Dans les entrailles de la centrale de Montézic

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  • Une "cathédrale" longue de 142 mètres, haute de 35 mètres et large de 25 mètres.
    Une "cathédrale" longue de 142 mètres, haute de 35 mètres et large de 25 mètres. José A. Torres
  • Denis Cambon (à gauche), responsable de la centrale, et Cédric Jammet, responsable de l’équipe d’intervention mécaniquede Mur-de-Barrez, dans le stator entièrement rénové.
    Denis Cambon (à gauche), responsable de la centrale, et Cédric Jammet, responsable de l’équipe d’intervention mécaniquede Mur-de-Barrez, dans le stator entièrement rénové. José A. Torres
  • Avec ses 920 mégawatts, la centrale de Montézic est le deuxième site de production hydraulique le plus puissant de France.
    Avec ses 920 mégawatts, la centrale de Montézic est le deuxième site de production hydraulique le plus puissant de France. José A. Torres
  • Les visiteurs accèdent au coeur de la centrale, au bout d’un long tunnel emprunté à bord d’un monospace électrique.
    Les visiteurs accèdent au coeur de la centrale, au bout d’un long tunnel emprunté à bord d’un monospace électrique. José A. Torres
Publié le
Paulo Dos Santos

Cette année, EDF Hydro réalise un chantier important de maintenance au cœur de la centrale hydroélectrique située sur la Truyère, au nord du département.

Au bout d’un long tunnel emprunté à bord d’un monospace électrique (forcément), les visiteurs découvrent une véritable "cathédrale" longue de 142 mètres, haute de 35 mètres et large de 25 mètres. La centrale hydroélectrique de Montézic, nichée au creux des gorges de la Truyère dans le nord du département, est implantée à 400 mètres sous terre dans un massif granitique. Avec ses 920 mégawatts – en comparaison, une centrale nucléaire est à 860 MWe en moyenne –, elle est le deuxième site de production hydraulique le plus puissant en France. À plein régime, elle produit annuellement la consommation d’environ 600 000 habitants.

Là, donc, dans cette fameuse "cathédrale" au ciel étoilé, vingt-deux agents œuvrent au quotidien à son exploitation. Depuis quelques mois, néanmoins, ces derniers ne sont pas les seuls à montrer patte blanche pour y entrer – le site est soumis au dispositif Vigipirate "sécurité renforcée-risque d’attentat". Comme cela a pu être réalisé en 2015 et en 2016, un groupe de production (il en existe quatre d’une puissance chacun de 230 mégawatts) est entièrement rénové, du palier supérieur à l’aspirateur, soit une trentaine de mètres d’éléments (stator, rotor, arbre de transmission, turbine…).

Des travaux à 5 M€

"Depuis 1982, date de la mise en service, ces opérations n’avaient jamais été programmées, explique Denis Cambon, le responsable de la centrale. Nous menons très régulièrement des travaux de maintenance ; mais de A à Z comme cela, c’est inédit. Nous tournons donc sur “trois pattes” mais cela ne pose aucun souci de production."

Pour ce chantier de près d’une année, qui devrait normalement se terminer en novembre, dont le coût se monte à 5 M€, EDF Hydro a fait appel à l’équipe d’intervention mécanique de Mur-de-Barrez, dirigée par Cédric Jammet. Celle-ci est en lien étroit avec le centre d’ingénierie hydraulique de Brive. "Ce démontage, et remontage, nécessite certaines compétences que nous avons également trouvées hors EDF, souligne le chef du site. Du coup, nous avons mobilisé une cinquantaine d’entreprises spécialisées dans différents domaines, comme pour l’alternateur, mais également des sociétés locales de chaudronnerie, de génie civil, de mécanique générale, d’usinage… En revanche, la turbine a rejoint les ateliers d’EDF à Albertville et le robinet sphérique ceux d’Ambazac, proche de Limoges."

Rien n’est laissé au hasard

Pièce après pièce, calibrage après calibrage, le groupe de production n°1 retrouve peu à peu sa taille initiale. "Un relevé exact des différents paramètres de la machine en fonctionnement a été réalisé en amont du chantier, met en avant Cédric Jammet. Rien ne doit être laissé au hasard. De toute façon, une fois remonté, le groupe de production passe entre les mains des experts avant sa mise en service. Et même si certaines pèsent plus de 200 tonnes telles que le stator et le rotor, la précision est une valeur sûre de son fonctionnement."

Avec parfois l’emploi d’une technique ancienne qui a fait ses preuves au sein d’un site pourtant bourré de technologies. Pour éviter que le rotor (4,35 mètres de diamètre) percute le stator, huit mécaniciens se répartissent autour de la pièce pour jauger tout au long de l’opération le maintien d’un écart suffisant entre les deux. Chaque opérateur utilise une longue cale en bois pour aider au guidage du rotor. Lorsqu’une se coince, l’opérateur alerte le chargé de la manœuvre qui procède au recentrage du mobile. Une procédure à renouveler en 2020 pour la rénovation du dernier groupe de production.

Comment cela fonctionne depuis 1982…

Le site de Montézic, créé en 1982 après un chantier de six ans, a la particularité d’être l’une des six stations de transfert d’énergie par pompage (Step) en France. Cette dernière fonctionne en circuit fermé entre la retenue supérieure de Montézic, créée par l’élévation de deux digues, et la retenue inférieure de Couesques. La force de l’eau du bassin supérieur est utilisée pour entraîner les turbines et fournir de l’électricité aux heures de forte consommation ; l’eau rejoignant alors la rivière Truyère et la retenue du barrage de Couesques en aval. Aux heures de faible consommation, l’eau est pompée par ces mêmes turbines dans le sens de rotation s’inverse, pour être remontée dans la retenue supérieure. Le stock d’énergie potentielle est ainsi reconstitué indéfiniment.

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