Entre Cransac et Firmi, Sarah sur le "Sentier des plantes"

  • Sarah sur le "Sentier des plantes"
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    Sarah sur le "Sentier des plantes"
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François Cayla

Sur les hauteurs de Firmi et de Cransac, Sarah Despinoy produit des dizaines de plantes et de produits dérivés.

Sarah Despinoy a toujours voulu vivre de la terre, de la nature. Ce que confirme son cursus scolaire, qui l’a amené à un diplôme de technicienne forestière et à un master 2 en géographie rurale. "C’est vrai, j’ai toujours voulu travailler dans l’agriculture, confie-t-elle. L’agriculture et éventuellement l’enseignement qui peut s’y rattacher."

Cette Aveyronnaise de souche, originaire du sud du département, a rejoint le Bassin decazevillois au début des années 90 ; pour quelques raisons qui font que l’on n’a parfois pas trop le choix. Elle s’est alors installée à Firmi et s’est engagée en parallèle dans la transmission de ses connaissances, en tant qu’intervenante au sein du lycée agricole Beauregard de Villefranche-de-Rouergue.

"Ma grand-mère faisait des potions magiques"

Mais "au fil de la vie", comme elle dit, Sarah Despinoy s’est prise de passion pour les plantes. "En fait, je me suis toujours passionnée pour les plantes. À la maison, quand j’étais enfant, il y en avait tout autour de moi. Ma grand-mère faisait plein de potions magiques… Aujourd’hui, j’ai une approche tout aussi professionnelle que passionnelle avec les plantes."

Le " déclic " professionnel, comme elle dit encore, est intervenu en 2012. Ce choix de carrière est à l’époque assorti d’une formation de six mois à Clermont-Ferrand, sur le thème des "plantes à parfum, aromatiques et médicinales". De la théorie à la pratique, deux ans plus tard et après plusieurs stages chez des producteurs déjà installés, Sarah se lance donc dans le grand bain de la production de plantes aromatiques et médicinales.

Pour ce faire, elle achète un terrain d’un hectare sur les hauteurs entre Firmi et Cransac. Un endroit magnifique, préservé, un terrain vallonné anciennement dévolu à la culture des vignes, qui répond au doux nom de Colline d’Estepes. Un terrain "où les ronces, l’aubépine, les pommiers et l’achillée règnent" alors en maîtres, sans grande place pour l’homme.

Sarah s’attache à nettoyer, à désherber, à défricher, "afin de redonner une âme à ce lieu bien vivant". Quand elle arrive à laisser de côté ses outils, elle en profite pour créer une société visant à commercialiser son travail : "Le Sentier des plantes", le bien nommé.

Sur la colline d’Estepes, Sarah Despinoy est vraiment chez elle. Dans son élément. Il faut la voir arpenter les lieux avec assurance et expertise. Elle en connaît chaque coin, chaque recoin.

Elle montre du doigt tel ou tel endroit et indique sans hésiter ce qui s’y trouve : achillée, camomille, verveine citronnée, mélisse, ortie, origan, laurier, bouleau, tilleul, sureau, thym, angélique, lavande, calendula, consoude… Au total, 35 plantes y sont recensées, toutes certifiées bio.

Un tiers de ces plantes est en culture. Les deux autres tiers sont issus de friches sauvages maîtrisées. Sarah veille seule, ou avec la présence épisodique de stagiaires, au développement de cet ensemble.

Elle recrée tout un écosystème qu’elle laisse cependant et largement entre les mains de mère nature, sans utiliser la moindre substance chimique, sans même arroser, si ce n’est au moment de la plantation.

De nombreux dérivés "made in Estepes"

À partir de ses plantes, dont elle assure la cueillette à la main, l’anse de son panier en osier bien calé sur l’avant-bras, Sarah Despinoy concocte toute une gamme de produits naturels. Tisanes, sirops, sels et vinaigres, confitures et jus de fruits, huiles essentielles et, depuis quelques mois, des sorbets aux plantes, sont autant de dérivés made in Estepes.

"Je suis agricultrice, productrice, cueilleuse, mais pas herboriste, précise-t-elle d’un point de vue technique et légal. Je n’ai absolument pas le droit de dire à quoi peuvent servir mes plantes, quelles sont leurs vertus. C’est réservé aux pharmaciens par exemple. Le secteur est très encadré, c’est comme ça."

Quoi qu’il en soit, de mars à septembre, Sarah écume les marchés de producteurs de la région pour écouler ses produits, que l’on peut également trouver en divers points de vente dans le département, en ligne sur son site internet (https://lesentierdesplantes.wixsite.com), ou directement à la ferme les jeudis (sur réservations).

Comme elle le reconnaît, "cette activité ne me suffit pas encore pour en vivre pleinement". Mais Sarah y croit. Et pour parvenir à en "vivre pleinement", elle a engagé une phase de développement qui s’est matérialisée par l’achat de deux hectares supplémentaires, attenants à son actuel terrain, et sur lesquelles elle va étendre ses cultures. Dans les mois qui viennent, il est également programmé un aménagement en dur qui abritera en sous-sol un atelier de transformation (actuellement situé à une quinzaine de kilomètres) et, à l’étage, la future maison à ossature bois de Sarah et de ses enfants.

" On reprend ce qu’il reste des bases de la maison qui était là il y a très, très longtemps, explique-t-elle. Quand tout sera prêt, tout sera plus facile. Je pourrai vivre ici, vraiment. " Pour suivre jour après jour et avec passion le "Sentier des plantes".

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