Loto du Patrimoine : Saint-Caprazy, un choix mérité et apprécié
Abandonné depuis l’après-guerre, ce hameau du Sud-Aveyron a été sauvegardé par un tourneur sur bois, qui en fait l’acquisition en 2000.
Parmi les sites soutenus par la Fondation du Patrimoine, la mission Bern a choisi d’accompagner les efforts d’amateurs du patrimoine qui ont, jusqu’alors, œuvré à l’écart des chemins battus. L’histoire merveilleuse d’un sauvetage inattendu !
Le lieu de Saint-Caprazy est mentionné pour la première fois dans un document d’archives daté d’août 1150. Après avoir joué un rôle important dans la fondation des abbayes de Sylvanès et de Nonenque, les familles de Saint-Caprazy se détournent des ordres monastiques pour favoriser les ordres militaires. Vers 1150, elles œuvrent à la fondation de la commanderie Hospitalière de Saint-Félix-de-Sorgues, sur la rive opposée de la Sorgues.
Dès le milieu du XIIe siècle, la documentation de Saint-Caprazy décroît au profit de celle sur Saint-Félix-de-Sorgues. Ainsi, sous l’Ancien Régime, Saint-Caprazy n’apparaît plus que comme une métairie dépendante de Saint-Félix-de-Sorgues. Le lieu reste habité jusqu’à la première guerre mondiale, puis est abandonné à partir de 1949.
Récit d’un sauvetage
Le hameau reste quiescent jusqu’en 2000, année durant laquelle un tourneur sur bois, Bruno Chartier, acquiert le site. Le terrain couvert de végétation ne permettait de voir qu’une seule habitation. Débute alors un débroussaillage intensif durant l’été 2000, grâce à l’enthousiasme de Bruno Chartier qui parvient à mobiliser de nombreux bras. 900 journées de travail permettent de remettre au jour d’autres maisons, visibles sur le cadastre de 1830.
Depuis 20 ans, Bruno Chartier, seul ou avec des amis et parents, s’est attaché à restaurer cet ensemble. Il a d’abord aménagé une habitation, sans dénaturer l’existant. Puis deux autres maisons ont été restaurées. À ce jour, quatre bâtiments ont été sauvés des ruines.
Tous ces travaux ont été réalisés sans l’aide d’entreprises, avec une grande persévérance.
C’est toujours la préservation de ce patrimoine d’exception qui a orienté Bruno Chartier.
Oublié pendant des décennies, le hameau a suscité l’intérêt en 2008 d’un érudit local, Jean Laroze. Constatant que le hameau est mentionné depuis le XIIe siècle, il a contacté le service régional de l’Archéologie. Ce dernier a missionné une archéologue du bâti, Françoise Galès. Des plans et des relevés, une étude du bâti et des recherches historiques complémentaires ont été réalisés. Ils montrent que le hameau conserve six édifices s’échelonnant de la fin du XIIe siècle au XIVe siècle.
Un site remarquable
Un colloque consacré aux édifices domestiques du Moyen Âge en Aveyron (Société archéologique du Midi de la France et Société Française d’Archéologie, 2013) ; des publications scientifiques (Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts en Aveyron, 2014 ; actes du Colloque, à paraître en 2019), ont permis de dévoiler son existence à un public de professionnels du patrimoine qui en confirment l’intérêt exceptionnel, que ce soit pour l’image d’un castrum, mais aussi pour les formes de l’habitat qui s’y est développé, et le statut des hommes qui l’habitaient. Tout récemment, l’association « Les amis de Saint-Caprazy » a été constituée, afin de permettre la sauvegarde et la connaissance de ce lieu par un plus grand nombre, et la mise en route de moyens financiers et humains nouveaux.
Saint-Caprazy, ce site patrimonial remarquable et l’histoire de sa sauvegarde, ont été présentés par la délégation Aveyron et Occitanie Pyrénées de la Fondation du Patrimoine.
Cela a permis de mobiliser l’ensemble des services compétents autour du castrum médiéval de Saint-Caprazy, et permis entre autres au service des Bâtiments de France d’apporter ses avis.
Ce soutien permettra de sauver l’une des maisons du XIVe siècle. Les projets sont relancés.
J'ai déjà un compte
Je me connecteSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?