Stéphanie Obadia ausculte les corps, tout en consacrant le sien à la chanson

La solution de facilité serait d’écrire qu’elle est la version moderne du roman de Robert Louis Stevenson "L’étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde", datant de 1886. Trop facile, faux qui plus est, vraiment pas du goût de l’intéressée. Car si, pour faire simple, elle est médecin le jour et chanteuse la nuit, elle n’a pas deux identités. "Je suis une seule et même personne, confirme-t-elle. Et tout a du sens, est très lié". Stéphanie Obadia, pour sa plaque à la protection maternelle et infantile (PMI) du 13e arrondissement (elle est fonctionnaire de la Ville de Paris), et Miss Nanie, pour son nom de scène, ne font donc qu’une. Qu’on se le dise ! Née certes à Broue-sur-Chantereine (Seine- et-Marne) en 1978, cette jeune quadra a posé un premier orteil à l’âge de 18 mois, près de Brommat. Dans un hameau que sa grand-mère maternelle a découvert grâce à sa meilleure amie et où elle a acheté une maison. C’est dans ce décor nord-aveyronnais qu’elle a passé, enfant et adolescente, toutes ses vacances d’été. D’autant que ses parents ont aégalement fait le pas en devenant propriétaires à quelques kilomètres. "C’est le lieu idéal pour se ressourcer, se réjouit-elle. J’y ai beaucoup d’attaches et aussi énormément de souvenirs". Un bac S, mention bien et option biologie, en poche, elle s’est orientée vers la médecine générale qu’elle exerce donc en PMI en tant que pédiatre pour les 0-6 ans (pour le dépistage, la prévention et la vaccination, mais pas les soins). Bercée par la musique, le jazz notamment, elle s’est mise à chanter "à l’âge de 4 ans, spontanément". Ses parents lui ont raconté qu’elle avait tenu le micro durant les huit heures de voiture qui séparaient la Seine-et-Marne de l’Aveyron ! (Bien) plus tard, elle a écouté le Top 50 animé par Marc Toesca et "j’allais ensuite au magasin acheter les disques qui me plaisaient". Ils tournaient ensuite sur sa petite platine. Stéphanie Obadia ne s’est pas contentée de chanter dans sa chambre. Elle a fait le Conservatoire (violon, piano et chorale). Elle a découvert le gospel. Le coup de foudre ! Miss Nanie était née. Elle a goûté à la scène du Cirque Bouglione, du Casino de Paris, du Bataclan. Mais, ce n’est pas son unique répertoire. "J’ai besoin de faire d’autres choses, beaucoup plus personnelles", insiste l’artiste. Son lien avec l’Aveyron est donc "très fort". Et pas seulement parce qu’elle a de l’aligot dans le réfrigérateur à Paris, qu’elle est fan de la fouace de Mur-de-Barrez et que son fils Stan, âgé de 8 ans et qui avait… dix jours la première fois qu’il a respiré l’air pur de l’Aveyron, aime la saucisse sèche. Non, son amour pour le département se niche ailleurs. Elle multiplie les séjours, souvent à Pâques, l’été et à Toussaint, effectuant ses trajets en train. Et saute sur l’occasion des séjours estivaux pour donner des concerts et animer des ateliers. Elle adore se glisser dans la panoplie de Miss Nanie. "J’aimerais faire plus de musique, organiser des stages et cultiver la transmission", explique-t-elle. Du coup, à quand un album ? Ses yeux se remplissent d’étoiles : "J’écris des textes et je me dis que mon tour viendra un jour".