Millau. Violences conjugales : le Logis millavois, de l’urgence à la résilience

Abonnés
  • Au Logis Millavaois, un personnel formé reçoit les victimes.
    Au Logis Millavaois, un personnel formé reçoit les victimes. JDM
Publié le
Célian Guignard

Onze lits sont dédiés aux victimes de violence conjugales et leurs enfants.

Nous ne laissons jamais aucune femme violentée à la rue. Nous trouvons toujours une solution pour le soir même." Nathalie Bertrand, directrice Trait d’union, centre d’hébergement et de réinsertion sociale, ne passe pas par quatre chemins lorsqu’il s’agit de résumer la mission de son association dans la lutte contre les violences conjugales.

La structure millavoise dispose de onze lits, au sein d’un bâtiment à part placé sous vidéosurveillance, spécialement dédiés aux victimes et à leurs enfants. "En fin de semaine dernière (vendredi 30 août, NDLR), nous étions complets, poursuit la directrice. Lundi, nous avons eu des départs."

Mener "une réflexion sereine"

Pour pouvoir bénéficier des services de Trait d’union, les femmes, mais parfois aussi les hommes (ils étaient trois selon les chiffres de 2018, NDLR), peuvent se présenter directement à l’accueil de l’établissement. Mais, ici aussi, d’autres partenaires peuvent les orienter vers Nathalie et son équipe : le 115, le Centre communal d’action sociale, les urgences, la police, ou encore la Maison des solidarités. "Le téléphone est aussi un formidable moyen, insiste Nathalie Bertrand. Souvent, elles appellent et nous disent que c’est pour une amie. Elles prennent des renseignements et viennent physiquement." Sur place, les personnes hébergées, qui fuient la violence, retrouve le calme et la sécurité. Elles peuvent rester le temps qu’elles souhaitent, le temps de mener "une réflexion sereine". En cas de risque, les forces de l’ordre sont contactées. "La police et la gendarmerie, ici, font un super travail. Nous avons des services qui ont été formés. Il arrive parfois que des conjoints violents se présentent à l’accueil pour savoir où est leur femme. Ils sont parfois très vindicatifs. Mais nous avons une réputation. Les gens savent qu’ils ne faut pas venir nous prendre la tête ici. Nous n’avons, par exemple, jamais eu de kidnapping d’enfants."

Ce sont 47 personnes qui ont été hébergées en 2018

Une fois sur place, les victimes peuvent être accompagnées sur le plus long terme. "Nous pouvons passer un contrat de réinsertion avec certaines personnes. Nous établissons les objectifs et les étapes pour y parvenir."

Dans ce cas, la prise en charge est de plusieurs mois.

Mais aucun laxisme n’est permis : "Il faut que les personnes tiennent la route. Ils nous arrivent aussi d’exclure certaines femmes parce qu’elles sont violentes avec les autres."

En 2018, 44 femmes et trois hommes ont bénéficié de l’hébergement d’urgence.

Parmis ces victimes, cinq ont multiplié les aller-retour entre leur foyer et le Logis Millavois, six sont rentrées chez elles, deux ont été exclues, douze ont signé un contrat d’insertion, une a été admise en maison de retraite, huit ont eu accès au logement de droit commun, deux sont parties sans prévenir et deux ont fait l’objet d’un éloignement géographie.

"Rompre avec la violence conjugale est un long parcours. Chaque étape mûrie la réflexion. Il faut parfois plusieurs passages par chez nous pour qu’une victime quitte définitivement son conjoint."

À l’heure du Grenelle, qui durera jusqu’à fin novembre, Nathalie Bertrand espère plus de moyen : "Nous avons besoin de lits, de plus de sécurité. Je ne crois pas aux lieux éclatés. Il faut des lieux qui protègent."

La directrice pourra porter ses revendications lors de la réunion du mardi 8 octobre à la sous-préfecture de Millau.

Trait d’union, 50, avenue Édouard-Alfred-Martel, à Millau. Contact au 05 65 59 40 52.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?