Jean-François Laguionie, orfèvre du cinéma d'animation honoré à Annecy

  • Pionnier de l'animation française, le réalisateur Jean-François Laguionie a reçu un Cristal d'honneur au Festival d'Annecy, où il est venu présenter son dernier film, "Le Voyage du prince". Pionnier de l'animation française, le réalisateur Jean-François Laguionie a reçu un Cristal d'honneur au Festival d'Annecy, où il est venu présenter son dernier film, "Le Voyage du prince".
    Pionnier de l'animation française, le réalisateur Jean-François Laguionie a reçu un Cristal d'honneur au Festival d'Annecy, où il est venu présenter son dernier film, "Le Voyage du prince". JEAN-PIERRE CLATOT / AFP
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Relaxnews

(AFP) - Il représente un cinéma artisanal et le revendique. Pionnier de l'animation française, le réalisateur Jean-François Laguionie a reçu un Cristal d'honneur au Festival d'Annecy, où il est venu présenter son dernier film, "Le Voyage du prince".

Le réalisateur de 79 ans, qui a débuté l'animation il y a plus d'un demi-siècle avec Paul Grimault ("Le roi et l'oiseau"), n'en est pas à sa première récompense à Annecy: en 1965 déjà, le festival l'avait couronné de son Grand prix pour son premier court métrage, "La Demoiselle et le violoncelliste".

Ce maître discret de l'animation hexagonale - moins connu du grand public que Michel Ocelot, le père de Kirikou, mais admiré et respecté - se souvient qu'à l'époque, ce qui est devenu l'une des grandes manifestation mondiale du secteur n'était qu'une petite réunion entre une poignée d'animateurs.

"Dans chaque pays, on devait être trois ou quatre à faire du film d'animation, des fois deux. Dans les années 60, traditionnellement il y avait un pique-nique organisé dans la montagne, et on mettait tout le festival dans deux autocars", se rappelle-t-il.

"Vous vous retrouviez à côté des géants du film d'animation de l'époque", poursuit-il, dans un entretien avec l'AFP. "Ils m'ont marqué, parce qu'ils avaient une sorte de sincérité dans ce qu'ils faisaient, et de goût du travail méthodique très lent et très humaniste".

Depuis, Jean-François Laguionie a signé plusieurs autres courts métrages, dont "La Traversée de l'Atlantique à la rame", qui lui a valu la Palme d'or du meilleur court métrage en 1978 et un César en 1979, et cinq longs métrages, dont "Le Tableau" et "Louise en hiver".

"Le Voyage du prince", son sixième long métrage, coréalisé par Xavier Picard et présenté en avant-première mondiale à Annecy, où il a été chaleureusement accueilli, est une fable empreinte d'humanisme, sous forme de journal de voyage à l'animation soignée.

- "Animatique sauvage" -
Construit en miroir par rapport au "Château des singes", qu'il avait réalisé il y a vingt ans (et qui racontait la rencontre entre deux mondes différents peuplés par des singes), "Le Voyage du prince" reprend l'un de ses personnages, pour imaginer son destin après sa disparition dans le film précédent.

Echoué sur un rivage inconnu et blessé, le prince est recueilli par deux chercheurs et leur fils. Il va alors découvrir une nouvelle civilisation, scientifique et industrielle, qui se croit plus évoluée que les autres, mais n'est pas dépourvue de défauts.

S'il a utilisé pour ce nouveau film les possibilités de l'animation en 3D, Jean-François Laguionie reste un orfèvre avec ses méthodes bien à lui: il imagine une histoire, scénarisée par sa compagne Anik Le Ray, fait des dessins libres qu'il photographie ensuite, et va même jusqu'à jouer lui-même les dialogues, pour composer une maquette qu'il appelle son "animatique sauvage", point de départ du film.

Avec son premier long métrage en 1984, "Gwen, le livre de sable", conçu dans son propre studio dans les Cévennes, le réalisateur avait voulu faire un film pour adultes "très peint, très artisanal", qui "s'était cassé la figure de façon lamentable sur le plan commercial".

Il reconnaît aujourd'hui que le développement de l'animation pour adultes a mis plus de temps qu'il ne l'imaginait. "On pensait que cette évolution-là se ferait en dix ans, et elle s'est faite en 50 ans", dit-il.

"Il y a encore beaucoup de chemin à faire dans ce sens. On est peut-être arrivés simplement au milieu du gué", estime le cinéaste, soulignant que cette question regarde d'abord la distribution, car "si vous ne distribuez les films d'animation qu'au moment de Noël vous n'arriverez pas à sortir du ghetto" du film pour enfants.

Mais ce vétéran se réjouit de voir arriver "une jeunesse avec une inventivité formidable", qui va chercher dans "la culture plus artisanale du passé" une "authenticité, une sincérité, une poésie, dont ils s'étaient un peu écartés".

Pour lui, c'est sûr: "ça va toucher le public".

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