Rodez. Deux équipages aveyronnais ont fait cause commune au cours de l’europ’raid

Ils sont nés en 1989. Les trois à Villefranche-de-Rouergue. Et, pour souffler leurs trente bougies, ces trois amis d’enfance s’étaient lancé un défi : "Faire quelque chose de fort et magique pour marquer nos vies. Et, de préférence, en joignant l’utile à l’agréable" (lire L’Aveyronnais du 28 juillet). Ce cadeau original a pris la forme d’une participation à l’Europ’Raid, l’unique raid humanitaire, culturel et sportif organisé sur le Vieux continent, durant trois semaines, à travers vingt pays et avec 10 000 kilomètres à couvrir. Le tout au volant d’une 205 (modèle de voiture imposé). Avec 480 000 bornes et 33 ans au compteur, leur monture était… plus vieille qu’eux ! Adeline Cabot-Mayan, Kevyn Coulom-Souyri et Gwen Le-Roux viennent tout juste de rentrer de la 6e édition de cet Europ’Raid (départ donné de La Roche-sur-Yon, arrivée jugée à Beauvais), après avoir parcouru la France, la Suisse, l’Italie, l’Autriche, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, le Monténégro, l’Albanie, la Grèce, la Macédoine du Nord, la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, la Slovaquie, la Tchéquie, la Pologne, l’Allemagne, les Pays-Bas et, enfin, la Belgique. Si les Villefranchois ont retrouvé leur quotidien professionnel, respectivement à Toulouse, Paris et Cannes, force est de reconnaître qu’ils sont encore tout chamboulés, avec pas mal de trémolos dans la voix. "C’est un très beau cadeau pour nos trente ans mais c’est très compliqué de le raconter, confirme Gwen Le-Roux, peut-être la plus sensible. C’est indescriptible en quelques mots mais c’est sur qu’on a beaucoup de chance d’avoir vécu ça".

Elle développe : "Il y a eu tellement de choses, on a été de surprise en surprise, mais tout a passé très (trop) vite. La ligne d’arrivée franchie, j’avais l’impression qu’on était partis la veille". Si elle a apprécié "la cohabitation et la belle santé de la voiture", elle n’oubliera pas "la traversée du Monténégro", avec "un sentiment de liberté totale et aussi de déconnexion complète". Quant à Adeline Cabot-Mayran, dont "le défi personnel" a été de "me laisser conduire", la réaction est "très forte" : "C’est une aventure merveilleuse, notamment sur le plan humain". Elle poursuit : "Il y a eu des rencontres magiques qui ont donné une tout autre couleur à notre périple.

Au-delà de ce qu’on imaginait". Et de conclure : "ça a été très dur de se quitter. On a tout partagé, comme dans une famille. Je ne m’attendais pas à ça !".

"Une aventure humaine incroyable. Fabuleux !, surenchérit Kevyn Coulom-Souyri. De sacrées découvertes au niveau des modes de vie, de la culture, de la religion.

Si c’était à refaire, je repars avec les mêmes personnes, la même tente et la même voiture ». La 205 a tenu le choc avec « aucun souci en 10 000 kilomètres ». Comme pour ses deux camarades féminines, « le retour à la réalité a été très difficile ». S’il a pris plaisir lors de l’action humanitaire (70 kilos de fournitures scolaires offertes, photo ci-contre), qui a eu lieu, pour eux, à Karlovo en Bulgarie (« C’était court mais intense »), Kevyn Coulom-Souyri n’a pas la moindre hésitation quand il s’agit de formuler son meilleur souvenir personnel : « Le moment où on a décidé, sans se concerter, de garder Théo. Non, il ne repartira pas. Il finira l’aventure avec nous ». Mais, qui est donc ce Théo ?

« Même les moments de galère  sont devenus de supers souvenirs ! »

Les trois Villefranchois n’étaient pas les seuls Aveyronnais
à s’élancer sur cette 6e édition de l’Europ’Raid. Ils ont ainsi découvert, au moment du briefing de départ, qu’il y avait ainsi une seconde 205 (grise, avec 204 000 kilomètres au compteur) frappée du 12 sur la plaque d’immatriculation. à l’intérieur, des passionnés d’automobile, ayant tous participé au 4L Trophy et à des rallyes sur asphalte :  Aurélia Pailloux (Rieupeyroux, 26 ans), Mathieu Lacout (Rignac, 26 ans) et son petit frère Théo (Rignac, 20 ans). Après trois jours à s’apprivoiser, à faire plus ample connaissance à distance, les deux équipages ne se sont plus quittés. Et quand, deux heures avant de rallier l’aéroport de Ljubjana (Slovénie) pour rentrer en France pour laisser sa place à Caroline Puel (Onet-le-Château, 28 ans), qui n’avait pu être disponible plus tôt à cause de partiels au Portugal (elle fait des études de kiné), Théo Lacout a été sauvé par la célèbre solidarité aveyronnaise. Il a ainsi changé de voiture pour s’installer dans celle des trentenaires de la Perle du Rouergue. à partir
de là, ils ont écrit un nouveau tome du « Club des sept » !
« Je suis un peu fatiguée mais ravie, assure Aurélia Pailloux. C‘est incroyable ce qu’on a vécu,  ce qu’on a partagé. Par exemple, c’est fou de se dire qu’on a fait le tour de l’Europe en 205. Même les moments de galère sont devenus de supers souvenirs ! ».