Football : Pierre-Olivier Murat espère un maintien rapide de Rodez

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  • Pour Pierre-Olivier Murat  le mercato ruthénois est très cohérent.
    Pour Pierre-Olivier Murat le mercato ruthénois est très cohérent. Repro CPA
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Propos recueillis par Aurélien Parayre

À trois jours du début de la saison, face à Auxerre pour ses hommes, le président du Rodez Aveyron football, qui débute son 13e exercice à ce poste, espère un maintien rapide. Il revient ici sur un mercato animé mais terminé, un budget en nette hausse ou encore la relation avec son coach.
 

LE SPORTIF

Quel regard portez-vous sur la préparation estivale ?
J’en suis très content. J’adore attaquer la saison avec un groupe au complet. On gagne beaucoup de temps. Notamment en termes de cohésion. Et quand on sait que la solidarité du groupe, c’est notre force N°1…

Quel objectif avez-vous donné cette saison en L2 ?
Celui de se maintenir le plus rapidement possible. Après, j’estime qu’un bon départ reste crucial. Ça ne veut pas forcément dire gagner tous les matches, mais avoir déjà du contenu.

Des 15 derniers champions de National, 60 % se sont maintenus en L2 l’année suivante, 13 % sont redescendus et 27 % sont montés directement en L1. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Qu’on a donc 9 chances sur 10 d’être en L2 ou en L1 (rires) ! Cette stat’m’a marqué.

Ça ne peut pas être un objectif avouable. Mais une double montée reste-t-elle dans un coin de votre tête, simplement envisageable ?
Franchement, non. Ce que je sais en revanche, c’est que si on continue à faire ce qu’on sait faire, c’est-à-dire avoir la meilleure équipe et pas les meilleurs joueurs, je sais qu’on sera très solide.

Concernant, les coupes de France et de la Ligue, y a-t-il une volonté présidentielle ?
Non. Pour l’instant, je ne l’ai pas donnée aux joueurs. Je dois les voir cette semaine sur ces deux points justement.

Et ?
(Rires) Pour la coupe de la Ligue, il faut la jouer à fond car les premiers tours sont très tôt et que dans notre machine championnat, ça nous permet d’enchaîner les matches. D’avoir une cohésion et des automatismes.

LE MERCATO

Êtes-vous satisfait de votre mercato ? Est-il terminé ?
Il est terminé, oui. On ne cherche personne d’autre sauf grave blessure. Pour moi, notre mercato est très cohérent de par la personnalité des joueurs qu’on a pris. Notre force, notre type de jeu, c’est d’être solidaire, soudé, hypersolide, agressif. On a ainsi pris des « coureurs », comme dit le coach (Laurent Peyrelade, NDLR). Des « platoches », on n’en a pas besoin ; ça n’entre pas dans notre schéma de jeu.

Peut-on s’attendre malgré tout à une folie de fin d’été ?
Non, non. On a eu la chance de prendre Pape Sané. Car il faut bien se rendre compte que Pape, c’est un miracle qu’il soit ici. C’est un joueur de Ligue 1.

Comment s’est passée sa venue ?
On ne peut pas tout dire (rires). 

Car il a résilié son contrat avec Caen pour venir à Rodez…
De toute façon, sans ça, on ne pouvait pas se le payer. Son transfert de Bourg-Péronnas à Caen (en 2016, NDLR) s’est établi au-delà du million d’euros. Chez nous, c’est impossible. C’est un joueur qui a eu un petit creux en termes de buts la saison dernière, mais il ne faut pas oublier que dans un passé récent, il finit meilleur buteur de National avec plus de 20 buts et il en met 15 la saison suivante en L2. C’est “le” joueur qui nous manquait devant. On a de très bons éléments aussi, mais ils sont jeunes. On a une équipe de gamins, il ne faut pas l’oublier. Des joueurs d’expérience de niveau L2, on compte seulement Poujol, Sanaia, désormais Sané, et basta !

Et des arrivées en prêt ?
Non, mercato terminé, même en gratuit.

Vos derniers mercatos, très réussis, étaient marqués par de nombreux prêts. Pourquoi aucun cette saison ?
On a eu la possibilité d’avoir des joueurs à nous. Et l’économie de la L2, c’est aussi penser qu’il y a 30 % du budget qui va être réalisé dans un futur proche par des transferts. Donc je préfère avoir par exemple Yohan Roche sous contrat chez moi que d’avoir un prêt de Yohan Roche. Tout s’est bien goupillé pour qu’on ait des joueurs à nous.

