A Paris, un centre auditif pour musiciens malentendants unique en son genre

  • Grâce à une sonde micro logée près du tympan du patient, l'audioprothésiste peut observer en temps réel son champ auditif en fonction des sons joués de l'instrument.
    Grâce à une sonde micro logée près du tympan du patient, l'audioprothésiste peut observer en temps réel son champ auditif en fonction des sons joués de l'instrument. Zurijeta / shutterstock.com
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Relaxnews

(AFP) - La société d'appareillages Audika vient d'ouvrir à Paris un centre auditif spécialement conçu pour les musiciens et mélomanes malentendants, une installation "unique au monde", selon le groupe français, souhaitant ainsi répondre à un besoin spécifique réel, quoique largement tabou.

Entre la parole et la musique, la gestion de l'amplification du son avec des audioprothèses est "complètement différente", la musique ayant un spectre de fréquence "beaucoup plus large", explique à l'AFP Bernard Hugon, l'audioprothésiste de ce nouveau centre officiellement inauguré jeudi.

Par ailleurs, chaque instrument nécessite un ajustement différent, ajoute M. Hugon, musicien électro-acousticien de formation qui s'est reconverti depuis une quinzaine d'années dans les appareillages auditifs.

Sa petite "cabine musique 8.1" ressemble à un studio d'enregistrement, avec d'un côté une paroi réfléchissante des sons, composée de panneaux en bois clair aux renfoncements variés, et de l'autre une zone absorbante offrant des conditions d'écoute optimales.

"Faites-moi une (note, NDLR) tenue piano en si bémol", demande-t-il à son patient du jour, Stéphane, un tromboniste enseignant en conservatoire souffrant d'une gêne à l'oreille gauche depuis une infection du tympan contractée enfant.

Grâce à une sonde micro logée près du tympan du patient, l'audioprothésiste peut observer en temps réel son champ auditif en fonction des sons joués de l'instrument.

Etre malentendant quand on est musicien, c'est "mal vu", confie Stéphane, soucieux de préserver son anonymat. "C'est comme un photographe qui souffrirait d'un glaucome: les gens se poseraient des questions sur ses compétences", ajoute-t-il.

"C'est le tabou absolu" en musique, confirme Bernard Hugon. Il n'existe d'ailleurs pas de statistiques fiables sur la fréquence de ce handicap parmi les musiciens, parce qu'"ils se planquent", selon lui.

Pourtant les risques de perte d'audition sont bien réels dans ce milieu, et pas seulement dans le domaine des musiques amplifiées: "Un musicien d'orchestre, il bosse six heures par jour avec son instrument, et ce temps de répétition est incompressible", souligne M. Hugon.

A terme, l'audioprothésiste espère encore affiner l'évaluation de l'impact de la surdité sur la perception de la musique, en mettant au point un test de reconnaissance de timbre, en partenariat avec l'Institut de recherche et de coordination acoustique/musique (Ircam), installé au Centre-Pompidou à Paris.

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