Cancer du col de l'utérus : l'urgence de recommander le test HPV en première intention

  • Le test HPV est une analyse moléculaire réalisée à partir d'un prélèvement vaginal qui détecte la présence de virus HPV à haut risque.
    Le test HPV est une analyse moléculaire réalisée à partir d'un prélèvement vaginal qui détecte la présence de virus HPV à haut risque. AlexRaths/Istock.com
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Relaxnews

(Relaxnews) - Alors que la Haute Autorité de Santé étudie actuellement la possibilité de recommander le test HPV en première intention pour le dépistage du cancer du col de l'utérus, le collectif "HPV Maintenant !" prévient que chaque jour qui passe équivaut à une perte de chance pour environ 30 femmes de se faire dépister. 

Plus de 3.000 nouveaux cas et de 1.000 décès chaque année. C'est le triste bilan de l'incidence et du taux de mortalité du cancer du col de l'utérus, qui représente la 12e cause de mortalité par cancer chez la femme en France métropolitaine, d'après des données de Santé Publique France. Pourtant, on peut facilement l'éviter avec la vaccination contre les papillomavirus et le dépistage.  

Deux tests de dépistage sont actuellement utilisés en France pour prévenir les papillomavirus humains (HPV) oncogènes : le frottis cervico-utérin et le test HPV. Prescrit tous les 3 ans aux femmes âgées de 25 à 65 ans et remboursé à 100% par la Sécurité sociale, le frottis étudie au microscope les cellules prélevées au niveau du col de l'utérus et détecte des lésions pré-cancéreuses et cancéreuses. Le test HPV, lui, est une analyse moléculaire réalisée à partir d'un prélèvement vaginal qui détecte la présence de virus HPV à haut risque et prescrit en seconde intention, quand l'examen au frottis présente une anomalie.

Si ces deux méthodes de dépistage sont complémentaires, le test HPV offre une plus grande sensibilité que le frottis, qui pour sa part se révélera utile pour confirmer le risque (ou non) de cancer. Une étude publiée en 2018 dans le Journal of the medical association a montré que sur 10.000 femmes, le test HPV prescrit en première intention a permis de déceler un risque de cancer du col de l'utérus chez 32 patientes de plus qu'avec le frottis.

A la lumière de ces données scientifiques, le collectif "HPV Maintenant!" (composé de médecins, de biologistes, de patientes et de proches de malades), exige que le test HPV soit prescrit en première intention. 

Les patientes pourraient faire le test directement à leur domicile

Conformément à un arrêté ministériel daté du 4 mai 2018 relatif à l'organisation du dépistage organisé du cancer du col de l'utérus, le frottis a été gardé en première intention. Pour les fondateurs de HPV Maintenant!, cette décision équivaut à une "perte de chance caractérisée pour plus de 100.000 Françaises appelées à se faire dépister". 

S'il n'est actuellement disponible qu'en laboratoire d'analyse ou chez le gynécologue, le test HPV pourrait toutefois s'effectuer par auto-prélèvement vaginal, grâce à un kit prévu à cet effet envoyé directement au domicile de la patiente. "Une solution pour les 47% de femmes qui ne répondent pas à l'appel du dépistage", considèrent les membres de HPV Maintenant ! 

"Cela fait déjà plusieurs années que j'informe mes patientes de l'existence du test HPV et leur explique qu'il pourrait bientôt passer en première intention. Mais je ne comprends pas pourquoi cela prend autant de temps. Sans compter que le test HPV, qui coûte 27 euros, n'est pas remboursé. Les patientes sont donc méfiantes et préfèrent rester au frottis", déplore Geneviève Daviaud, gynécologue à Saint-Gaudens (Occitanie) et membre fondatrice du collectif. 

"La HAS ne pourra pas faire autrement que de recommander le test HPV en première intention"

La France accuse en effet un sérieux retard, puisque de nombreux pays d'Europe ont adopté le test HPV en dépistage primaire. C'est notamment le cas des Pays-Bas, de l'Italie, de la Belgique, de l'Angleterre et de la Suède. En novembre 2017, la Haute Autorité de Santé (HAS) a dévoilé sa feuille de route visant à réévaluer la place du test HPV. L'instance devait rendre ses conclusions au mois de juillet de cette année.

Contactée en avril dernier par Relaxnews, la HAS avait répondu par email : "Les travaux sur la place du test HPV en dépistage primaire des lésions pré-cancéreuses et cancéreuses du col de l'utérus sont en cours. La validation est prévue d'ici le mois de juillet. Nous ne pouvons donc pas nous exprimer sur le sujet pendant nos phases de travaux comme c'est le cas en général." 

Aujourd'hui, mercredi 10 juillet, la HAS ne s'est toujours pas prononcée. "Pas une publication au monde ne contredit nos revendications. Je pense donc que la HAS ne pourra pas faire autrement que de recommander le test HPV en première intention. Mais quand, comment et sous quelles modalités ? Nous ne le savons pas. Or, chaque jour qui s'écoule correspond à une perte de chance de se faire dépister pour environ 30 femmes. Il y a urgence", estime Richard Fabre, biologiste médical à Toulouse et membre fondateur de HPV Maintenant !

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