodidacte, en travaillant la nuit, de façon empirique. Je fais des essais en me fixant un objectif chaque année, les brumes l’an dernier, le ciel cette année. Mon fil conducteur est d’apporter une vision onirique de l’Aubrac". Car Kyrillos se cache pour mieux penser, connecté à la nature. "J’ai de la chance, je suis très curieux, c’est ma force". Une force qui se cultive aussi. Continuer à s’émerveiller, à pousser les portes, les enclos. Poète et pragmatique. Lucide et clairvoyant. Cela s’explique aussi. Il faut un minimum d’organisation, d’où les ébauches des carnets, de clarté, de maîtrise car, de toute façon, l’aquarelle prend le dessus. "J’aime le côté nomade, évanescent de l’aquarelle. Tu ne maîtrises pas tout, l’eau, les pigments qui fusent". (Se) laisser guider, comme il prend ses carnets. "J’ai besoins de projets sinon je meurs", conclut-il. Cela tombe bien, il en a plein, prend le temps nécessaire à la création et les sollicitations s’enchaînent comme la dernière en date pour illustrer les poèmes de l’émérite Vincent Calvet.
Cyrille Hurel est à la croisée des chemins mais Kyrillos a trouvé le sien : la liberté.
A Espalion, Rodez et Laguiole
Il est aussi possible de trouver les magnifiques cartes postales et autres créations de Cyrille Hurel, émanant de ses carnets, à la librairie du Pont-Virgule à Espalion, La Chaldette en Lozère et à l’Hous’Talet au 25 rue Neuve à Rodez en attendant de se retrouver surle toit du monde au Suquet chez Bras à Laguiole. Avec l’arrivée de l’été, Kyrillos prendra aussi ses quartiers au délicieux salon de thé « Curiosithés » de Lætitia au 10, rue Arthur-Canel à Espalion. À déguster avec le cœur, le corps et les yeux sans modération !
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