Maleville : 1914 - 1919, une correspondance exhumée

  • Clothilde Loubatières avec l'ouvrage de correspondance entre ses arrière-grands-parents.
    Clothilde Loubatières avec l'ouvrage de correspondance entre ses arrière-grands-parents. DDM- JPC
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Centre Presse Aveyron

Très beau pavé de près de 500 pages que l'ouvrage sobrement intitulé «Correspondance 1914-1919» réunissant les échanges épistolaires du couple d'Hortense et Benjamin Vaurs réunis par leur arrière-petite-fille Clothilde Loubatières.

Il n'y avait pas que le passage obligé du 11 novembre 2018, pierre blanche du centenaire d'une grande guerre aux millions de jeunes fauchés dans la fleur de l'âge. Presque à contre-courant, en recensant les dizaines d'échanges de lettres entre ses arrières grands-parents Hortense et Benjamin Vaurs durant cette sombre période de l'histoire, Clothilde Loubatières fait bien plus qu'œuvre de mémoire. Comme des milliers d'autres ce couple de jeunes paysans de «Ligonie» aux portes de la commune de Maleville a subi de plein fouet la séparation forcée, alors que leur jeunesse tendait les bras à une vie certes de labeur, mais aussi d'amour et de passion. «Le hasard ou la providence, note Clothilde dans l'avant-propos de son son ouvrage, a voulu que je découvre la correspondance lors des fêtes de Noël 2 013…» Elle ignorait même que son arrière-grand-père fut parti vers le front. Mais ces missives, écrites à un rythme quotidien ou presque, ne se limitent pas des échanges d'un couple de jeune amoureux. Lorsque, le 4 août 2014, elle commença la transcription, 100 ans jour pour jour après la mobilisation des hommes pour la guerre, Clothilde «a le même âge que son arrière-grand-père, mais pas la même vie.» Alors que Benjamin est mobilisé, Hortense son épouse attend son troisième enfant. Sa vie est celle du quotidien d'une ferme aveyronnaise du début du XXe siècle. Son mari affecté a 34 ans. Convoyeur, il parcourt le nord du pays. Une révolution dans sa tête. Il voit d'autres régions, des territoires différents, d'autres manières de vivre. Tout cela, il le décrit avec force détail dans les missives adressées à son épouse. «Benjamin représente un lien entre les hommes sur le front et la population civile, entre les zones de combat et le reste du pays, note Clothilde, cette vision nouvelle contraste avec les labeurs du travail agricole racontés par son épouse.» C'est tout cela, plus les cartes postales expédiées vers le Rouergue, qui font le sel de cette correspondance. Cela aussi qui poussera l (arrière petite fille à se rendre jusqu'en Picardie en 2016. «Je voulais revenir sur les traces de Benjamin pour voir où il était passé ; c'était important pour moi de voir les lieux et de tracer son parcours.» Curieux de tout ce qui l'entoure, Benjamin en condensera l'essentiel avec ses mots. Ceux d'Hortense revenait sur ce quotidien paysan.

Clothilde Loubatières a d'abord pris une lettre, puis une autre et ainsi de suite pour aller jusqu'au bout de sa démarche. Comme aspirée par le désir de découvrir plus encore les caractères et les personnalités du couple. «Ce parcours de mes arrières grands-parents entre leur foi et leur patriotisme ne peut être jugé avec notre vision d'aujourd'hui», lance-t-elle. Comme une bouteille à la mer contenant l'essentiel de cette correspondance.

Témoignage

Paru aux éditions de la Flandonnière, cet ouvrage intitulé «Correspondance 1914-1919» ne ressemble en rien aux carnets de guerre de Louis Barthas dans lesquels le tonnelier de l'Aude disait toute sa répulsion d'un conflit broyeur de vie.

Là, l'échange est celui d'un couple qui se raconte en parlant de son quotidien, loin du fracas des bombes et des coups de gueule de la «Grosse Bertha».

Le livre est vendu 20 €.

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