Au Festival d'Annecy, un cinéma d'animation japonais foisonnant

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    Au Festival d'Annecy, un cinéma d'animation japonais foisonnant JEAN-PIERRE CLATOT / AFP
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Relaxnews

(AFP) - Plusieurs longs métrages, des courts métrages, des projets en cours: le Festival du film d'animation d'Annecy met à l'honneur cette année une production japonaise foisonnante, même si certains pointent des difficultés du secteur.

Sur dix longs métrages en compétition cette année à Annecy, pas moins de trois viennent du Japon, deuxième acteur mondial de l'animation derrière les Etats-Unis.

Parmi eux, "The Wonderland" de Keiichi Hara, qui avait reçu le prix du jury en 2015 pour "Miss Hokusai", et le touchant et créatif "Ride your wave" de Masaaki Yuasa, vainqueur du Cristal du long métrage en 2017 pour "Lou et l'île aux sirènes", des auteurs qui comptent aujourd'hui.

Les secrets de fabrication du nouveau projet en cours de Makoto Shinkai, réalisateur du succès colossal "Your Name" (2016) - devenu le film d'animation nippon ayant le mieux marché au monde -, seront quant à eux dévoilés aux festivaliers vendredi.

Dans une section parallèle, le festival présente aussi "Les enfants de la mer" d'Ayumu Watanabe, un film d'une grande beauté graphique auquel ont oeuvré plusieurs anciens collaborateurs de l'emblématique studio Ghibli, co-fondé en 1985 par le réalisateur oscarisé de légende Hayao Miyazaki. Parmi eux, notamment, le compositeur de nombre de musiques pour Ghibli, Joe Hisaishi.

"J'ai été très influencé par le travail du studio Ghibli au cours de ma carrière", indique à l'AFP Ayumu Watanabe, qui dit avoir "eu l'impression de flotter dans les airs" quand il a appris que Joe Hisaishi composerait la musique de son film.

Signe de l'influence toujours très importante du Studio Ghibli - alors qu'Hayao Miyazaki, 78 ans, n'a plus fait de long métrage depuis "Le Vent se lève" en 2013 -, le Studio Ponoc ("Mary et la fleur de la sorcière"), créé en 2015 par un ancien de Ghibli, Yoshiaki Nishimura, s'est vu aussi confier une place de choix à Annecy, où il a dévoilé en avant-première française un programme de courts métrages.

- "période d'ajustement" -

"Nous avons voulu créer quelque chose qui ferait perdurer l'esprit de Ghibli et son style d'animation", explique Yoshiaki Nishimura, dont le studio mêle animation dessinée à la main et techniques numériques. Il dit vouloir "faire face à de nouveaux défis" en expérimentant "une variété de styles et de techniques" à travers des courts métrages.

Car, relève le fondateur du studio Ponoc, l'animation japonaise "semble faire face peut-être à un manque de créativité, d'animateurs et de bonnes conditions de travail", autant de difficultés pointées du doigt dans le secteur, avec des cas de burn-out dans les équipes, des salaires souvent peu élevés, et une relève qui tarde parfois à arriver.

Pour Yoshiaki Nishimura, "c'est le résultat d'une accumulation de problèmes au cours des cinq ou dix dernières années", face auxquels un studio comme le sien s'efforce de "créer un environnement nouveau".

"Peut-être que le gros problème dans l'industrie de l'animation japonaise, c'est qu'il n'y a plus de jeunes animateurs", estime de son côté le réalisateur Keiichi Hara.

Ayumu Watanabe pointe, lui aussi, une forme de standardisation parfois de l'animation, avec notamment "de moins en moins d'animateurs qui sont capables de dessiner de façon satisfaisante à la main" et "une bipolarisation du marché, avec de grosses productions qui font appel à un nombre incroyable d'animateurs, et de l'autre côté, peut-être un peu plus de créativité mais beaucoup moins d'argent".

Pour la distributrice française Amel Lacombe, spécialisée depuis 2005 avec sa société Eurozoom dans la sortie en salles en France de nouvelles pépites du pays du Soleil Levant (des "Enfants loups, Ame et Yuki" à "Your name"), "c'est une industrie qui au Japon est très puissante, mais qui est aussi, comme les industries en forte expansion, un peu en période d'ajustement je pense".

Mais, ajoute-t-elle, les autorités japonaises ont aussi "pris conscience", notamment avec "l'effet +Your name+" qu'il "y avait un véritable marché international de l'animation japonaise". "Il y a une grosse effervescence, parce que c'est aussi considéré par le Japon comme une force d'exportation".

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