La construction de logements garde sa tendance au repli, malgré une amélioration ponctuelle

  • Entre avril et juin, les mises en chantier, qui témoignent du niveau réel de la construction, ont reculé de 7,9%, une évolution semblable au précédent trimestre, à 95.300 logements commencés.
    Entre avril et juin, les mises en chantier, qui témoignent du niveau réel de la construction, ont reculé de 7,9%, une évolution semblable au précédent trimestre, à 95.300 logements commencés. BrianAJackson / Istock.com
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Relaxnews

(AFP) - La construction de logements, qui décline depuis une grosse année en France, a connu quelques signes d'amélioration au second trimestre, en premier lieu pour les maisons, mais cela ne laisse pour l'heure pas présager d'inversion durable de la tendance.

"Les chiffres restent honorables, ce sont des niveaux tout à fait bons, mais il y a quand même un repli continu depuis un an et demi", a résumé à l'AFP Olivier Eluère, économiste spécialiste de l'immobilier au Crédit Agricole. "Autant l'ancien marche très bien, autant le neuf est en léger tassement depuis quelques trimestres."

Publiés lundi par le ministère de la Cohésion des territoires, les chiffres trimestriels de la construction de logements confirment la tendance: entre avril et juin, les mises en chantier, qui témoignent du niveau réel de la construction, ont reculé de 7,9%, une évolution semblable au précédent trimestre, à 95.300 logements commencés.

A ce niveau, la construction de logements reste bien au-dessus de son dernier gros creux, en 2015, mais son recul s'inscrit de plus en plus dans le temps, pour des raisons multiples selon les types de zones et de logements.

Les experts évoquent en particuluer le cas des "zones tendues", qui comprennent notamment les principales métropoles françaises, des endroits où les pouvoirs publics considèrent le marché déséquilibré. C'est là que se concentrent les promoteurs, qui construisent les immeubles, et font, effectivement, état depuis des mois de leurs difficultés à lancer des projets.

"Ca baisse en zones détendues parce qu'il y a moins de demande", mais aussi "en zones tendues parce qu'il y a une faiblesse de l'offre", a souligné M. Eluère. "C'est long et difficile de lancer de nouveaux projets en zones tendues, notamment parce qu'il y a une rareté du foncier."

"La production est compliquée", avait regretté fin mai Marc Villand, vice-président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), lors de la présentation d'un bilan trimestriel, selon qui les prochaines élection municipales "sont un frein puissant."

Les promoteurs mettent en effet l'accent sur la timidité des élus à octroyer des permis de construire à l'approche des élections de 2020, un phénomène classique mais qu'ils craignent particulièrement cette fois.

"Ces élections municipales vont peser encore plus que les autres", avait jugé M. Villand, citant notamment la multiplication des listes des candidats, de nature à inciter à une surenchère politique.

- Effet d'aubaine -
Du côté des zones détendues, où ce sont les maisons qui dominent, la situation est différente. Là, les professionnels, qui ont déjà subi un net recul des ventes l'an dernier, y voient les conséquences de la fin programmée d'aides publiques dans ces régions.

C'est, en particulier, le prêt à taux zéro (PTZ) qui doit être supprimé l'an dernier en zones détendues, alors qu'il a déjà été rendu nettement moins intéressant.

"Le dynamisme du crédit immobilier ne doit pas faire oublier le rôle décisif des aides publiques pour le secteur du logement, notamment celles dédiées à l'accession à la propriété des ménages modestes", avait estimé en mai Grégory Monod, président des Constructeurs et Aménageurs (LCA), principale fédération des constructeurs de maisons.

Pourtant, la construction de maisons devrait dans l'immédiat connaître des jours meilleurs: les permis de construire, indicateur du niveau à venir, s'y sont redressés au second trimestre.

Ce rebond - ainsi que les projets de résidences gérées, marché en plein essor mais à la taille réduite - permet à l'ensemble des permis de construire de logements de s'inscrire à un niveau semblable à un an plus tôt, mettant fin à plusieurs trimestres de baisse, à 111.800 futurs logements.

Pour autant, il est difficile d'y voir pour l'heure une inversion durable de tendance: les permis restent en net déclin pour les immeubles et, en ce qui concerne les maisons, l'amélioration risque de n'être que ponctuelle.

"Comme le PTZ ne sera plus du tout éligible à partir de 2020 (en zones détendues), cela peut expliquer qu'il y ait un effet d'aubaine pour construire des logements individuels avant que ça s'arrête", a prévenu M. Eluère. "En 2020, il peut y avoir une baisse marquée."

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