Bertholène. Quand Aveyron rime avec accordéon (1/7) : Lionel Suarez, "Le colosse de Rodez"

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  • Même si, pendant quelques années, il avait « tiré un trait » car il avait « à faire ailleurs », Lionel Suarez n’a pas coupé le cordon avec l’Aveyron, où il organise début août la 2e édition du « Bretelles festival » à Bertholène.	Caroline Pottier
    Même si, pendant quelques années, il avait « tiré un trait » car il avait « à faire ailleurs », Lionel Suarez n’a pas coupé le cordon avec l’Aveyron, où il organise début août la 2e édition du « Bretelles festival » à Bertholène. Caroline Pottier Repro CP
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Rui Dos Santos

Premier volet d'une série consacrée aux accordéonistes aveyronnais avec "le colosse de Rodez". C’est ainsi que Claude Nougaro a baptisé l’accordéoniste, né dans le chef-lieu en janvier 1977 et originaire de Bertholène. Installé à Paris depuis deux décennies, collaborant régulièrement avec les plus grands chanteurs et autres amoureux des jolis mots, il est davantage (re)connu au-delà des frontières aveyronnaises que sur ses terres natales. 

"De la chance certes et aussi du travail. Voilà les deux ingrédients majeurs pour être à la hauteur. Je suis curieux et puis, il faut bien avouer, ce sont, surtout, des histoires de rencontres". Ce coup d’œil dans le rétroviseur est l’œuvre de Lionel Suarez. Malgré la richesse et l’épaisseur de son curriculum vitae, il ne faut pas compter sur lui pour rouler des mécaniques. à 42 ans, il les a fêtés le 15 janvier, il passe encore par les portes. Le melon, ce n’est pas le style de la maison ! Né à Rodez mais originaire de Bertholène, avec des racines espagnoles, Lionel Suarez a fait ses classes au lycée Monteil, avant un changement de cap qui l’a conduit à Lapérouse à Albi.

Mais, il a toujours "voulu faire de la musique". C’est ainsi qu’il a débuté l’accordéon à l’âge de 8 ans, avant de donner un premier concert quatre années plus tard. "Mon professeur à Rodez était François Acéti et il a été la première grande chance de ma vie. ça change tout évidemment, lâche-t-il, avec beaucoup d’émotion. C’était comme au Conservatoire, mais des cours privés". Un bac L option musique en poche, il passait plus de temps à animer des bals que le nez dans les livres. Et un jour, il a décidé d’écouter son enseignant, qu’il qualifie de "visionnaire" : "Il faudra que tu montes à Paris et que tu sois musicien de studio". Monté donc à la capitale, Lionel Suarez a travaillé, notamment, avec Claude Nougaro et Jean Rochefort. Les deux l’ont beaucoup marqué. Il vient de retrouver une phrase du premier "qui a énormément de sens" : "Les sentiers de buissons et d’épines ont des cheminements profonds que l’autoroute ignore". à méditer !

S’il a cotoyé et continue d’œuvrer avec des artistes d’envergure internationale, il n’oublie pas d’où il vient : "Le bal, c’est mon école. Je ne renie pas. Mais, jamais en dilettante. La rigueur coule dans mes veines. Quand je joue une samba, je veux le faire comme un Brésilien, quand je fais un tango, je veux le faire comme un Argentin". Et, comme il a besoin de "comprendre les autres instruments", il a appris le piano et la basse. Installé à Paris depuis deux décennies (il vit à Garches), Lionel Suarez est marié à Aurélie et ils ont un fils, prénommé Arthur, âgé de 11 ans. Jean Rochefort lui avait dit : "Arthur Suarez, on dirait le nom d’un privé dans un film noir !".

Ramasseur de balle pour Rodez - Bastia à Paul-Lignon

Que lui reste-t-il de l’Aveyron ? L’intéressé hésite : "Pendant longtemps, je me suis contenté de venir rendre visite, en août, à mes parents. J’avais tiré un trait car j’avais à faire ailleurs. Mais, j’ai aussi tourné le dos car je n’existais pas ! A mon époque, il valait mieux faire de la musique classique ou occitane. Les choses ont changé".

Tant et si bien qu’il a retrouvé les routes qui mènent au département. Alors qu’il y organise, depuis l’année dernière, le "Bretelles festival" à Bertholène, tandis qu’il est un ardent défenseur de l’ouverture d’un orchestre à l’école dans son village d’origine (servant, notamment, de courroie de transmission entre les élus et le Conservatoire), il refait régulièrement le plein de tripous et d’aligot. Et il n’a jamais perdu l’accent. "Tout le monde pense que je vis en Aveyron", lance-t-il.

S’il ne figure sur aucune tablette sportive, Lionel Suarez est aussi le cousin de David, footballeur professionnel formé à Rodez, passé par Cannes, Toulouse, Amiens, Sedan, Guingamp ou encore Arles-Avignon. Fêtant ses 40 ans le 9 juin, David encadre désormais une catégorie de jeunes à Amiens. Lionel et David Suarez n’ont certes jamais joué ensemble (ni au football, ni d’ailleurs dans un orchestre) mais l’accordéoniste se souvient qu’ils ont été ramasseurs de balle au stade Paul-Lignon pour un Rodez - Bastia.

Olivia Ruiz à Bertholène  


La 2e édition du « Bretelles festival », orchestrée par Lionel Suarez, aura lieu du jeudi 1er au samedi 3 août à Bertholène (stage les 30 et 31 juillet). Alors qu’Olivia Ruiz sera invitée le premier soir, ce rendez-vous sera « 100 % Garonne » à l’occasion des 15 ans de la mort de Claude Nougaro. Sa veuve Hélène sera présente et elle a mis à la disposition des organisateurs le « Big banc » de l’artiste toulousain. Mous et Akim, les anciens de Zebda, Les Motivés ou encore Grégory Montel (série télé « Dix pour cent ») figurent au générique. Lionel Suarez a aussi coché sur son « agenda aveyronnais » deux autres dates. Le vendredi 27 septembre, à 18 h 30 et à 20 h 30, dans le cadre du « Siècle Soulages », il proposera, avec Clotilde Courau, des extraits de « La nuit du cœur » de Christian Bobin. Six jours plus tard, le jeudi 3 octobre à 20 h 30,  il remettra le couvert avec Michel Vulliermoz pour des « écrits et propos » de Pierre Soulages. 

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