Justement. Comment fait-on pour ne recruter quasiment que des joueurs libres, pour les faire résilier d’avec leur club ?
On travaille beaucoup, beaucoup. Et en amont. C’est-à-dire novembre de l’année dernière. Ce qui permet de faire un premier lien. Puis d’avancer. On avait déjà une première liste de joueurs en janvier, conforme aux deux options, National ou Ligue 2. Ensuite, ça se déroule naturellement. On a aussi investi dans un logiciel (InStat et Wyscout, NDLR). C’est-à-dire que si on a des vues sur un joueur, on n’a pas besoin de se déplacer, on peut voir tous ses matches, ses stats. C’est beaucoup d’argent, mais aussi un gain de temps. Ça coûte le salaire d’un joueur à la saison de l’année dernière. Mais ça m’en fait gagner trois ou quatre. Et, surtout, ça permet de répondre à votre question.

Y a-t-il des paris au rayon des arrivées ?
Je n’en vois aucun. On n’en a pas les moyens. On a effectivement certains jeunes joueurs plein de talent et qui vont exploser. Dans six jours, un mois, six mois, on ne sait pas. Mais on sait qu’ils ont le niveau. Ce sont les futurs Ugo Bonnet ou Jérémy Mellot.

Le lien avec Grenoble est très fort. La filière a très bien fonctionné (Dieng, Maanane, N’Goy). Ça tient uniquement à l’Aveyronnais ex-dirigeant du Raf et actuel manager du GF38, Max Marty ?
Max, c’est mon témoin de mariage. Mon deuxième père. Donc, oui. Ça tient à notre relation.

Et cela fonctionne malgré le fait que les deux clubs évoluent dans la même division…
Ça ne change pas grand-chose. Déjà, tactiquement, on est aux antipodes. Ça veut dire qu’un joueur ne rentrant pas dans leur cadre, peut rentrer chez nous. Ce n’est pas la même typologie de joueurs. Et ce n’est pas pour ça que ce sont des joueurs de seconde zone. Par exemple, le petit Dieng, ça va être une star. Chez nous, dans notre 3-5-2, c’est top.

Financièrement, entre les achats et les ventes lors de cette intersaison, de quel côté penche la balance ?
Elle est à l’équilibre. C’est-à-dire qu’achats de Yohan Roche et de David Douline d’un côté et vente de Jérémy Mellot de l’autre donnent un résultat neutre.

Donc, au total, seulement deux achats pour une vente…
Vous voulez savoir le montant du transfert de Jérémy (rires). Ce n’est pas possible, je ne peux pas. Mais c’est très simple. Avec l’offre financière (de Guingamp, NDLR) que j’ai sur mon bureau à ce moment-là pour Jérémy Mellot, qui compte zéro matches en L2, il ne faut pas réfléchir. Ça se fait dans la journée.

Le fait d’avoir très peu vendu.
(Il coupe) Non mais il faut comprendre le modèle économique. Aujourd’hui, tu perds très peu de joueurs, tu en vends un, Mellot, et tu fais rentrer 11 gars. Donc tu es armé pour aller à la guerre.

C’est là où on voulait en venir. Parvenir à faire signer autant de joueurs libres, en L2, ce n’est pas le modèle classique.
La LFP nous dit souvent qu’on est un club atypique. Moi, je travaille 24h/24 pour le Raf depuis un an. Ça n’existe pas ailleurs. Si on ne faisait pas le boulot que l’on fait avec Greg (Ursule, manager général, NDLR), il faudrait peut-être quatre ou cinq mecs de plus en administratif, donc autant de moyens en moins sur le sportif. C’est un choix. Je ne suis pas là pour avoir une armée de Mexicains dans les bureaux. On bosse comme des fous et basta ! Et en plus on aime ça (rires). Ici, on préfère avoir des joueurs ou se payer un centre d’entraînement par exemple.

C’est combien d’ailleurs le prix de ce centre ?
300 000 euros. Il sera implanté à Vabre et disponible en septembre si tout va bien. Il fera 400 m2. Ce sera un vrai lieu de vie.

Lors de la reprise de l’entraînement, votre coach nous a répondu « no comment » quand on a voulu savoir s’il avait eu des sollicitations d’autres clubs. Avez-vous dû le sécuriser ?
Laurent était sous contrat.

Jérémy Mellot aussi…
Oui, et on a eu une proposition et on l’a vendu.

