Le jubé du chœur de Notre-Dame de Rodez
Le sixième épisode de la saga patrimoniale consacrée à la cathédrale met en lumière un élément capital de l’édifice.
Il faut imaginer cet élément en calcaire finement ouvragé, à sa place originelle, c’est-à-dire entre la nef et le chœur, séparant ainsi les fidèles des chanoines prenant place dans les stalles qui leur sont réservées. Mais le jubé supportant une plate-forme, servait aussi de tribune, du haut de laquelle, le lecteur avant de proclamer l’Évangile, sollicitait la bénédiction du prêtre : "Jube, domine, benedicere…" (Daigne me bénir, Seigneur). Le premier mot prononcé, "Jube", servit ainsi à la désigner.
Il est composé de trois arcades dont autrefois " celle du milieu était fermée par un voile, et surmontée d’une croix, donnait accès dans le chœur. Sous les arcades latérales étaient placés des autels tournés du côté des fidèles […]" (Pierre benoît) et servant de chapelles, dédiées l’une à Saint-Jean Baptiste (côté sud) l’autre à Notre-Dame des Agonisants.
Et l’archiviste M. Bion de Marlavagne d’ajouter "qu’au milieu de l’arcade centrale est une clef en lunette pour le passage de la corde de la cloche."
Sa décoration très riche et les motifs choisis rappellent si bien ceux des stalles, que l’on peut penser que les sculpteurs furent les mêmes ; les deux chantiers étant liés.
Lézards et animaux fantastiques se dissimulent par leur petite taille dans le délicat décor végétal (choux frisés, fleurons) ornant notamment les trois arcs brisés.
L’ouvrage en pierre est "refouillé et ciselé comme un ouvrage d’orfèvrerie" (Pierre benoît), si bien que certains motifs comme les fleurons, semblent s’extraire de leur support.
Apparaissent aussi de discrets blasons de l’évêque et commanditaire de l’œuvre, Bertrand de Chalençon au XVe siècle.
Ambonoclastes et ambonolâtres
Au XIXe siècle le devenir du jubé était très incertain : d’un côté les partisans de sa démolition (les ambonoclastes) désireux de libérer le chœur pour les fidèles, en accord avec la nouvelle liturgie, et les adeptes de sa conservation (les ambonolâtres), conscients de son témoignage historique et aussi de sa beauté.
L’accusation de vandalisme le sauva au dernier moment, notamment par l’action de la Société des Lettres, Sciences et Arts de l’Aveyron. Les trois travées du jubé sont alors conservées et remontées au revers du portail sud où elles se trouvent encore. La balustrade du jubé est donnée à l’hôpital de Rodez pour servir de garde-corps à la tribune de la chapelle.
"À ce pauvre jubé, certes, il pouvait arriver une plus terrible aventure. Il l’a échappé belle. Nous savons qu’il faillit, hélas ! être mis pour tout de bon à la porte et vendu comme pierre à bâtir. (..)", avait écrit M. Bion de Marlavagne.
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