Villefranche-de-Rouergue : le rapatriement des archives de "l’architecte"

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  • Claude Calmettes avec Jean Javelaud, jeudi dernier, sur le marché.
    Claude Calmettes avec Jean Javelaud, jeudi dernier, sur le marché. DDM
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Jean-Paul Couffin

Après avoir déposé une partie de ses archives au sein du service départemental, l’architecte-urbaniste Claude Calmettes rapatrie le restant chez Jean Javelaud.

Une vie. Peut-être même un peu plus si on en juge par la montagne de documents, plans, ébauches, esquisses, notes, analyses, dossiers pensés par l’architecte-urbaniste Claude Calmettes. Une incroyable montagne d’informations sur Villefranche et les bastides conservée par celui qui fut mis en place par Robert Fabre au début des années 1960, avant d’être débarqué par Serge Roques lorsque ce dernier prit les clefs de la ville quarante ans plus tard.

À 90 ans, le regard toujours aussi pétillant et le verbe qui ne l’est pas moins, Claude Calmettes a fait d’abord un premier don aux archives départementales de l’Aveyron, avant que Jean Javelaud, un très proche de toujours au sein du Centre d’études des bastides (CEB), ne récupère tout ce qu’il restait et le dissimule, pour l’heure, dans sa cave…

Direction Villefranche avec à la clef l’annonce de longs mois de classement pour toutes ces archives du CEB, auxquelles s’ajoutent celles de l’urbaniste. Insistant sur la masse d’éléments, l’intéressé ponctue : "C’est tout Villefranche avec tous les programmes que l’État avait pondus, on retrouve des démarches administratives qui se traduisent par des projets, puis par des réalisations…".

Jean Javelaud insistant : "Il va falloir que nous assurions un classement chronologique afin de ne pas perdre le fil des dossiers dont certains remontent à 1967…".

Quoi qu’il advienne, Claude Calmettes mesure en regardant dans le rétroviseur de la vie combien ses travaux furent utiles à la collectivité au sens large : "Même si certaines études se chevauchent, elles ont permis d’aider l’administration".

Lui regrette le crépuscule du CEB. Et surtout de ne pas avoir pu, dans les trois étages du bâtiment des arcades Alphonse-de-Poitiers, mener à bien ce projet de maison des bastides. "Il fallait de la passion pour tenir sur la durée", tranche Claude Calmettes.

Plutôt que subir la dispersion de cet ensemble unique, il a proposé que la bibliothèque du CEB rejoigne celle de la Société des amis de Villefranche.

La seule condition que ses amis et lui gardent un œil sur la pérennité de ses travaux.

"L’architecte de Villefranche", comme il se définit non sans ironie, continue de regarder devant…

« On dirait que c’est Coluche qui se fiche de votre gueule… »

« Le plus gros travail que j’ai mené sur Villefranche, c’est l’étude générale de 1979 qu’il faudrait relancer et réactiver », souffle Calmettes. Mais il n’y croit guère. Une petite escapade dans le cœur de la ville, en ce jeudi de juin, le laisse perplexe. « Quand je vois l’état de certains immeubles, je suis sidéré par le niveau d’abandon subi par la ville ». Il rappelle que lors de son arrivée en Rouergue, il s’était penché sur la réalisation d’un relevé du commerce dans la bastide. « À ce niveau, j’ai le sentiment que Villefranche c’est être après avoir été… ». Ces phrases fusent comme des flèches qu’il décocherait. Lui qui, un moment, alla jusqu’à envisager de jeter toutes ses archives dans la Seine hausse les épaules quand il évoque par exemple le quai de la Sénéchaussée. « Il y a la conjugaison de l’eau, du promeneur et du vent, mais lorsqu’on passe derrière le quai et qu’au milieu du Saint-Jean on voit ce trou on se dit : qu’est-ce que c’est ? ». En remettant une couche, il envoie : « Pour moi, c’est le pire exemple de ce qu’il ne faut pas faire, on peut même y faire uriner son chien. Quand on est Villefranchois, devant ça, on est obligé de battre sa coulpe ». Quant à la place Notre-Dame, le verdict de l’urbaniste n’est pas plus amène. « Il n’y a pas de place plus harmonieuse que celle-ci. Or, je pense qu’y installer des jets d’eau, cela n’a pas de nom. On dirait que c’est Coluche qui se fiche votre gueule ». « Jusqu’à la statue du sergent Bories qui a disparu de devant son domicile : pourquoi ? », s’étouffe-t-il.

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