Millau. A Souloumiac, les habitants se battent pour exister

  • Pour les deux associations, l’aspect « coin de campagne » en ville est l’atout principal du quartier.
    Pour les deux associations, l’aspect « coin de campagne » en ville est l’atout principal du quartier. L. V.
  • A Souloumiac, les habitants se battent pour exister
    A Souloumiac, les habitants se battent pour exister
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JDM

Dans ce quartier tranquille en contre-haut de la commune de Creissels et méconnu de certains Millavois, les habitants se sentent parfois oubliés par leur propre municipalité.

C’est un trou de verdure en pleine cité du gant. Parfois méconnu des Millavois eux-mêmes, le quartier de Souloumiac, situé sur les hauteurs de Creissels, est un lieu où règnent le calme et la cohabitation avec la faune sauvage. Pourtant, les imbroglios administratifs entre Millau et Creissels, la localisation "difficile" du quartier et un sentiment d’être "les parents pauvres de Millau" empêchent le développement de la vie au sein du quartier, et ce, malgré l’investissement constant de ses résidents.

Un quartier jeune et campagnard

C’est dans les années 70 que cette zone naturelle, constituée de vignes, d’espaces forestiers et d’animaux sauvages commence à se développer. De nouveaux propriétaires s’installent sur cette façade montagneuse, avec une vue imprenable sur la cité du gant. Pas encore de Viaduc, mais un panorama magnifique sur les gorges du Tarn. "À notre charge, on a dû installer les réseaux d’eau, liés à Creissels et d’assainissement, raconte Bernard Grégoire, trésorier de l’association. Avec un groupe du côté millavois de Souloumiac, nous avons repris l’ex-association des Riverains de Souloumiac il y a une vingtaine d’années, pour tenter de dynamiser ce beau quartier où il fait bon vivre." Ce "couloir de migration pour la faune sauvage", comme le qualifie Hélène Fages, secrétaire de l’association, souffre pourtant d’une reconnaissance de la part de sa propre municipalité. "Pendant très longtemps, on ne nous a pas écoutés, explique Jean-Claude Coulon, ex-président des Riverains de Souloumiac. Nous avons dû intervenir en plein conseil municipal pour crier notre désarroi." Accessible seulement par la commune de Creissels, Souloumiac est en exemple parfait de difficulté administrative intercommunale. Puisque le quartier est à cheval sur les deux communes, le déblayage par temps de neige, le fauchage de la rue des Coteaux de Souloumiac ou encore le nettoyage des rues se fait soit avec beaucoup de difficultés, soit avec un retard qui force les habitants à se retrousser les manches.

"C’est nous qui devons faire le débroussaillage du chemin, ce qui n’est pas normal puisque nous payons les mêmes impôts que les habitants du centre-ville. Il faut rappeler que nous n’avons pas d’éclairage public, nous devons sortir avec les lampes électriques le soir et nous n’avons pas vraiment le droit de réaménager et d’agrandir nos propriétés", ajoute Hélène Fages.

Heureusement, cette situation a permis de souder les habitants entre eux, puisqu’ils transforment ces moments de travaux urbains improvisés en réunion de riverains, où la convivialité est de mise. "On n’a pas besoin d’une fête de quartier pour se réunir et bien s’entendre".

Zone naturelle à protéger

Mais tous ne sont pas favorables à une urbanisation plus prononcée de Souloumiac. L’association du Quartier de Souloumiac Millau-Creissels, qui regroupe des résidents des deux communes, est plutôt favorable à une conservation de cette "zone naturelle, tranquille et calme". Selon son président, c’est "tous les avantages de la campagne mêlés à ceux de la ville. C’est le sentiment de liberté tout en pouvant aller faire ses courses en dix minutes à pied".

S’il comprend les revendications des riverains de Souloumiac, pour lui, il est normal que "d’autres quartiers soient priorisés". "Je considère que dans ce coin campagnard, on doit pouvoir se débrouiller par nous-mêmes, ça ne me dérange pas de m’occuper des chemins, de la route, c’est un plaisir."

À Souloumiac, si les habitants des hauteurs voudraient se sentir plus intégrés à la ville, ils ne quitteraient pour rien au monde leur havre de paix.

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