L’art et et la manière de faire chanter les Jambons en Aveyron

  • Philippe Chasseloup ressort les Jambons.
    Philippe Chasseloup ressort les Jambons. Repro CPA
Publié le
Monsieur l'ouïe

Les Jambons, groupe nantais bien fumé des années 90, se remontent pour une mini-tournée aveyronnaise du jeudi 11 au samedi 13 juillet sous l’impulsion de l’un d’entre eux, installé ici depuis quelques années. Rencontre avec une tranche d’un mythe qui a de la cuisse, quand bien même porcine.

Si tout est bon dans le cochon, c’est le jambon qui est le meilleur. Le jambon sec s’entend, de pays, et pas celui de New York. Les Jambons l’ont compris, même si ici, c’est de musique et non de charcuterie qu’il s’agit. Pour preuve, ces Jambons-là sont de Nantes et non de Bayonne ou de Lacaune, et doivent leur nom plus à une expression de vers la Loire-Atlantique qu’à une patte de cochon.

"Bon c’est un nom un peu con, avoue le chanteur historique des Jambons, Philippe Chasseloup. On dirait que t’as envie de faire des cochonnailles toute l’année. Mais jambon, ça veut dire aussi barré, déjanté. C’est un copain qui me téléphonait qui nous a donné le nom. Il me disait "Je t’entends pas, mon téléphone est jambon..."

D’où le nom de ce groupe nantais donc, qui officia entre 1995 et 2006, signant trois albums et plus de 1200 concerts. "Je suis allé vérifier sur Wikipédia ", avoue Philippe. Barrés, déjantés, ces adeptes de la chanson alternative dans la lignée des VRP, les auteurs de la fameuse chanson culte "Léo" (vous savez : les hurlements...), icône de toute une chanson française alternative... dans laquelle les Jambons avaient leur place. Pourtant, au début, le quatuor jambonesque a commencé à chanter dans la rue, à faire la manche, jouant sur des kazoos, des contrebassines ou des boites de conserve, en enregistrant leurs morceaux sur les cassettes de Prince ("en cassant la petite languette ") et en les revendant sous le manteau. "Ça a eu très vite un effet super sympa, se souvient Philippe. On a vraiment décollé par nos concerts. On pouvait nous coller mille étiquettes pour notre style : chanson française, swing, rock à vocation humoristique, mais tout en aimant dire des choses..."

Les Jambons, à qui l’on doit une reprise gouleyante d’Antisocial de Trust a cappella (ci-contre), ouvrirent rapidement l’appétit des oreilles nantaises et d’ailleurs et enregistrèrent leur premier album en 1996, "Tout le monde est en plastique", dans un petit studio local qui "voulait faire un coup. On avait une chanson, Technodanse, de loin notre chanson la plus con, mais que les gens veulent entendre. Faire un tube, ce n’est pas du tout ce qu’on voulait. "

Les Jambons changeront de crémerie pour leur 2e album "Moderne" en 2000. "On a décidé de tout jouer en live dans le studio. C’est du coup des fois trop péchu pour moi, mais en même temps, c’est comme ça qu’on jouait en concert. "

Jambon social

Philippe, lui, aime le 3e et dernier, "Twist yéyé", auquel vint participer Néry des VRP. "Là, tout est plus posé, on avait envie que les gens soient assis et qu’ils écoutent."

C’était en 2002. Et 4 ans plus tard, les Jambons s’arrêtent donc. Mais Philippe va continuer dans le spectacle, la chanson, la mise en scène. Notamment avec "Les collections Chasseloup" : "J’étais dans une asso, jenregistrais des morceaux que j’écrivais. J’avais des abonnés, jusqu’à 200, toutes les saisons les gens recevaient un nouvel "album" dans la boite aux lettres. On tirait à 1 000 exemplaires tous les trois mois. ça passait parfois sur France Inter. La Fnac nous en a demandés, on a dit non. En revanche, on en mettait dans les librairies. "

Installé depuis 5 ans à Pierrefiche-du-Larzac, Philippe a "cassé" son statut d’intermittent et travaille "dans le social, avec des personnes handicapées, comme surveillant de nuit " à Belmont-sur-Rance, et intervient en proposant des ateliers de musique et d’écriture. Jusqu’à cet improbable retour des Jambons. "On s’est revus à Nantes, et tous les paramètres se sont reconnectés en dix minutes. Oui, il faut qu’on se fasse ce plaisir. Et ça fait plaisir aussi à mon épouse, que j’ai "pécho" à un concert. "

Et voilà les Jambons en mini-tournée en Aveyron, le jeudi 11 juillet Chez Gaby à Gaillac-d’Aveyron, le vendredi 12 au Bartas festival de Saint-Sever-du-Moustier, et le samedi 13 à la Maison de quartier à l’Hospitalet-du-Larzac.

En attendant peut-être une tournée en Loire-Atlantique, sur les lieux de leurs premiers exploits. Des gens bien, ces Jambons.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?