Millau. Agriculture en Sud-Aveyron : "Nous préfèrerions vivre de nos productions plutôt que d’aides"

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  • Laurent Reversat, de la Conf’, et Jacques Molières, président de la Chambre, s’accordent sur l’importance des aides.
    Laurent Reversat, de la Conf’, et Jacques Molières, président de la Chambre, s’accordent sur l’importance des aides. Repro CP
  • Laurent Reversat, de la Conf’, et Jacques Molières, président de la Chambre, s’accordent sur l’importance des aides.
    Laurent Reversat, de la Conf’, et Jacques Molières, président de la Chambre, s’accordent sur l’importance des aides. Repro CP
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GDM

Aujourd’hui en Sud-Aveyron, la viabilité de l’agriculture passe en partie par les aides de la Pac.

Toujours difficile d’imaginer cet argent dématérialisé qui, venu de Bruxelles, perfuse l’agriculture aveyronnaise comme une béquille vitale. Car "on peut le dire" confirme Jacques Molières, président de la Chambre d’agriculture : l’Europe permet, aujourd’hui, la viabilité d’un grand nombre d’exploitations sur le territoire. "À des échelles différentes, complète le président, selon le type de production et la surface de l’exploitation, les aides varient."

Localement, les aides de la Politique agricole commune (Pac) représentent jusqu’à 100 % du revenu de certains agriculteurs. "En moyenne, en Sud-Aveyron, ce pourcentage doit être de 60 à 70 % du revenu des paysans. Ce qui ne veut pas dire 70 % du chiffre d’affaires", confime Laurent Reversat, ancien porte-parole de la Confédération paysanne.

"Ces aides permettent de compenser des handicaps territoriaux, reprend Jacques Molières. Notamment pour les zones de montagne. Alors oui, bien sûr, nous préférerions une valorisation de nos productions, que celles-ci nous permettent de tirer un revenu décent. Mais tout est fait pour baisser les prix en supermarché, alors que les coûts de revient de nos exploitations sont lourds."

Réorienter la Pac

Un sentiment largement partagé dans la profession. "Tant que nous n’aurons pas des prix rémunérateurs sur toutes les productions, il sera nécessaire de continuer la Pac, regrette Laurent Reversat. En revanche, il est urgent de la réorienter, pour qu’elle soit à la hauteur du projet alimentaire que nous voulons pour nourrir l’Europe. Aujourd’hui encore, les productions les plus industrielles sont les plus aidées. Ce ne sont pas les fermes-usines qui permettront d’installer durablement une agroécologie responsable, qui est pourtant en phase avec les nouvelles attentes des consommateurs et avec l’urgence climatique."

Au sortir du scrutin européen, la profession entend rester attentive. La baisse du budget agricole se murmure très sérieusement à Bruxelles. "C’est l’enjeu de la prochaine mandature : maintenir ces aides pour nos territoires", affirme Jacques Molières.

Et Laurent Reversat d’ajouter : "La Pac est menacée, pourtant l’agriculture doit rester le premier budget de l’Europe. Pour la santé des consommateurs, pour la vie des paysans et de la planète : nous avons besoin d’un projet global ambitieux. C’est là que commence la protection de notre planète. Car si tout le monde s’accorde enfin sur l’urgence, l’ultralibéralisme reste le plus gros frein."

En ce sens, depuis plus de quatre ans, la Conf’ se bat pour la reconnaissance de surfaces pastorales, peu aidées car dites "peu productives". "Alors qu’elles donnent simplement à la hauteur de ce que la nature peut nous donner, c’est la toute la différence", reprend Laurent Reversat.

De grandes orientations qui passent, dès ce dimanche, par les urnes.

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