Le sanglier plus que jamais dans le viseur des chasseurs
À quelques heures de l’ouverture de la chasse les 11 000 adeptes aveyronnais sont invités à se lancer aux trousses d’un animal qui cause d’importants dégâts dans les cultures.
Véritable épée de Damoclès sur la tête des chasseurs, le remboursement aux agriculteurs des dégâts causés par les gros gibiers, les sangliers notamment, sur les cultures, pèse de plus en plus lourds dans le budget des fédérations départementales de chasse. "Il nous faut trouver de nouvelles sources de financement car à ce rythme on ne va plus y arriver", a prévenu hier le président de la fédération de l’Aveyron à quelques heures de l’ouverture de la chasse. D’autant que si le paiement du permis de chasse départemental permet de financer une partie de ces dégâts, la sortie du nouveau permis de chasse national à 200 € ne les prends plus en compte. Pour info, l’an dernier, au niveau national, le montant total des remboursements s’est chiffré à 50 millions d’euros. "Et l’on ne parle là que des sommes remboursées, car si l’on additionne le coût du travail réalisé par les techniciens de la fédération chargés d’aller sur le terrain pour constater et chiffrer les dégâts on peut pratiquement doubler ce montant", a précisé le patron des chasseurs aveyronnais.
14 000 sangliers prélevés
L’Aveyron, où l’enveloppe de remboursement liée à ces dégâts – 232 339 € l’an dernier – a beaucoup baissé par rapport à la saison précédente – 367 715 € – alors que dans certains départements les montants remboursés ont été multipliés par 40. "C’est énorme", a analysé Jean-Pierre Authier.
"Nous sommes parvenus à baisser ce montant en augmentant les prélèvements de sangliers sur le terrain. Près de 14 000 ont été tués la saison dernière, alors qu’il y a moins de 10 ans on en prélevait entre 5 000 et 6 000 par saison", a indiqué de son côté le vice-président Jean Lapeyre.
"La pression sur les sangliers va encore s’accentuer cet automne avec les battues. Mais cela ne devrait pas suffire", a-t-il prédit en misant sur les rencontres programmées fin octobre au niveau national pour réfléchir à de nouvelles pistes de financement et d’actions aux côtés de toutes les parties prenantes (syndicats agricoles, État, chasseurs…). "Après tout, on ne voit pas pourquoi nous serions les seuls à devoir payer pour les dégâts causés par les sangliers", a lâché le représentant des 11 000 chasseurs aveyronnais. Malgré une légère baisse (1,5 % par rapport au précédent exercice) des effectifs, les responsables de la fédération de l’Aveyron ont de bonnes raisons d’être optimistes puisque les effectifs ont tendance à se rajeunir au sein des 540 sociétés de chasse aveyronnaises. Il faut dire qu’en rajeunissant une partie de son bureau la fédération a montré l’exemple. Et c’est sans compter les différentes actions qui sont menées au quotidien sur le terrain pour éduquer et former les plus jeunes.
Comptage et réintroduction de la perdrix rouge
À l’image du sentier ludo-pédagogique de la Gachoune, qui sera bientôt inauguré du côté de Rodelle. Sans oublier les nombreux chantiers ouverts par la fédération pour restaurer le milieu et garantir un environnement saint aux différentes espèces amenées à le repeupler. Comme sur le causse comtal où les perdrix rouges devraient bientôt être de retour grâce aux travaux mener en amont par la fédération en partenariat avec des associations environnementales. La fédération travaille également sur un gros projet lié au cerf en partenariat avec l’Inra et les fédérations des départements du Tarn et de la Lozère. "Notre objectif c’est de définir les effectifs réels mais aussi de tout connaître de l’animal. Pour cela, dix cerfs par département seront équipés de collier GPS. Nous allons les suivre et les étudier. Au-delà de nous réserver quelques surprises, cette étude nous permettra au final d’établir un plan de chasse au plus près de la réalité".
La fédération qui n’est visiblement pas en manque d’idées travaille également sur la valorisation de la venaison et sur la création d’un label "Viande sauvage d’Aveyron". "Plus de 70 % de la viande de gibier consommée en France est importée de l’étranger. Avec les cervidés de l’Aubrac, il y a une belle carte à jouer, c’est sûr", a conclu le président Authier confiant.
En chiffres
11 000 la fédération de l’Aveyron compte 11 000 adhérents (1 141 000 pratiquants en France). Un chiffre en baisse de 1,5 %.
540 sociétés de chasse sont réparties sur le département de l’Aveyron.
168 en euros, c’est le prix du permis de chasse aveyronnais. Le permis national coûte 200 €.
576 dossiers d’indemnisation ont été déposés l’an dernier contre 687 l’année d’avant.
232 339 en euros c’est le montant versé aux agriculteurs en guise de remboursement des dégâts causés par les sangliers après le traitement des 576 dossiers.
14 000 sangliers ont été prélevés l’an dernier en Aveyron. Quelques années auparavant les prélèvements oscillaient entre 5 et 6000 têtes.
10 kilomètres de haies ont été plantés par les chasseurs l’an dernier.
“Le loup en France a coûté 25 millions d’euros à la collectivité en 2018. Pourquoi les chasseurs devraient payer à eux seuls pour couvrir les dégâts provoqués par les sangliers ? Ce n’est pas possible, nous n’y arriverons pas ».
Jean-Pierre Authier, président de la Fédération départemental de la chasse de l’Aveyron.
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