Rugby : l’ovale ne tourne pas rond en Aveyron
Entre une baisse de licenciés, un manque de bénévoles et les relégations de clubs phares, le rugby aveyronnais traverse une période délicate.
Liquidation, descente, fusion. Les trois ingrédients composent le cocktail amer avalé par le rugby aveyronnais cet été. Entre la disparition du club phare du département, le Stade Rodez Aveyron, la relégation de Decazeville en Fédérale 3 et Naucelle qui rejoint le giron de Lévezou Ségala Aveyron, c’est tout l’ovale départemental qui a la gueule de bois au moment de la reprise des championnats fédéraux et régionaux, ce week-end.
Les problèmes de cet été viennent noircir un tableau qui n’était déjà pas vraiment reluisant. Et dont la principale ombre est la baisse du nombre de licenciés : en trois ans, le département en a perdu un sur cinq ! (lire par ailleurs) Cette tendance, également constatée à l’échelle nationale, s’explique par plusieurs raisons, comme les résultats moribonds de l’équipe de France depuis presque une décennie, ou encore les tragédies de jeunes joueurs trouvant la mort sur le terrain, ces dernières années.
Localement, la baisse de participants impacte les clubs. Alors que depuis deux ans, le Rugby club naucellois n’alignait plus d’équipe senior, faute de participants, les dirigeants ont décidé de rejoindre Lévezou Ségala Aveyron. "Le manque de joueurs nous a contraints à abandonner l’équipe senior", déplore Laurent Malié, dirigeant du RCN, qui a toutefois conservé son affiliation à la fédération.
La pénurie touche aussi Flagnac, où l’équipe fanion a également été mise en sommeil depuis deux saisons. "Ce n’est pas que nous ne voulons pas, c’est que nous ne pouvons pas, regrette Pascal Mazet, l’un des dirigeants. Mais nous participons cependant à l’école de rugby du Bassin."
A quatre pour trouver assez de jeunes
S’il est difficile de trouver des jeunes adultes pour les équipes seniors – "car ils vont ailleurs pour le travail ou les études", résume Laurent Malié –, le manque de main-d’œuvre touche aussi les catégories de jeunes. Particulièrement chez les cadets et les juniors. Ainsi, quatre clubs se sont associés cette saison (Decazeville, Villefranche, Rodez et Haute Vallée Aveyron rugby), pour former un pôle jeune, qui comporte deux équipes dans chacune de ces catégories. "Sans le rassemblement, on ne pourrait rien faire, déplore Christian Capelle, secrétaire de Villefranche. Mais ce n’est pas toujours facile quand les gamins sont à 45 km les uns des autres." "Avant, nous avions chacun deux équipes", ajoute Patrick Malpel, coprésident de Decazeville.
La baisse du nombre de licenciés se fait par ailleurs ressentir dans le recrutement des bénévoles. "C’est devenu une denrée rare", lance Christian Capelle. "On essaye d’impliquer les parents des enfants qui jouent chez nous, mais ce n’est pas évident", ajoute Gérard Roquefort, coprésident du Rugby club Espalion Nord-Aveyron. Du côté des dirigeants aussi, le manque de renouvellement est palpable. "Depuis quelques années, on est toujours le même groupe de motivés, avance le Naucellois Laurent Malié. On a de l’entrain, on est soudé, mais on ne voit venir personne pour nous rejoindre et apporter de la nouveauté."
"Difficile d’attirer du monde"
À Decazeville, un bastion historique du rugby aveyronnais, les défections se font aussi ressentir dans les tribunes. L’affluence et l’ambiance dans les travées de Camille-Guibert ne soutiennent pas la comparaison avec ce qui se faisait au début de la décennie. "Cela est dû à une baisse démographique, aux résultats et à un jeu pas toujours agréable, liste Patrick Malpel. Mais j’espère que cette année, cela repartira. Les gens ont toujours la fibre rugby, à nous de leur donner l’envie de revenir !"
Tous les dirigeants ne partagent pas son optimiste. "C’est compliqué actuellement et cela le sera encore plus par la suite", estime Christian Capelle. "Les problèmes dans le rugby ne concernent pas que l’Aveyron, mais comme nous sommes loin des grandes villes, c’est difficile d’attirer du monde, ajoute Gérard Roquefort. Je suis assez pessimiste pour la suite. En Aveyron comme partout ailleurs, je pense qu’on va continuer à perdre du monde. Le rugby n’est pas un sport d’avenir."
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