Villefranchois : la randonnée des sources
Centre Presse et la Fondation du Patrimoine vous invitent dans l’Ouest Aveyron pour vous abreuver de la riche histoire de l’eau que recèle cette partie du département. Vous apprendrez ainsi, qu’une citerne de 50 m3 permettait À la forteresse royale de Najac de tenir un siège. Alors n’hésitez pas à vous mouiller pour en découvrir plus.
Dès les premières formes de vie sur Terre, l’eau constitua un élément indispensable pour le développement de la faune et de la flore. Aujourd’hui, seulement 3 % de cette ressource est potable et permet d’alimenter à la fois les plantes, les animaux et les hommes. Dans l’Ouest-Aveyron comme ailleurs, il fut nécessaire que les populations l’apprivoisent pour se faciliter l’existence.
Il y a près de 280 millions d’années, le paysage de la région était très différent de celui que l’on connaît actuellement. Le Ségala était une terre émergée alors que les Causses étaient recouverts d’un immense océan dont les eaux se retirèrent au fil du temps dans les entrailles de la terre. Villefranche-de-Rouergue se situait donc à l’exact emplacement d’une vaste plage.
Rivières souterraines
Désormais, à la frontière entre le Ségala, terre de schiste et de granit, et les Causses, terre de calcaire et de grès, l’eau se fait assez rare en surface, en dépit de la présence de nombreux ruisseaux, étangs et résurgences. La ressource aquatique reste toutefois fortement présente dans le sous-sol, comme en témoigne le vaste réseau de rivières souterraines qui sillonnent le territoire.
D’ailleurs, une citerne de 50 m3 permettait à la forteresse royale de Najac de tenir un siège de même qu’une rivière coule directement à l’intérieur de l’église Saint-Jean l’Évangéliste.
Cette singularité des sols se retrouve sur les deux principales fontaines monolithiques de Najac et de Villefranche-de-Rouergue, la première ayant été taillée dans le granit sur un socle schisteux alors que la seconde fut confectionnée dans le grès sur un sol calcaire. Cette dernière est tout à fait singulière puisque sa structure enterrée permettait aux hommes de s’alimenter en eau sans que les animaux ne viennent la souiller.
Activité artisanale
Contrairement aux voies d’eau du Lot et du Tarn qui accueillaient un flot interrompu de gabares, la rivière Aveyron ne fut jamais utilisée comme une grande voie navigable. Cependant, elle permit le développement d’une intense activité artisanale avec des tanneurs, des peaussiers, des filassiers, des flassadiers, des cordiers, des forgerons, des tisserands, des taillandiers ou encore des tonneliers. La force hydraulique était également exploitée pour actionner les moulins, avec pas moins d’une vingtaine d’entre eux relevés à Villefranche-de-Rouergue entre la fin du XIVe siècle et le début du XXe siècle.
Si l’essentiel de ces équipements étaient voués à la production de farine, certains participaient également à la fabrication d’huile de noix, la confection de draps, ou encore le broyage des écorces de chêne pour produire du tan. D’autres étaient aussi utilisés pour fabriquer de la pâte à papier, actionner des scies destinées à débiter des planches de bois et battre des pastels de cuivre voués à la conception de chaudrons et d’ustensiles de cuisine. Plusieurs furent plus tard reconvertis et assurent aujourd’hui la production d’électricité, à l’image de l’ouvrage du Teulel en aval de la bastide villefranchoise.
Aqueducs et lavoirs
D’autres petits éléments de patrimoine bâti édifiés autour de l’exploitation et l’acheminement de l’eau sont présents en abondance dans l’Ouest Aveyron. Sources, puits, aqueducs, lavoirs et château d’eau constituent autant de témoignages qui attestent d’une volonté de l’État d’améliorer l’hygiène des populations dès la fin du XIXe siècle. En effet, la loi de 1851 incita les communes, par un crédit, à se doter d’équipements telles que le lavoir de Couderc à Monteils. Sur cet édifice, les larges bords plans et lisses des bassins facilitaient le savonnage et le brossage du linge. Le bac supérieur de la fontaine était destiné au rinçage du linge, les suivants permettaient le lessivage, tandis que le plus éloigné pouvait parfois servir au lavage de la laine. Un autre lavoir remarquable peut être observé sur le causse d’Ambeyrac, à proximité d’une magnifique fontaine et d’une belle mare. Comme en atteste le linteau, ce dernier fut offert par la famille Cibiel, propriétaire de l’abbaye de Loc-Dieu et de la forteresse royale de Najac. À Villeneuve-d’Aveyron, le lavoir de Ginals occupa quant à lui un rôle clef dans l’histoire religieuse de la région puisque c’est autour de cet édifice que sainte Émilie de Rodat se ressourçait et méditait tout en profitant des merveilles de la nature. Édifié à la même époque, le château d’eau de Martiel atteste pour sa part de la nécessité de consolider l’alimentation en eau des populations mais aussi de répondre aux besoins d’approvisionnement des locomotives à vapeur.
Pêche et canoë
Avec l’essor de l’économie touristique, les cours d’eau et les lacs furent réaffectés vers de nouvelles fonctions dès les années 1980. Ils permettent aujourd’hui la pratique de nombreuses activités de pleine nature telles que le canoë-kayak sur les gorges de l’Aveyron, ou encore la pêche sur les plans d’eau de Bannac (Martiel) ou de Saubayre (La Fouillade).
Serpentant sur 14 kilomètres autour de Villefranche-de-Rouergue, la randonnée des Sources propose d’appréhender l’importance de cette denrée précieuse au fil des siècles et offre la possibilité d’observer de multiples aqueducs tout le long du circuit.
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