La Québécoise Andrée A. Michaud lauréate du prix SNCF du polar

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    'Bondrée,' Andrée A. Michaud Éditions Payot & Rivages
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Relaxnews

(AFP) - La romancière canadienne Andrée A. Michaud a remporté mardi le prix SNCF du polar pour "Bondrée" (Rivages), un roman noir à l'atmosphère étouffante, huis clos au cœur de la nature sauvage, porté par une écriture étincelante.

Publié au Québec en 2014, puis par Rivages en 2016, "Bondrée" avait déjà été récompensé en 2017 par le prix des lecteurs du festival Quais du polar de Lyon.

"Bondrée" (toponyme dérivé de l'anglais Boundary "frontière") est l'histoire d'un paradis perdu. "Bondrée est un territoire où les ombres résistent aux lumières les plus crues, une enclave dont l'abondante végétation conserve le souvenir des forêts +intouchées+ qui couvraient le continent nord-américain il y a de cela trois ou quatre siècles", écrit Andrée A. Michaud.

Nous sommes à l'été 1967. A Bondrée, aux confins du Québec et du Maine (États-Unis), des familles sont en villégiature au bord d'un lac cerné par une profonde forêt. C'est le "summer of love", l'année de "Lucy in the sky with diamonds" que chantonnent deux adolescentes inséparables, Zaza et Sissy, "des plantes sans tuteurs", "aguicheuses" et "intrigantes" selon certains.

Un soir Zaza disparaît. Son corps est retrouvé dans les bois, la jambe broyée par un vieux piège à ours. S'agit-il d'un accident stupide?

L'histoire est racontée (bien des années plus tard) par Andrée, une gamine bien plus jeune que Zaza et Sissy, en vacances à Bondrée avec ses parents. Quand Sissy est retrouvée morte à son tour, scalpée et la jambe prise dans un piège à ours, le doute n'est plus permis. On tue à Bondrée. Les tensions s'exacerbent entre les estivants, parfois séparés par la barrière de la langue (on est à la frontière entre le Québec francophone et les États-Unis). Tout un chacun se regarde désormais en chien de faïence.

Un policier au bout du rouleau (nommé Michaud!) va tenter de faire la lumière sur ce drame. Le fantôme d'un ancien trappeur qui arpentait jadis la forêt en y posant ses pièges avant de se pendre (après un crime?) revient hanter les lieux.

La romancière, 61 ans, auteure multiprimée au Québec, joue habilement des différences qui caractérisent "la frontière". Le récit passe du français à l'anglais et vice-versa, le tout mâtiné d'expressions québecoises. Le rythme est lent mais jamais pesant. D'une profonde mélancolie, son roman est moins un thriller qu'un grand livre sur l'innocence perdue et la fin de l'enfance.

Dans la catégorie bande dessinée, le prix SNCF du polar a été attribué à l'écrivaine ivoirienne Marguerite Abouet et au dessinateur Donatien Mary pour "Commissaire Kouamé" (Gallimard). Martin Darondeau a quant à lui remporté le prix dans la catégorie court métrage pour son film "Troc mort".

L'an dernier, le prix SNCF du polar avait été attribué au romancier espagnol Victor del Arbol pour "Toutes les vagues de l'océan" (Actes Sud/Babel Noir).

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