Cour d’assises de Rodez : Jordan d’Haïty, un « enfant de la rue » face à ses vieux démons

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    A la cour d'assises de Rodez. Centre Presse - José A. Torres
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Mathieu Roualdés

Jordan d’Haïty, 27 ans et une « vie mouvementée » entre l’île de Saint-Martin et la métropole, doit répondre d’une tentative de meurtre, commise à Millau, en 2013.

« Je ne me souviens plus », « ça date, j’étais très jeune à l’époque », « il n’aurait pas dû passer cette nuit-là », « j’aurais dû dire aux policiers de rester »…
À la barre, cette jeune femme, encore mineure à l’époque des faits, ne parvient pas à se remémorer le fil de sa soirée du 16 juin 2013.
Pourtant, elle avait tout d’une témoin clé pour éclaircir les zones d’ombre de l’affaire qui a ouvert la session d’assises, au tribunal de Rodez, hier.
Ce soir-là, elle passe la nuit avec un homme, au dernier étage d’un immeuble, rue de Condamines à Millau. Ils trinquent, rigolent, batifolent et ne voient pas l’heure passer. Mais, au petit matin, Nicolson, « l’ex » de la jeune femme, débarque et frappe à la porte de l’appartement, comme il en a l’habitude. Il découvre alors son ancienne compagne entre les mains d’un autre homme. Une connaissance même, car les deux hommes sont originaires de l’île de Saint-Martin et se croisent souvent dans la Cité du gant. Entre eux, le ton monte rapidement. Quelques coups sont échangés. Le voisinage alerte le commissariat, à deux pas de là. Les policiers débarquent, ramènent le calme puis repartent. La banale histoire de jalousie semble alors prendre fin… Mais quelques minutes plus tard, la situation dégénère à nouveau sur le palier du quatrième étage.

Un coup à trois bandes

Deux étages plus bas, Jordan d’Haïty, un autre ressortissant de Saint-Martin, assiste à toute la scène. Il connaît bien les deux hommes et décide de se mêler à « l’embrouille », avant d’asséner un coup de couteau en pleine tête de « l’ex », Nicolson ! Véritable miraculé - la lame s’est enfoncée de plusieurs centimètres dans son crâne, ce dernier est aujourd’hui sur le banc de la partie civile. Pour quelle raison a-t-il reçu ce coup de couteau ? A-t-il frappé Jordan d’Haïty en premier et ce dernier se sentait-il en danger pour répliquer de la sorte ? Ou a-t-il simplement voulu défendre son ami, pris à parti, et qui s’est récemment donné la mort dans sa cellule de la maison d’arrêt de Druelle ? Le deuxième jour du procès, consacré à l’étude des faits, devrait permettre de répondre à toutes ces questions.

« Saint-Martin, c’est la violence, la drogue… »

En attendant, la cour d’assises s’est longuement attachée à la personnalité de l’accusé. Celle d’un « enfant de la rue », né à Saint-Martin en 1992, d’un père qu’il n’a pas connu et d’une mère qui n’a cessé de le rejeter. Jusqu’à être livré à lui-même dans les rues de cette île à la triste réputation, à quelques encablures de Saint-Barthélémy, « l’île des bourgeois ».
« Saint-Martin, c’est la violence, la drogue, les gangs », a rappelé Jordan d’Haïty, dans le box des accusés, hier. Très jeune d’ailleurs, il suivra cette « vie de gangs », comme il dit, entre trafic de stupéfiants, violents règlements de compte, braquage… Jusqu’à ses 19 ans et son choix de rejoindre la métropole, à Millau, pour se racheter une conduite et « trouver du travail ». Il en trouvera comme commis de cuisine mais cela ne durera pas. « À Millau, j’ai surtout retrouvé beaucoup de Saint-Martinois et la violence… », confie-t-il, d’un ton posé. Jusqu’à cette soirée du 16 juin et cette histoire dont il était totalement étranger au départ… « J’ai toujours fait les mauvais choix », regrette-t-il, aux côtés de son avocat, Me Galandrin.
Depuis, Jordan d’Haïty a passé plusieurs mois en détention provisoire. Avant d’en sortir, grâce à un vice de procédure, et repartir sur son île. Il y a travaillé comme jardinier ou encore pompiste ces dernières années. Avant que son passé ne le rattrape, Jusqu’à lui-même être victime de coups de couteau dans une sombre histoire de règlements de compte, il y a plusieurs mois… Cette fois, c’est à son tour de répondre de ces faits, dans le box des accusés.
 

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