Arvieu, un village numérique pour enrayer le déclin démographique

  • Les différents partenaires au moment de couper le ruban inaugural.
    Les différents partenaires au moment de couper le ruban inaugural. Centre Presse - Rachid Benarab
  • La décoration a été soignée.
    La décoration a été soignée. Centre Presse - Rachid Benarab
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JDM

Le village a inauguré samedi sa Zone d’activité numérique en présence des partenaires de l’opération.

Arvieu en avait rêvé, Arvieu l’a fait. En inaugurant samedi devant une bonne partie de la population la Zone d’activité numérique (Zan) "Le Jardin d’Arvieu", le petit village du Lévezou est entré de plain-pied dans le futur. Il montre par la même occasion que "le déclin démographique en zone rurale n’est pas une fatalité", comme l’a souligné le député Viala à la tribune et que la courbe peut même s’inverser pour peu que l’on s’en donne les moyens. Et les moyens, justement, Arvieu se les est donnés. Des moyens financiers tout d’abord – le coût pour la réalisation de ce projet de cité digitale avoisine le million d’euros (Europe 65 000 €, l’État 213 000 €, la Région 100 000 €, le Département 125 000 € et la communauté de communes locale 330 000 €)- mais aussi et surtout, des moyens humains. Au village, ils n’ont pas manqué. Ils ont même été "déterminants".

"Un labo à ciel ouvert"

C’est ce qu’a tenu à rappeler avec beaucoup d’émotion dans la voix Gilles Bounhol, le maire " d’un village atypique et envoûtant. Un petit labo à ciel ouvert où tout est possible ". Perché sur le podium aux côtés d’une flopée d’officiels (les partenaires financiers) l’élu a expliqué la genèse du Jardin d’Arvieu dont la première graine a été plantée en 1990 avec l’achat, par la municipalité Terral, de l’ancien couvent du village. À l’époque, l’idée de la Zan était loin d’avoir germé dans les esprits. Il n’empêche, si cet édifice du XIVe siècle placé au centre du village n’avait pas été racheté… La municipalité n’aurait pas pu y installer 8 ans plus tard, les porteurs du projet Laëtis, une société coopérative multimédia spécialisée dans l’E-commerce et la création de sites internet. C’est elle qui est à l’origine du virage internet amorcé par Arvieu depuis deux décennies. C’était en 1998. Cinq jeunes, dont le régional de l’étape Vincent Benoît, un ingénieur tout juste diplômé, ont envie de créer, à la campagne, leur société dans les multimédias. Ils lancent un appel d’offres auprès de quelques communes des environs. Seul Arvieu a répondu favorablement. Et elle a bien fait, puisqu’en 20 ans, la Scop Laëtis a prospéré et compte désormais 17 collaborateurs qui créent des sites internet partout en Europe. Alors même si à un moment de son développement la question de s’installer à Rodez où le haut et le très haut débit sont rois (ou du moins devaient l’être !) s’est posée. Laëtis a finalement choisi de rester à Arvieu "où il fait bon vivre" et où les élus et les habitants étaient d’accord pour donner une nouvelle dimension numérique à la commune à travers la réalisation de cette Zan. Outre Laëtis, le GIE lait bio, l’association les locomotivés et d’autres professionnels, l’ancien couvent au cœur de cette Zan de 2 500 m2 abrite un espace de travail partagé (coworking), ouvert à tous moyennant quelques euros.

Fablab, spectacles et services

"Nous avons recensé 70 télétravailleurs réguliers sur la commune qui seraient intéressés par ce nouvel espace, a notamment rappelé Vincent Benoît lors de la présentation des lieux au public. Nous avons aussi pensé aux touristes qui pourront prolonger leur séjour tout en travaillant à distance." Le Jardin d’Arvieu c’est aussi un fablab, où des outils numériques pour la conception et la réalisation d’objets sont mis à la disposition de tous. Par ailleurs, la salle paroissiale des Tilleuls et la grange Salis entièrement rénovées accueillent spectacles et séminaires, mais aussi les réunions d’associations locales. L’ensemble de ces installations est bien sûr relié à un réseau partagé à très haut débit, et le Wi-Fi gratuit est disponible dans les espaces communs. Sans oublier en limite de la Zan le Cantou, la maison des services publics ouverte il y a un peu plus d’un an et qui permet aux habitants du village d’effectuer leurs démarches en ligne auprès des différents services de l’État. On y retrouve également l’agence postale, l’office du tourisme et la médiathèque. Et l’ensemble de ces installations est chauffé par une chaudière à bois, 4 à 5 fois plus économique que le fioul.

Autant "de graines semées qui ne demandent qu’à germer" a imagé la préfète Catherine de La Robertie. La représentante de l’État a tenu à visiter la totalité des installations. L’occasion de dire ô combien elle est "heureuse d’être présente. Nous participons tous ensemble à une promesse d’avenir. Avec le développement du télétravail de plus en plus de citadins rêvent de quitter la ville pour s’installer à la campagne en quête d’une autre qualité de vie, a analysé la préfète. Mais ils ne le feront que s’ils trouvent en zone rurale une offre culturelle variée et de qualité. Mais aussi tous les services qu’ils sont en droit d’attendre."

L’exemple d’Arvieu

Pour mémoire, 30 nouvelles familles sont venues s’installer récemment à Arvieu. C’est dix de mieux que les prévisions établies dans le programme Arvieu 2020. De là à dire qu’Arvieu a trouvé la solution pour enrayer le déclin démographique, il n’y a qu’un pas. Et Gérard Peltre, président du Réseau rural européen de développement (Red) l’a sauté en allant présenter l’exemple arvieuvois qu’il juge exemplaire, devant les instances de l’Union Européennes. "La réalisation d’Arvieu montre que les territoires ruraux peuvent être aussi des pôles de développement et d’innovations fortes".

Infos : lejardin.arvieu.fr ou www.laetis.fr

Agencement. Confort et bien-être au centre du projet de rénovation

"C’est lumineux et bien agencé", s’étonnent de nombreux visiteurs en pénétrant dans l’ancien couvent. Il faut dire que la bâtisse du XIVe siècle a longtemps été protégée du regard des Arvieuvois par de hauts murs d’enceinte. En les réduisant à l’état de muret Marie Nedellec, l’architecte chargée de cette transformation a ouvert le lieu sur le village. Le site se compose désormais de plusieurs espaces conviviaux comme les espaces de travail THD (plus de 300 m2 de bureaux fixes ou partagés, permanents ou temporaires, le tout relié au très haut débit), des salles diverses. Pour créer et communiquer sans déranger les autres, un espace convivial avec café, thé à volonté, accès libre au bar, à la cuisine et à la véranda. Au rez-de-chaussée, du matériel mutualisé (imprimantes, photocopieurs, écrans, téléphones fixes, disque dur partagé, WiFi gratuit haut débit dans les communs), une salle de spectacle et de conférence multimédia, de 120 à 150 place assises, des douches, un parc… Bref, un endroit où les entreprises de la région ne devraient pas se priver d’aller pour leurs événements, leurs séminaires.

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