Concernant Laurent Peyrelade toujours. Il officie au club depuis quatre ans. Et alors qu’il lui reste encore deux ans de contrat, envisagez-vous de lui proposer une prolongation ?
Mécaniquement, on ne peut pas proposer plus de deux ans, puisque tous les clubs qui montent ont un statut pro probatoire lors des deux premières saisons. La question ne se pose pas.

En tout cas, vous disiez précédemment qu’entre vous c’était limpide.
(Il coupe) Oui. On discute. Quand il a besoin de conseils ou d’avis sportifs, il me demande, j’y réponds. S’il n’en a pas besoin, je n’y en donne pas. Franchement, il est autonome.

Ça veut dire que vous le voyez au club sur du long terme ?
J’espère qu’il restera toute sa vie ici. Après, c’est le football. Demain, s’il a une proposition géniale en L1, il ne sera plus à Rodez. Jérémy Mellot, je pensais que ce serait mon latéral droit pendant 10 ans…

LE BUDGET

Quel est le budget prévisionnel du club cette saison ?
Aujourd’hui, il est à 7,1 M€ (contre 2,3 la saison dernière, NDLR). Comme je suis prudent, il a été monté en projetant une place de premier non-relégable et des éliminations lors des premiers tours des coupes de France et de la Ligue. C’est donc un budget très, très sage.

Et qui compte une licence club qui affiche quel niveau ?
Obtenue. Administrativement, juridiquement, financièrement, médicalement, au niveau de la formation, tout est bon. Pour le reste, ça dépendra un peu des dates d’homologation du stade Paul-Lignon. Il sera aux normes quoi qu’il arrive. Mais c’est le timing qui est important dans ce cas précis. En fonction du nombre de matches que l’on disputera à Toulouse (au Stadium, NDLR), le calcul ne prendra que Paul-Lignon en compte ou fera une moyenne des deux. Si c’est une moyenne, par rapport aux délais, ce sera plus simple.

Cela veut dire que vous avez intérêt à jouer le Rodez - Lens du 8 novembre à Toulouse ?
Aujourd’hui, je suis incapable de donner une réponse. Car je ne sais pas si les homologations administratives à Paul-Lignon auront été données en temps voulu. Reposez la question dans un mois, et ce sera plus précis. Car la date d’homologation, notamment de la vidéo surveillance, est prévue le 1er septembre. Après, on ne dépend plus de la fédé, mais de la LFP. C’est une société privée. Donc elle entend les clubs qui veulent s’organiser. Qui font les efforts pour se mettre aux normes, faire les choses bien…

Pour revenir au budget. Les partenariats privés ont-ils augmenté avec l’accession ?
En pourcentage, c’est plus parlant, du fait de l’augmentation mécanique notamment due aux droits télés que l’on estime à 4,3 ou 4,4 M€. Et c’est 44 % de plus pour le sponsoring privé, oui. On l’avait déjà senti l’an passé, les gens appellent désormais pour être sponsor. La situation s’est un peu renversée.

En ce qui concerne la masse salariale joueurs, elle a aussi dû augmenter mécaniquement de façon sévère ?
Brute, on est à 1,6 M€, hors primes, soit le double par rapport à la saison dernière. Le salaire mensuel moyen en Ligue 2 se situe juste en dessous de 10 000 euros (selon nos informations, il sera cette saison au Raf à 5 500 euros, toujours brut, NDLR). Néanmoins, le top 6 (Lens, Guingamp, Lorient…) fausse ces chiffres. Par exemple, à Lens, un stagiaire pro touche autant qu’un joueur pro chez nous. Mais aujourd’hui, le foot à Rodez, c’est une grosse PME d’une cinquantaine de salariés qui a son siège place de la Cité quand même.

Et en termes de salaires toujours, y a-t-il de gros écarts entre les joueurs ?
Non. C’est conforme à ce que l’on souhaite faire, là aussi. On veut une équipe comme ça (il lie ses mains avec force). On ne peut donc pas avoir d’écart de plus de 20 ou 25 % en haut et en bas.

Selon vous, Rodez et son bassin économique sont-ils taillés pour accueillir un club de façon pérenne en L2 ?
Avec notre fonctionnement actuel, oui. L’économie de la L2 est très différente de celle du National. Par exemple, notre sponsoring privé représente “seulement” 7 % du budget. Ce n’est ainsi pas le bassin économique qui fait la différence. En revanche, très bien recruter, comme on sait le faire, fait des différences. Sortir des jeunes joueurs de chez nous et faire des ventes aussi. Si on continue comme cela, on peut rester en L2, car petit à petit, on aura aussi des résultats générateurs de droits.

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