Un hôpital aveyronnais au cœur de la poudrière malienne

  • Les bénévoles Villefranchois ne sont pas revenus sur place depuis 2009.
    Les bénévoles Villefranchois ne sont pas revenus sur place depuis 2009. DDM/Repro CPA
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Jean-Paul Couffin

Le massacre d'une centaine de personnes dans le village dogon de Sobane au Mali a marqué Villefranche-de-Rouergue où des bénévoles financent le proche hôpital de Sangha.

«Nous ne pouvons qu'être inquiets», soupire Ruben de la Ballina, président de l'association Sahel Rouergue Quercy créée par le docteur Pierre Marre. Après des signes de tension, il a été informé du massacre d'une centaine de membres de l'ethnie Dogon dans le village de Sobane. Ce village forme, avec une cinquantaine d'autres, la commune de Sangha où depuis le début des années «90», sous l'impulsion du docteur Marre, des Villefranchois ont construit, implanté et continuent depuis de faire vivre un hôpital de brousse.

«Les dernières nouvelles que nous avons eues ce mercredi matin indiquent que notre chirurgien a été appelé sur place après le massacre pour soigner de nombreux blessés», poursuit l'humanitaire aveyronnais. Certains ayant été évacués vers Sangha. Il sait, pour bien la connaître, combien cette zone de l'Afrique sahélienne est instable. «Pour des raisons de sécurité nous ne nous sommes plus rendus sur place depuis 2009, car même accompagnés par des militaires, le danger est permanent», explique-t-il.

Dans la région de Sangha, les agriculteurs dogons doivent cohabiter avec les éleveurs nomades Peuls, et les animosités s'affichent au grand jour. «Les Peuls se trouvent sous l'emprise des djihadistes qui sèment le chaos…». Avare de détails, il admet toutefois «qu'en voyant la montée de la violence et des agressions, nous avons craint le pire. Mais nous savons que les conseils de villages ont beaucoup pesé pour la mise en place d'une sorte de pacte de non-agression envers notre chirurgien, d'autant qu'il soigne des patients des deux ethnies…» D'où cet espoir qu'il ne devrait pas être menacé. «Ils n'ont pas intérêt à attaquer l'hôpital…»

Présence financière

Si Ruben de la Ballina déplore cette situation de tension extrême, pas question pour lui et ses amis de jeter l'éponge.

«Nous continuerons de financer travaux et fonctionnement de l'hôpital», tranche-t-il. Pour mémoire, depuis l'embauche d'un premier chirurgien il y a plus d'un quart de siècle, l'association villefranchoise finance les rémunérations.

«Un hôpital comme celui-ci, dans cette zone qui déborde sur le Burkina-Faso, est indispensable, considère Ruben de la Ballina, nous en restons convaincus, plus encore aujourd'hui qu'hier, quand on voit les drames qui se nouent dans cette région.»

À Villefranche, on suit avec vigilance l'évolution d'une situation aussi instable qu'aléatoire.

93 0000 euros investis

Au cours des trois dernières années, l'association aveyronnaise a consenti, en plus des 7 000 € annuels pour le chirurgien, la bagatelle de 93 000 € d'investissement pour l'hôpital de brousse. En 2016, c'était pour l'achat d'un groupe électrogène, en 2017-2018 pour la réfection globale de l'hôpital (45 000 €).

«À l'heure actuelle, nous refaisons la maternité où ont lieu 30 à 40 accouchements par mois…», détaille Ruben de la Ballina.

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