Cyclisme : les ambitions collectives d'Alexandre Geniez
Le Ruthénois Alexandre Geniez (AG2R La Mondiale) participe aujourd’hui à l’épreuve en ligne des championnats de France, à La Haie-Fouassière, en Loire-Atlantique. Un rendez-vous pour lequel il nourrit de vraies ambitions, notamment collectivement.
Comment abordez-vous ce championnat de France, plus particulièrement sur le plan physique ?
Je me sens mieux, les choses se sont arrangées sur ce plan-là, même si je ne suis pas encore à 100 %, en partie parce que je manque de jours de course. Collectivement, on a une grosse équipe, l’une des deux meilleures avec Groupama-FDJ, donc je pense qu’on a notre carte à jouer. Personnellement, je ne pense pas être dans les conditions idéales pour viser le titre mais j’aurai un rôle à jouer en tant que coéquipier, pour aider les copains, et je ferai le maximum pour ça. On aime bien que les autres roulent pour nous certaines fois et quand on peut rendre la pareille, on le fait avec plaisir. Pour l’équipe et celui qui le décroche, un titre de champion de France est énorme.
Revêt-il la même importance chez AG2R La Mondiale que chez Groupama-FDJ, où l’on sait que Marc Madiot, le manager, que vous connaissez bien pour avoir évolué sous ses ordres de 2013 à 2016, y est extrêmement attaché ?
C’est un peu différent. On n’a pas de grand briefing à la veille du championnat, comme chez FDJ à l’époque, mais ça reste une course particulière, qui permet au vainqueur de porter le maillot tricolore pendant un an.
Particulière du fait de son déroulement sur un jour, de sa distance, élevée, et de son profil, en circuit…
Oui, c’est différent. Étant donné que c’est une course d’un jour, la récupération n’est pas prise en compte. C’est également très différent des épreuves du World Tour, où le niveau est homogène. Là, on retrouve des coureurs des équipes des trois divisions : World Tour, Pro Teams et Continental, et les écarts sont importants entre ces différents niveaux. Il faut vraiment courir en étant placé et ne pas comparer cette course à une classique comme l’Amstel Gold Race ou Liège-Bastogne-Liège, même si la distance s’en rapproche. Il y a aussi souvent un schéma type, avec une échappée et les grosses équipes qui mettent en route à une soixantaine de kilomètres de l’arrivée, mais cette année, les avis sont partagés du fait du parcours : est-ce qu’on aura un sprinteur comme vainqueur ou est-ce que le final sera ouvert aux attaquants ? Est-ce que Groupama-FDJ va courir pour Arnaud Démare ou laisser la chance à d’autres coureurs ? Il faudra bien analyser ça en début de course et en tirer les conclusions pour décider ce qu’il faudra faire.
Y a-t-il un leader désigné chez AG2R La Mondiale ?
Ce n’est pas moi qui décide et pour tout dire, on n’a pas encore eu le briefing (rire), donc je ne peux pas vraiment donner de réponse à cette question, même si j’ai quand même ma petite idée. Lors d’un championnat, c’est difficile de partir en disant qu’on mise tout sur un coureur. Il y en aura quelques-uns qui seront protégés, quatre ou cinq, quelque chose comme ça, mais je pense que lorsqu’on arrive avec une équipe comme la nôtre, il faut s’appuyer sur le nombre et vraiment jouer la carte collective. Un championnat, c’est une course tactique et collective.
Un peu comme la deuxième étape du Tour de l’Ain, que vous avez remportée grâce à une stratégie collective parfaite, mais dans des dimensions différentes…
Oui, et sur un tracé en circuit, que tout le monde connaît. Ça change la donne car les coureurs savent où ils doivent être placés, où ça fait mal, où le peloton se casse en morceaux, mais dans le schéma tactique, oui, ça y ressemblera : il faudra être en surnombre dans le final et isoler les autres équipes.
Ce tracé, justement, qu’en savez-vous ?
Il me correspond bien, et c’est d’ailleurs pour ça que j’ai à cœur de courir ce championnat et que j’avais demandé à disputer la Classic Loire-Atlantique, une manche de Coupe de France programmée fin mars, étant donné que le parcours est le même, afin de pouvoir le reconnaître. À l’époque, je ne savais pas que j’allais tomber au Tour du Pays basque (au début du mois d’avril, NDLR) et que j’aurais du mal à retrouver mon niveau, mais en bonne forme, je pense que j’ai vraiment quelque chose à jouer. D’ailleurs, en mars, on s’était échappés à plusieurs avant de se faire reprendre à un kilomètre de la ligne, et j’avais fini septième ou huitième (huitième). Les montées ne sont pas longues mais usantes et sélectives du fait de leur répétition.
Ressentez-vous une pression particulière du fait de l’enjeu lié à une éventuelle sélection pour le Tour de France ?
Non. Je pense qu’ils (les dirigeants de l’équipe) ne vont pas me juger sur cette course. C’est un championnat, une course très importante pour l’équipe au cours de laquelle on a quelque chose à jouer collectivement.
Pour finir, que vous inspire la polémique autour des absences de votre coéquipier Romain Bardet et de Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step), qui ont décidé de ne pas participer à ce championnat ?
Pour moi, ceux qui ne veulent pas venir ne viennent pas et perdent simplement leur chance d’être champion de France. Ça reste une course et je ne comprends pas pourquoi on serait obligé d’y participer. Dans le cas de Romain, ne pas y prendre part lui permet d’effectuer des reconnaissances d’étapes du Tour de France et d’éviter de la fatigue. Ce à quoi on aura droit dimanche n’a rien à voir avec les étapes de la Grande boucle, et il ne faut pas oublier les risques qui existent, dans un peloton tout sauf homogène, comme je l’ai dit, avec des coureurs moins expérimentés que d’autres. Pour ce qui est de Julian, c’est un peu la même chose, avec, en plus, le fait qu’il vienne seul (aucun de ses coéquipiers ne sera là). Il s’est rendu compte que même en étant très fort, il partirait avec une pancarte énorme, et que s’il se retrouvait dans le final avec quatre ou cinq coureurs d’autres équipes, il aurait du mal à se trouver des alliés.
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