L'optique, un secteur en transformation

  • Le salon international de l'optique Silmo s'ouvre vendredi à Paris à un moment où le marché est en pleine transformation
    Le salon international de l'optique Silmo s'ouvre vendredi à Paris à un moment où le marché est en pleine transformation Courtesy of Silmo
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Relaxnews

(AFP) - Le salon international de l'optique Silmo s'ouvre vendredi à Paris à un moment où le marché est en pleine transformation, marqué depuis un an par le rapprochement de plusieurs géants de ce secteur en quête de stratégies de croissance.

En France, le chiffre d'affaires du secteur de l'optique a atteint environ 6,5 milliards d'euros en 2018, quasiment stable après deux années moroses, selon une étude de l'institut GfK. Pour le premier semestre 2019, le secteur a connu une petite hausse (+1,7%), mais le marché, européen ou nord-américain, est loin d'afficher les potentiels de croissance de l'Asie.

Dans ce contexte, la fusion en 2018 entre le géant français du verre Essilor et le géant italien de la monture Luxottica, puis l'annonce en juillet de leur intention de racheter le néerlandais GrandVision, sont venus rebattre les cartes, avec l'émergence d'un mastodonte qui maîtrise toute la chaîne de valeur, de la production à la distribution.

"Il existe un risque de déstabiliser énormément le marché, ne serait-ce que pour la pérennité des magasins", estime auprès de l'AFP Yves Guénin, secrétaire général des enseignes Optic 2000, qui compte près de 1.200 magasins, pour un chiffre d'affaires de 858 millions en 2018.

En rachetant le néerlandais GrandVision, une opération de plus de 7 milliards d'euros, EssilorLuxottica met la main sur plus de 7.000 magasins dans plus de 40 pays. En France, GrandVision est présent avec les enseignes Grand Optical et Générale d'Optique, de quoi inquiéter les autres acteurs du secteur.

"Le groupe GrandVision, qui n'avait pas de produits Essilor, se retrouvera demain avec des produits Essilor", ajoute M. Guénin, qui rappelle qu'Optic 2000 est jusqu'ici le plus gros client d'EssilorLuxoticca en France.

- "Concentration" -
Le sujet est également pris au sérieux par Angelo Trocchia, le dirigeant du groupe lunetier italien Safilo, qui a enregistré un chiffre d'affaires de 963 millions d'euros en 2018.

"Cela change fortement la dynamique de l'industrie. Il est temps pour les autres de réfléchir à la façon dont nous devrions travailler ensemble. C'est un moment important pour la France. Tout le monde va devoir décider avec qui il veut travailler", souligne-t-il auprès de l'AFP.

Pour Safilo, "le défi va être d'améliorer encore les relations avec les indépendants et les chaînes en France", juge M. Trocchia.

Les plus petits parviendront-ils à tirer leur épingle du jeu? Pour Matthieu Lafont, Pdg du fabricant de lunettes français Lafont et administrateur du groupement des industriels et fabricants de l'optique (Gifo), il y a de la place pour tous.

"Comme toute autre industrie où il existe de très grosses sociétés et des plus petites, les deux peuvent cohabiter à partir du moment où le consommateur est prêt à faire ce choix-là. Si demain tout le monde veut porter des montures de marques de licences, ce sera compliqué, mais cela n'a jamais été le cas", assure-t-il à l'AFP.

"La concurrence a du bon, elle oblige chacun à se démarquer. Il y a une richesse du marché, mais cela veut dire qu'il faut s'adapter: la lunetterie a fondamentalement évolué sur les 20 dernières années", ajoute-t-il.

Cela passera notamment par une spécialisation, estime de son côté Eric Lenoir, directeur du salon Silmo Paris.

"C'est un secteur en perpétuelle création, donc il y a de quoi être différent de son voisin. Beaucoup de spécialisations sont possibles: la vue des enfants n'est pas la même que celle des seniors, il y a le sport, les produits de créateurs purs. Il y a peu de secteurs qui proposent autant de produits différents", dit-il.

Optic 2000 mise notamment sur les services, avec le lancement récent de visites d'opticiens à domicile.

"Dans toute industrie, on voit de la concentration, et cela va arriver je pense dans notre industrie", estime de son côté Angelo Trocchia. "Nous sommes ouverts à des opportunités dans le marché pour des partenariats de différents types", ajoute-t-il.

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