Flavin : au nom du père et de la fille, pour l’amour du bois

  • Emmanuelle Druilhet a pris les rênes de l’entreprise créée par son père Daniel, en 1986.
    Emmanuelle Druilhet a pris les rênes de l’entreprise créée par son père Daniel, en 1986. Centre Presse - José A. Torres
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Joel Born

Emmanuelle Druilhet a succédé à son père Daniel à la tête de l’entreprise flavinoise de charpentes et menuiseries traditionnelles.

 

Chez les Druilhet, à Flavin, le problème (très présent en Aveyron) de la transmission d’entreprise ne se pose pas. Emmanuelle Druilhet vient, en effet, de prendre officiellement la direction de l’entreprise de charpentes et de menuiseries traditionnelles créée en 1986 par son père Daniel. Une passation de pouvoirs en douceur. Quasiment naturelle. « Je suis née dedans, il n’y a rien qui change, c’est la continuité », explique la jeune femme de 39 ans, maman de deux filles de 7 et 9 ans.
La culture du bois
Titulaire d’un bac commercial, Emmanuelle a suivi une formation d’assistante de gestion avant d’intégrer l’École supérieure des jeunes dirigeants du bâtiment, à Saint-Rémy-les-Chevreuses, dans la Région parisienne. Histoire de boucler la boucle, elle a fini par passer un CAP de menuisier, en 2006, ce qui lui fait dire avec son beau sourire : « J’ai fait un peu ma formation à l’envers. » Toujours est-il que la nouvelle présidente de la SAS Druilhet, se sent parfaitement à l’aise dans ses nouvelles fonctions. Un métier qui « se féminise doucement. » « Au début, c’était un peu dur de se faire une place. J’avais parfois l’impression qu’on m’ignorait, comme si j’étais insignifiante », témoigne Emmanuelle.
« En Aveyron, on a la culture du bois », explique Daniel Druilhet, qui se retrouve désormais salarié à mi-temps, alors que son épouse Chantal continue à assurer la comptabilité de l’entreprise désormais dirigée par leur fille. L’aventure de l’entreprise a débuté en 1986, Daniel Druilhet décidant de créer sa propre activité avec l’un de ses collègues de travail et son épouse. Après le rachat de la société de menuiserie traditionnelle Poux, de Pradinas, en 1996, l’entreprise Druilhet a compté jusqu’à 21 salariés. La crise étant passée par là, ils sont aujourd’hui 18, dont deux équipes de charpentiers pour la restauration. Charpentes et menuiseries traditionnelles, à la demande et sur-mesure, bâti neuf ou ancien, de la fabrication à la pose, du particulier au monument historique, l’entreprise flavinoise a dû se diversifier pour s’adapter à un marché devenu très concurrentiel. Daniel Druilhet s’étant toujours efforcé de favoriser l’approvisionnement local, le bois (chêne, châtaignier, pin, frêne, noyer…) provient de scieries aveyronnaises, de Calmony, Pont-de-Salars, Trémouilles, Naucelle…


Musée Ingres et Canal du Midi

L’entreprise, qui forme régulièrement des Compagnons du devoir (en ce moment, elle accueille un apprenti allemand, un aspirant du Cap Vert ainsi qu’un jeune Américain, en contrat d’insertion) s’est également spécialisée dans le façonnage de bois anciens. Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) depuis 2007, elle a ainsi réalisé plusieurs chantiers prestigieux, comme les réfections du parquet Versailles du musée Ingres de Montauban, de la porte monumentale du collège Fermat à Toulouse, du phare du Grau-du-Roi, du corps de garde de la place du Peyrou, à Montpellier ou des pièces en chêne des portes d’écluses du canal du Midi. Tout comme elle est intervenue à la cathédrale de Rodez, dans de nombreuses églises et châteaux de l’Aveyron, d’Estaing à Bournazel, ou au camp militaire de la Légion Étrangère de la Cavalerie. Entre autres projets, la société Druilhet envisage de regrouper l’ensemble de ses activités sur un seul et nouveau site. En attendant, fille et père participent, tout au long du week-end, au premier salon du Fabriqué en Aveyron, que l’entreprise a rejoint en 2017.

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