Millau. L’Aveyron et la lutte du Larzac ancrés dans les murs de la Sardaigne

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  • La fresque du Larzac, au beau milieu de l’artère principale, est un incontournable à Orgosolo !
    La fresque du Larzac, au beau milieu de l’artère principale, est un incontournable à Orgosolo ! M.R.
Publié le
Mathieu Roualdés

Au cœur de la Sardaigne, le petit village d’Orgosolo a consacré une de ses célèbres fresques murales à la lutte des paysans du Larzac dans les années 1970.

Visiter Orgosolo, petit village perché au cœur des montagnes sardes, c’est avant tout un voyage dans le temps. Un voyage au cœur de la Sardaigne authentique, rurale, bien loin du strass et paillettes de la côte. Ici, pas de plages paradisiaques mais des maisons, souvent délabrées. Pas de jet-setteuse en petit bikini mais des adolescents aux cheveux rasés, qui prennent plaisir à zigzaguer entre les voitures et bus touristiques à dos de cheval. Les "mammas", elles, sont encore vêtues par le noir du deuil. Au beau milieu de cette ambiance digne d’un film de Francis Ford Coppola, les touristes déambulent appareils photos en mains et yeux rivés sur les murs à la recherche de la plus belle fresque. Jusqu’à tomber devant un petit bout de… l’Aveyron ! Sur l’artère principale, une phrase ("Paysans = vie, armée = ?") et une fresque rendent hommage à la lutte des paysans du Larzac contre l’extension d’un camp militaire, dans les années 1970. Comment cela se fait-il ? Car Orgosolo, jadis réputé comme un village de "brigands", partage le même amour des luttes que le plateau sud-aveyronnais. Lui également en a mené une contre l’armée. C’était en 1969 et le village sarde avait fait reculer le projet d’installation d’un camp de l’Otan sur ses terres. Cela avait pris à peine deux mois…

Orgosolo invite le Larzac en 2009

Alors, quand en 2009, Orgosolo a fêté le quarantième anniversaire de sa lutte, il n’a pas hésité à convier ses "cousins" du Larzac. Le Millavois Pierre Marcilhac en faisait partie. "Ils avaient invité quasiment tous les paysans du plateau mais on n’était que trois à y aller car c’était en juin, soit la période des foins. On a été reçus comme des rois là-bas et avant de repartir, on voulait laisser un souvenir de notre passage. On a donc demandé à des jeunes du village de réaliser cette fresque", raconte "Pierrot". Depuis, celui qui fêtera bientôt ses 78 printemps, s’est épris d’amour pour le village sarde. Il y a peu, il y est d’ailleurs retourné avec des amis : "On voulait visiter la Sardaigne mais les gens d’Orgosolo n’ont pas voulu nous laisser partir ! Tous les soirs, pendant une semaine, ils avaient prévu un repas pour nous. C’était incroyable. J’ai retrouvé mon Aveyron paysanne des années 1950. Un type portait du vin, l’autre un cochon, un autre le fromage et on se retrouvait tous les soirs à 20 autour d’une table. Avec Orgosolo, on partage l’amour des luttes contre les envahisseurs et colonialistes."

Depuis, "Pierrot" Marcilhac ne cesse d’y envoyer des amis. Il a également fait venir plusieurs artistes sardes à Millau dans le cadre de manifestations.

Une histoire commune à jamais gravée. Ou plutôt… "encré" sur les murs.

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