Villefranche-de-Rouergue : les coups, la partie émergée des violences conjugales

  • Les participants à Village Douze.
    Les participants à Village Douze. MCB
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Trois réunions sont programmées en Aveyron. La première a eu lieu mardi à Villefranche-de-Rouergue.

Le Grenelle sur les violences conjugales a démarré le 3 septembre et s’achèvera le 15 novembre. Entre-temps, les réunions se déclinent localement, par arrondissement, comme en Aveyron où trois rendez-vous ont été programmés. C’est à Villefranche-de-Rouergue que cela a débuté, mardi 1er octobre, puis ce sera au tour de Millau, le 8 octobre, enfin dernier round à Rodez, le 16 octobre. Les propositions et axes de travail résultant de ces réunions seront ensuite transmis au Premier Ministre. Édouard Philippe, à qui il reviendra d’annoncer, dans la foulée, le 25 novembre, les nouvelles mesures qui en découlent.

Formation à l’écoute

"C’est donc un moment important que nous vivons", a indiqué en préambule de la réunion villefranchoise, dans les locaux de Village Douze (accueil de jour pour personnes en difficultés), le directeur adjoint de la DDCSPP (Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations), André Druvigny.

En présence d’une trentaine de participants représentants diverses structures telles que conseil départemental, gendarmerie, Ligue des droits de l’Homme, Adavem, Accès logement, Caf, CIDFF, AFL, Udaf, etc., la sous-préfète de Villefranche, Pascale Rodrigo, a dirigé les débats. De nombreuses constatations et idées ont été émises entre tous ces partenaires qui œuvrent sur la même thématique sans forcément se connaître.

Un manque de coordination qui est apparu flagrant lors de cette réunion.

Ce qui faisait dire au directeur adjoint de la DDCSPP : "On a oublié la transversalité, il faut mettre du liant dans toutes les actions et arrêter de complexifier les situations, le parcours de la victime doit être simple, ce n’est pas possible autrement." La formation à l’écoute dans tous les accueils, quels qu’ils soient, a été également mise en avant "afin que la victime puisse être entendue et qu’elle trouve un réel support". En Aveyron, les différentes structures semblent être connues et performantes puisqu’a Village Douze, par exemple, qui reçoit sans rendez-vous, près de 200 femmes sont venues parler spontanément.

"On note une légère amélioration de la parole qui se libère", notait d’ailleurs sa directrice. En Aveyron, l’an dernier, seulement 55 femmes ont composé le 3919, numéro d’urgence pour les violences conjugales, car "elles connaissent les associations locales".

Mais "les coups représentent la partie émergée de l’iceberg, une femme sur dix est touchée dans notre société", affirmait Christine Matignon, déléguée départementale aux Droits des femmes.

Tandis que le commandant de brigade de la gendarmerie précisait qu’il est "nécessaire de disposer du maximum d’éléments probants pour que le procureur de la République décide d’une enquête préliminaire même si la victime ne porte pas plainte par peur de représailles de son conjoint". Le certificat médical établissant l’ITT (Interruption temporaire de travail) est lui aussi très important dans sa rédaction et il semble que le corps médical devrait être mieux formé à l’élaboration de ce document capital. De son côté André Druvigny émettait l’idée de rédiger "un référentiel de signaux pour apprendre à détecter les victimes et à les orienter". Les maires devraient être aussi sensibilisés car souvent au fait des problématiques familiales.

Téléphone grave danger

Pour finir, il était mis en exergue que le dispositif du téléphone grave danger, qui permet aux femmes menacées d’appuyer juste sur une touche pour être aussitôt en relation avec la gendarmerie la plus proche, devrait être plus facilement accessible pour les victimes.

Les participants se disaient également favorables à la généralisation du bracelet électronique pour rassurer la victime bien avant que le conjoint ne soit condamné.

À l’heure où se terminait ce débat, on apprenait qu’un nouveau féminicide venait de se produire quelque part en France où une femme est tuée par son conjoint tous les deux jours. Ce qui porte le chiffre à 112 victimes depuis le début de l’année.

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