Millau : balades dans les pas d’un archéologue

  • Visite du site archéologique de la Granède, sur les hauteurs.
    Visite du site archéologique de la Granède, sur les hauteurs. Repro CP - ML
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CPA

Sur les hauteurs, un circuit familial permet de comprendre le passé de Millau et du plateau du Larzac.
 

Dénicher des trésors enfouis, plonger ses yeux dans des panoramas à couper le souffle, tout savoir du patrimoine et du passé commercial de Millau et ses environs… C’est de tout cela, et bien plus encore, dont il est question à travers la balade archéologique proposée chaque vendredi matin par l’office de tourisme Millau grands causses.

On y apprend tout, ou presque, sur le passé du territoire. Le cheminement commence par l’histoire géologique du causse, pour tenter de comprendre comment les hommes ont appris à vivre sur ce plateau calcaire dépourvu d’eau. Posés dans l’herbe, à quelques mètres d’une maison rénovée avec son toit de lauzes caractéristiques, les visiteurs se laissent bercer par la voix de Sandra, leur guide. "Les hommes se sont adaptés à leur milieu. À savoir un plateau sans rivière, où la ressource en eau est très précieuse." Et d’expliquer les systèmes de récupération d’eau sur ces maisons en pierres calcaire. Les plus anciennes remontent au XVIIe siècle. "Vous avez toute une architecture de l’eau", indique-t-elle du doigt, en montrant à ses hôtes, sur un dépliant, une lavogne encerclée de brebis.

Du pastoralisme à la ganterie, en passant par la céramique sigillée

Tranquillité et culture donnent le tempo de la visite. L’exposé dévie très vite sur l’agro-pastoralisme. "Tout, ici, rappelle que nous sommes un pays agricole centré autour de la brebis." Face à des visiteurs aux yeux et aux oreilles grands ouverts, la guide explique comment les cazelles, drailles, jasses et autres buissières ont façonné le territoire des causses, justement classé Unesco au titre de Paysage culturel de l’agro-pastoralisme méditerranéen. "Une agriculture encore très présente aujourd’hui", ajoute-t-elle. Au fil des mètres de balade, on continue de remonter le temps. Les marcheurs en apprennent plus sur le passé potier de Millau. On fait alors un détour imagé vers la Graufesenque, site archéologique gallo-romain, haut lieu de la fabrication de céramique sigillée distribuée dans tout l’empire romain, du Ier au IIe siècles de notre ère. "Nous sommes situés à la bordure d’un ancien axe commercial très important, la voie domitienne qui va jusqu’en Italie. Autrefois, on appelait ce site Condatomagus."

La virée se poursuit à pied jusqu’au site archéologique de l’oppidum de la Granède.

Sur les hauteurs de Millau, Sandra mène les participants en bordure du Larzac, sur ce village fortifié apparu bien avant la création de Condatomagus (IXe siècle avant J.-C.). Des murailles, dont on devine l’imposante épaisseur, y ont été érigées à trois périodes distinctes, de l’Âge du Bronze (1 000 ans avant J.-C.) au Ve siècle de notre ère. Entre anecdotes, morceaux d’histoire, notamment sur la célèbre ganterie millavoise, mais également récits de découvertes, la guide plonge les visiteurs dans un passé qui semble tout à coup plus proche de nous.

Comprendre le travail d’archéologue

Elle explique, aussi, comment les archéologues travaillent sur un site comme la Granède. "Le travail d’archéologue, c’est d’abord un long travail de prospection, avant les fouilles et l’étude des objets retrouvés", précise la guide, qui liste le très grand nombre d’objets retrouvés sur place (aiguille, fibules, pointe de flèche, bijoux, fragments de statuettes, médaillon et autres petits objets décoratifs).

Le public s’amuse alors à scruter et manipuler les fragments de céramique qui foulent cette terre, laquelle finit par ne plus avoir aucun secret pour ces gens de passage. La faune et la flore ne sont pas oubliées, au cours de cette découverte tout aussi originale que pédagogique. On ne voit pas passer les trois heures de balade…

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