Lord Esperanza, prometteuse moustache du rap français

  • Lord Esperanza, Théodore Desprez à l'état civil, a grandi à Paris.
    Lord Esperanza, Théodore Desprez à l'état civil, a grandi à Paris. ALAIN JOCARD / AFP
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Relaxnews

(AFP) - Conscient, ambitieux, écorché, moustachu: le jeune Parisien Lord Esperanza arrive avec son premier album à la pointe d'une génération entre rap et chanson.

A 22 ans, son rap a déjà mûri. Dans son "Drapeau blanc" sorti le 24 mai, l'artiste laisse de côté l'egotrip (vantardise) qu'il affichait dans sa production d'adolescent. Le prolifique Lord Esperanza veut maintenant exploser, créer son univers, "donner de l'espoir à la foule".

"Réveillez-vous!", crie le Lord dans son titre "Le silence des élus". "Plus d'envies, c'est nos pubs qui te les créent/Visage crispé peut plus quitter l'écran", décrit-il dans ce monde peuplé d'"ours polaires squelettiques".

En interview dans la rue parisienne qui l'a vu grandir, il parle de musique et de cinéma mais aussi d'autodestruction, de déterminisme social, de lutte contre le gaspillage alimentaire. "Gilet jaune dans la tête", il a voté pour les Verts aux européennes et a refusé l'invitation de l'Elysée pour la Fête de la musique.

Son groove étudié, entre accélérations rap et chant mélancolique, a déjà été adoubé par France Inter et Skyrock. Le Lord a organisé sur la radio rap un rare freestyle de voix féminines, des rappeuses et chanteuses prometteuses vêtues de son drapeau blanc.

Il est excité que son projet prenne de l'envergure. Avec son physique de jeune premier, sa moustache de hipster, des vêtements de jeunes créateurs sur les épaules, il gère tout, de la production de l'album par son propre label (appelé Paramour) à l'esthétique léchée de ses nombreux clips.

Lord Esperanza reconnait "enfoncer des portes ouvertes", succédant de près à une génération d'artistes qui a trouvé dans le rap sa plate-forme artistique, sans arme ni haine et avec très peu de violence: les francophones Orelsan, Eddy de Preto, Loud ou Roméo Elvis, ou les Américains Mac Miller et Macklemore.

- "Paradoxal" -

Lord Esperanza, Théodore Desprez à l'état civil, a grandi à Paris entre le XVIIIe arrondissement (chez sa mère, qui est coach de vie) et le XIXe (chez son père, normalien qui crée des noms de marques). Le groupe phare du quartier, Sexion d'assaut et son leader superstar Maître Gims, lui donnent très tôt très faim de rap.

Son père s'est permis d'ajouter un point d'interrogation. "Il a pris une feuille blanche, a tracé une abscisse et une ordonnée, a mis en haut mes idoles Orelsan, PNL et Damso, et moi j'étais en bas et il m'a dit que j'allais y rester. C'était son seul moyen de me dire qu'il fallait lui prouver le contraire", raconte Lord-Théodore.

Une fois le bac passé, il essaie la communication, puis les langues, mais une signature en label le tient déjà par la manche. Un voisin croit en lui et l'aide à s'enregistrer.

Le musicien Majeur Mineur, qui a composé les 14 titres de "Drapeau blanc", décrit son ami comme "un passionné de langue française, intrigué par la pop et l'avant-garde", fan de Brel et de Gainsbourg, mais aussi de Vianney et Julien Doré. "Pour moi le bonheur/ ce n'est qu'une succession/ de moments un peu moins tristes", chante le rappeur au début de son album.

Pour Majeur Mineur (Hugo d'Azemar), diplômé en commerce et en sociologie, le projet de Lord Esperanza est "paradoxal, bipolaire". "Il est ancré dans son époque: un monde entre fractures sociales et écologiques, mais qui pullule de créativité". Et Lord et Théodore se confondent, entre une "extrême bienveillance" et "beaucoup de fierté, d'ego, indispensables pour réussir dans ce milieu".

Lord-Théodore se dit lui-même "inspirateur" pour son équipe d'une quinzaine de personnes: "je donne l'élan, puis les gens autour de moi les mettent en place. Mon seul vrai talent, en toute humilité, c'est de savoir m'entourer".

Et sa mélancolie pourrait aussi évoluer: lui qui disait chercher "un désir éphémère" confie avoir "rencontré l'amour il y a peu".

Avec une écriture qui peut encore évoluer, Lord Esperanza est surtout une bête de scène aux prestations théâtrales et avec un univers sonore rare, qui part cet été pour une tournée des festivals (dont le bien nommé Esperanzah! en août en Belgique) et un Bataclan le 20 décembre.

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