Jordan d’Haïty condamné à dix ans de prison
Six ans après avoir donné un coup de couteau en pleine tête d’un jeune homme à Millau, Jordan d’Haïty a été condamné, mercredi, à dix ans de prison, après trois jours de débats devant la cour d’assises de l’Aveyron.
Jordan d’Haïty est resté prostré, tête basse, le regard pointé sur ses chaussures. à la fin de son procès, il n’a pu retenir ses larmes, avant que la sentence ne tombe : 10 ans de prison. Il a quitté la salle, menotté et sous bonne escorte. Laissant derrière lui de nombreuses interrogations et un étrange sentiment à tous les jurés. Celui d’un homme "brisé" par la vie et tout proche de commettre l’irréparable, le 16 juin 2013.
Cette nuit-là, Jordan d’Haïty, alors âgé de 20 ans, passe du bon temps avec sa compagne, dans un immeuble du centre-ville de Millau. Mais avant de s’endormir, des cris l’interpellent. Deux étages plus haut, un de ses amis, ressortissant de la communauté antillaise, se bat avec un autre homme, Nicolson, pour une histoire de jalousie, de tromperie. Au petit matin, la police intervient. Le calme ne revient pas pour autant. Jordan décide alors de sortir de son appartement. Il assiste à la scène paisiblement, se coupe les ongles dans la cage d’escalier. Mais, peu avant neuf heures du matin, il "dégoupille", se rend sur le palier du quatrième étage et assène un coup de couteau en pleine tête de Nicolson ! Le geste est tout aussi violent que soudain. La victime s’en sortira miraculeusement après plusieurs jours de coma… À la barre ces derniers jours, le jeune homme a, une nouvelle fois, crié sa colère : "Ce coup de couteau était totalement gratuit, tu le sais fréro ! Il a gâché ma vie, personne ne peut comprendre ma douleur".
"J’ai toujours fait les mauvais choix"
Six ans après, Jordan d’Haïty a tenté d’expliquer ce geste tout aussi violent que soudain, devant la cour d’assises de l’Aveyron. Il dira "avoir paniqué, avoir pris peur face à Nicolson, intenable ce jour-là". Le couteau ? Il assurera l’avoir trouvé sur le palier et regrettera de s’en être servi. "J’ai toujours fait les mauvais choix", répètera-t-il également à plusieurs reprises devant la cour. "Jordan n’a pas voulu tuer quelqu’un, il souhaitait seulement mettre fin à une dispute dans son immeuble. Qu’est-ce qui lui a pris ce jour-là en donnant ce coup de couteau ? Je ne sais pas… Mais, aujourd’hui, on juge un homme sur deux secondes de sa vie", a, quant à lui, plaidé son conseil, Me Cédric Galandrin. Avant de poser cette question : "Que serions-nous devenus avec la même vie que Jordan ?"
Un destin tout tracé
Car ce procès fut aussi, et surtout, celui de la misère et d’une violence banalisée. Il a permis à la cour de pénétrer dans les bas-fonds de Saint-Martin, derrière la carte postale des Antilles, où pauvreté et criminalité cohabitent. Jordan d’Haïty vient de là. Rejeté par ses parents, livré à lui-même dès son plus jeune âge, il a été "élevé au grain de la criminalité" comme l’a fait remarquer l’avocat général, Chérif Chabbi. Pour fuir ce destin tout tracé, avec la mort ou la prison comme seuls échappatoires, le jeune homme a tenté sa chance en métropole, du côté de Millau, à 19 printemps. Il pensait y trouver du travail, une "vie rangée". Il confiera y avoir "retrouvé les Saint-Martinois, la drogue, la violence et les gangs". Jusqu’à être rattrapé par ses vieux démons, cette nuit du 16 juin 2013. Sans véritable explication. "Il est très difficile de se sortir de ce monde", a affirmé une experte psychologue lors des débats. Dans quelques semaines d’ailleurs, Jordan d’Haïty retrouvera une nouvelle fois les tribunaux. En tant que victime de coups de couteau, cette fois. C’était il y a seulement quelques semaines, à Saint-Martin…
Jordan d’Haïty a également été condamné à l’interdiction de posséder une arme durant 15 ans et devra indemniser sa victime. Il a dix jours pour interjeter appel.
Place à la cour d’assises des mineurs
Dès ce matin et jusqu’à vendredi soir, la cour d’assises de l’Aveyron et son président, Philippe Piquet, se pencheront sur le dossier d’un jeune homme, accusé d’une attaque à main armée d’un fourgon blindé, à Decazeville, le 19 mai 2015. Mineur au moment des faits, les débats se dérouleront à huis clos. L’accusé sera défendu par Me Cédric Galandrin, les parties civiles, les deux convoyeurs, seront quant à eux défendus par Me Patrice Pauper. Le rôle d’avocat général reviendra à Fanny Moles.
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