Assises de l'Aveyron : le père incestueux condamné à dix ans de réclusion
Les jurés de la cour d’assises de l’Aveyron ont rendu leur verdict, mercredi après-midi après trois jours de débats, dans cette affaire d’agressions sexuelles et de viols par ascendant commis dans la région de Capdenac de 2002 à 2008. Les avocats de la défense feront appel.
Les jurés de la cour d’assises de l’Aveyron ont su se forger une intime conviction à l’issue de ce procès opposant une fille et son père, au terme de trois jours de débats. Celle-ci l’accusant d’actes incestueux commis de 2002 à 2008 dans la région de Capdenac.
Au terme d’un peu plus de trois heures de délibération dans le secret du huis clos, le président Cayrol a lu la décision des jurés : dix ans de prison ferme. Mardi, l’avocat général avait requis de 13 à 15 ans de réclusion. À ce verdict, debout dans le box des accusés, le père, Arnaud, âgé de 50 ans, encaisse sans broncher. Sa fille, Gwenaëlle, assise dans la salle d’audience, s’effondre.
L’émotion de ces trois jours de procès s’évapore à l’annonce de cette décision. Les avocats de l’accusé ont annoncé vouloir faire appel de cette décision.
"Absence totale d’émotions"
Un peu plus tôt dans la matinée, les avocats de la défense Me Laurence Foucault et Me Hubert Aoust ont souvent rappelé "les paroles contradictoires" de la victime et ont plaidé l’acquittement. Gwenaëlle "a beaucoup varié", selon Me Laurence Foucault, lors de ces différentes auditions.
Et l’avocate de brandir le spectre du fiasco judiciaire de l’affaire d’Outreau, ce dossier pénal d’abus sexuel sur mineurs concernant des faits qui se sont déroulés entre 1997 et 2000, dans le Pas-de-Calais. Pour rappel, la victime a été abusée par son père, à plusieurs reprises dans sa chambre depuis l’âge de 11 ans. D’abord par des attouchements puis par des pénétrations trois à quatre ans plus tard.
Mais pour Me Laurence Foucault, la victime n’a pas "l’attitude habituelle des victimes d’incestes. Il y a une absence totale d’émotions chez cette jeune femme".
Et l’avocate de pointer du doigt le discours d’accusation "répété à la virgule auprès de certains proches", avant de reprendre l’argument de la vengeance sur fond d’éclatement de la cellule familiale.
"Elle (la victime) voue une haine viscérale à son père. Elle voyait sa mère enfermée dans une relation toxique. Comment permettre à sa mère de se libérer ? Il fallait dire le pire…"
"Je n’ai pas fait ce que l’on me reproche"
Après la plaidoirie de sa consœur, Me Hubert Aoust lance d’une voix puissante face aux jurés : "C’est un dossier difficile que vous avez à juger. Mais l’intime conviction ne doit pas être un sentiment fugace, ce doit être un sentiment qui ne laisse aucun doute."
Brutalement interrompue une dizaine de minutes - un juré ayant demandé une suspension des débats - la plaidoirie de Me Aoust a repris sur le même ton que précédemment : "Il y a trop d’incohérences dans les déclarations de la victime. On a essayé de faire craquer mon client à la barre de ce tribunal mais il n’a pas changé de version sur les faits."
Avant que les jurés ne se retirent pour délibérer, l’accusé se lève une dernière fois du box des accusés. "Je n’ai pas fait ce que l’on me reproche", lâche le père avant de se rasseoir. La parole, seule, de sa fille qui a dénoncé sans faillir les agressions sexuelles et viols qu’elle a subis a emporté la conviction des jurés, à la majorité.
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