La forteresse de Najac veille toujours sur le Rouergue

Abonnés
  • Durant quinze jours, Rodez  et les berges de Layoule auront un tout petit air de station balnéaire pour les enfants !
    Durant quinze jours, Rodez et les berges de Layoule auront un tout petit air de station balnéaire pour les enfants ! Repro CPA
  • Durant quinze jours, Rodez  et les berges de Layoule auront un tout petit air de station balnéaire pour les enfants !
    Durant quinze jours, Rodez et les berges de Layoule auront un tout petit air de station balnéaire pour les enfants ! Repro CPA
Publié le
R.B.

La forteresse de Najac occupe, depuis 900 ans, le sommet d’un éperon rocheux particulièrement abrupt dominant une boucle de l’Aveyron. Sa silhouette caractéristique se repère à des lieues à la ronde, témoin immuable de l’intérêt des hommes pour cet endroit qui fut longtemps stratégique.

Difficile de rester insensible à la vue de la forteresse de Najac. Massif et aérien, le château en impose toujours malgré les effets du temps qui passe. C’est dire l’impression que sa vision procurait aux voyageurs de passage, au Moyen Âge, au temps de sa splendeur. Posée tel un aigle sur son éperon rocheux, la forteresse a traversé près de 900 ans d’histoire. Des petites histoires mais surtout des grandes. De celles qui s’écrivent avec un H majuscule, comme l’Histoire de France.
Car le monument, aujourd’hui (comme hier) célèbre dans tout le Sud-Ouest, a été construit pour défendre le Rouergue lorsque les comtes de Toulouse ont choisi Najac pour en faire la capitale du Bas Rouergue.

Point principal de la ligne de défense le long de l’Aveyron

C’était au début du XIIe siècle. À l’époque, une première forteresse, de facture simple et carrée, est bâtie, à l’emplacement d’une vieille tour seigneuriale. Najac, qui compte alors plus de 5 000 habitants, devient la position principale de la ligne de défense construite le long de l’Aveyron. En 1249, à la mort du comte Raymond VII, son gendre Alphonse de Poitiers, frère du roi Saint-Louis, lui succède. La région, avec Najac, se soulève pendant quelques mois.
Le nouveau comte décide alors, pour asseoir son pouvoir et montrer sa puissance, sans regarder à la dépense, de renforcer considérablement l’ouvrage militaire existant. Tout un art subtil de la défense… Le chantier est lancé en 1253, au milieu d’un siècle qui a porté très haut l’art militaire. Deux mille ouvriers y travaillent. En moins de 10 ans va surgir, sur cet éperon étroit et escarpé, la forteresse imprenable. Les murailles dépassent les échelles possibles, les tours fondées sur le roc découragent la sape, les archères hautes de 6,80 m - elles sont les plus longues du monde - permettent de battre toutes les directions.
Le donjon, haut de près de 40 mètres est le symbole du pouvoir d’Alphonse de Poitiers sur le Comté de Toulouse. Tous les stratagèmes sont mis en œuvre pour tenir tête à un assaillant. Le plan de repli vers le haut du donjon combine tous les pièges. La qualité de la maçonnerie permet toutes les finesses, souvent discrètes, que les guides se font un plaisir de faire découvrir.

De forteresse royale, elle devient prison jusqu’à la Révolution

Après la guerre de Cent Ans, la forteresse royale n’a guère servi que de prison jusqu’à la Révolution : Templiers, puis Croquants en 1643, y furent enfermés. Vendue comme bien national, elle fut exploitée partiellement en carrière de pierres. Rachetée en 1906 par Alfred Cibiel, la forteresse est sauvée de la ruine et appartient aujourd’hui à la même famille. Le donjon resté intact, avec trois salles superposées de belle facture gothique, impressionne. À mi-hauteur, la chapelle Saint-Julien montre des restes de fresque du XIIIe siècle et de nombreuses marques de compagnons. Un passage secret dans l’épaisseur de la muraille la relie à la chambre du Gouverneur qui commandait le cellier.
Après avoir gravi les 119 marches de pierre de l’escalier en colimaçon, le visiteur parvenu sur la terrasse découvrira un magnifique panorama sur l’Aveyron et le village. Une imposante maquette, avec des personnages à l’échelle, permet de prendre la mesure de la politique de dissuasion mise en œuvre dans la région par Alphonse de Poitiers. La forteresse de Najac est aujourd’hui le monument historique privé le plus visité dans la région Occitanie.
Pour mémoire, la forteresse a été bâtie en deux temps. En 1100 d’abord, la tour carrée qui avait pour but de protéger le village. De la seconde époque, de 1253 à 1263, date le donjon. Haut de 40 mètres, il est l’œuvre d’Alphonse de Poitiers.

Un donjon à 60 millions d’euros

Doté des dernières avancées techniques de l’art militaire, sa construction a coûté à l’époque la bagatelle de 16 000 livres tournoi, soit 60 millions de nos euros actuels.
Le site même, au sommet d’un éperon rocheux aux pentes escarpées rend la place inabordable. C’est du sommet du donjon dont les murs à la base font 2,40 mètres d’épaisseur qu’est récupérée l’eau de pluie qui va alimenter une citerne de 50 m3. Pour servir ce redoutable vaisseau, de 30 à 200 personnes étaient nécessaires en fonction des circonstances. Une fois sur place, difficile de ne pas visiter le village et les monuments médiévaux qui s’y rattachent. Et plus particulièrement l’église Saint-Jean-l’évangéliste, bâtie au XIIIe siècle, sous le château, au début du village de Najac.
L’église Saint-Jean est la première église gothique du Rouergue (gothique méridional). Elle fut bâtie sur le reste des fondations de l’église Saint-Martin (XIe siècle). La nef unique, large et haute, était adaptée au prêche, aux réunions publiques et à l’accueil des pèlerins qui pouvaient y contempler des reliques.
Cette église possède deux belles pièces d’orfèvrerie : une croix processionnelle d’argent doré, ornée de filigranes, un curieux chandelier du Moyen Âge, mais aussi un magnifique christ de l’école espagnole du XVe siècle avec la vierge et Saint-Jean, ainsi qu’un beau Saint-Pierre assis. L’édifice dispose également de ses propres réserves d’eau.
Une source qui, même au plus fort de la canicule en 2003, ne s’était pas tarie.

Horaires et tarifs

Jusqu’au 31 août la forteresse royale de Najac est ouverte à la visite tous les jours de 10 h 30 à 19 heures, sauf le mercredi de 10 h 30 à 20 heures. Dernière entrée visiteur 1/2 heure avant la fermeture du site. Du dimanche 1er septembre au dimanche 3 novembre, le château se visite tous les jours de 10 h 30 à 13 heures et de 15 heures à 17 h 30.
Tarifs
Visite libre adulte individuel : 6 €
Visite libre enfant individuel, Tarif enfant jusqu’à 16 ans - gratuit pour les moins de 7 ans : 4,50 €
Visite libre groupe adulte, groupe à partir de 10 personnes : 4,50 €.
Visite libre groupe enfant, groupe à partir de 10 personnes : 4,50 €.
Visite guidée adulte individuel : 6 €.
Visite guidée enfant individuel, tarif enfant jusqu’à 16 ans - gratuit pour les moins de 7 ans : 4,50 €.
Visite guidée groupe adulte, groupe à partir de 10 personnes : 4,50 €.
Visite guidée groupe enfant, groupe à partir de 10 personnes : 4,50 €.
Plus de renseignements au 05 65 29 71 65 ; adresse mail : forteressedenajac@wanadoo.fr

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?