Volley-ball : le parcours des Bleus à l'Euro peut-il redynamiser la pratique en France et en Aveyron ?

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  • Les Bleus ont étrillé l’Italie mardi (25-16, 27-25, 25-14).
    Les Bleus ont étrillé l’Italie mardi (25-16, 27-25, 25-14). Repro CP
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propos recueillis par aurélien parayre

L’équipe de France a écrasé (3-0) les Italiens en quart de l’Euro à Nantes, mardi. Une mise en lumière de plus pour Ngapeth et les siens qui tranche avec l’impasse dans laquelle se trouve le volley-ball en France et encore plus en Aveyron, qui ne compte plus qu’une centaine de licenciés. Entretien avec Michel Morio, président du comité départemental.

Les Bleus cartonnent dans leur Euro. Ils viennent de battre l’Italie vice-championne olympique et seront opposés aux Serbes en demie vendredi. Quel regard portez-vous sur leur parcours ?
C’est un très bon coup de la fédération d’avoir organisé cela en France, et d’avoir réussi à mettre en place une équipe qui est au niveau de ses espérances. Cette équipe, on l’a déjà connue vainqueur de trophées, puisqu’elle est championne d’Europe 2015 et championne de la Ligue mondiale en 2017. Donc on savait qu’elle était performante, mais qu’elle avait parfois trop de choses à faire sur une saison. Comme à Rio en 2016 (éliminée lors de la phase de poule des JO, NDLR), où elle s’est plantée. Là, le championnat d’Europe est prioritaire. On a raté, pour l’instant, les JO 2020 en étant battu par la Pologne (lors du TQO en août, NDLR) dans des conditions un peu spéciales, mais car cet Euro était prioritaire. À la maison, il ne fallait absolument pas se planter. Il fallait vraiment que l’équipe de France, la vitrine médiatique, soit au top ! Le staff et les joueurs ont compris le message et sont où il faut et quand il le faut.

 

Michel Morio, le président du comité de l’Aveyron.
Michel Morio, le président du comité de l’Aveyron. Archives JLB - Archives JLB


Justement, cela fait plusieurs saisons que l’équipe nationale fonctionne bien. Pour autant, hormis lors de grandes compétitions, on sent que le volley-ball a du mal à toucher le grand public en France…
Oui, il est vrai qu’on ne bénéficie pas, à part cette année, d’une grande exposition médiatique. Il faut dire qu’on n’a pas beaucoup de licenciés (145 000 et 1 800 clubs au niveau hexagonal, NDLR). Donc on est un peu en marge des gros sports médiatisés. Il fallait donc absolument ne pas se tromper lors de cet Euro pour montrer que le volley-ball existait. Et je n’ai jamais vu autant de couverture sur un événement. C’est bien que l’on soit suivi, que les gens en parlent.


Avec Earvin Ngapeth, le volley dispose pourtant d’une icône. Mais on en parle moins que d’autres stars du sport français…
C’est vrai que les projecteurs sont braqués sur lui. C’est un joueur au-dessus du lot. Un des meilleurs du monde. Mais qui ne reste pas en France. Qui joue à l’étranger (au Zenit Kazan, en Russie, NDLR). Donc c’est peut-être pour cela qu’on a du mal à le suivre avec son club. Et c’est vrai que la plupart des joueurs sont en clubs à l’étranger, en Pologne, en Russie, en Italie ou même au Brésil, donc on ne peut pas les suivre au quotidien. Mais ce rassemblement de l’équipe de France, c’est l’occasion de découvrir ou redécouvrir des joueurs qui sont au top. Comme Stephen Boyer, un des meilleurs pointus de son âge.


En plus des matches en Belgique, Slovénie ou encore au Pays-Bas, et avant de migrer vers Nantes et désormais pour le dernier carré à Paris, la compétition s’est déroulée à Montpellier lors des matches de la poule A. Du coup, localement, attendez-vous des retombées ?
On a essayé que ça rejaillisse sur la ligue Occitanie, oui. Au club, on est parti avec les gamins voir France – Grèce samedi dernier. Ils s’en rappelleront. Quand on a 7 000 personnes derrière une équipe, c’est bien. La Ligue a fait ce qu’il fallait pour faire venir l’équipe de France. Maintenant, à nous de faire ce qu’il faut pour accueillir les jeunes et on est prêt.


Combien de licenciés et de clubs compte l’Aveyron aujourd’hui ?
Une misère. Puisqu’un seul club est affilié (à la fédération, NDLR), la MJC Rodez. Et on compte aussi deux structures en partenariat, Saint-Christophe et Villefranche-de-Rouergue, qui ont des jeunes mais dépendent du club de la MJC. Ce qui représente au total en Aveyron une petite centaine de licenciés.


Et qui évoluent en compétition à quels niveaux ?
L’équipe fanion garçons a été abandonnée il y a cinq ans.Elle était une des meilleures en Midi-Pyrénées. Mais on a même dû refuser la montée car il y avait trop de contraintes chez les jeunes, dans l’encadrement, à l’arbitrage. On s’est aperçu qu’au niveau des garçons, on a beaucoup de mal à garder les jeunes de 15 à 20 ans. Les seniors filles, elles, viennent de descendre en Régional 2. On compte aussi une formation au niveau régional chez les moins de 17 ans filles et enfin une école de volley-ball.


Au début des années 2000, le club du Carladez évoluait tout de même en N1, soit le 3e niveau français ! Que s’est-il passé depuis ?
Un feu de paille qui s’est consumé très rapidement, car déjà à l’époque, sans argent, on ne pouvait pas aller très, très haut. Et puis, ils avaient des joueurs, qu’ils n’ont pas voulu appeler « mercenaires », mais que moi j’appelais ainsi, puisqu’ils ne venaient que pour les matches. Donc à un moment, ils n’avaient pas l’identité du Carladez en tant que joueur. C’est le cas de Mende actuellement. Le club est en ProB. C’est très bien pour la Lozère, mais un seul joueur est du cru. Il faut donc faire un choix. Et à Rodez, on a pris le parti d’axer le projet sur la formation. Il faut arrêter de faire venir des joueurs qui n’ont pas l’amour du maillot.


Vous axez sur la formation, mais pourquoi la pratique ne décolle pas ?
On n’arrive pas à décrocher de la place au niveau du sport scolaire. Actuellement, on a un club UNSS à Baraqueville, qui amène des joueurs, mais c’est très rare. Au niveau Occitanie, c’est la même chose. Sans compter que c’est un sport avec une grosse technicité. Donc, en tapant le ballon, on ne se fait pas plaisir. Il faut avoir une certaine technique pour pouvoir acquérir un fond de jeu et alors se faire plaisir.

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