Caroline Fourest passe au cinéma avec "un film de guerre féministe"

  • "Soeurs d'armes" de Caroline Fourest arrive ce mercredi en salles "Soeurs d'armes" de Caroline Fourest arrive ce mercredi en salles
    "Soeurs d'armes" de Caroline Fourest arrive ce mercredi en salles Courtesy of Metropolitan FilmExport
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Relaxnews

(AFP) - Elle est connue comme journaliste et essayiste, engagée dans la lutte contre les intégrismes religieux. Avec "Soeurs d'armes", Caroline Fourest passe au cinéma pour parler du sort des femmes yézidies dans un film de guerre qu'elle définit comme féministe.

"Si on aime les films de guerre - c'est mon cas - et qu'on est un peu féministe - et c'est mon cas -, comment faire autrement que de faire un film sur ce sujet là?", souligne Caroline Fourest, dans un entretien avec l'AFP.

"J'ai été obsédée par cette histoire avec beaucoup de bonheur d'ailleurs, parce qu'elle est terrible, elle est très dure, mais elle est aussi très lumineuse", ajoute-t-elle. "On est à la fois face au sommet de la misogynie intégriste et face au sommet de la résistance féministe".

Dans "Soeurs d'armes", en salles mercredi, la réalisatrice s'attaque à un sujet d'envergure, déjà abordé par Eva Husson dans "Les Filles du soleil", en compétition à Cannes en 2018: le sort des femmes yézidies - minorité kurdophone persécutée en Irak par l'Etat islamique - capturées par des jihadistes, transformées en esclaves sexuelles et devenues, pour certaines, des combattantes.

"Soeurs d'armes" suit l'une d'entre elles, Zara (Dilan Gwyn), séparée de sa famille et vendue à un jihadiste, qui va réussir à rallier ensuite la lutte armée. Elle y retrouve deux jeunes Françaises, Kenza (Camélia Jordana) et Yaël (Esther Garrel), qui ont rejoint une brigade internationale pour se battre aux côtés des combattantes kurdes.

L'idée de ce "film de guerre féministe" est venue à Caroline Fourest après l'attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015.

"Je me sentais réellement de plus en plus enragée avec ce que l'on subissait, entre la peur des attentats, les amis en danger, moi-même sous protection policière", raconte la journaliste, qui a travaillé à Charlie Hebdo jusqu'en 2009.

"Dans le même temps, je commençais à lire beaucoup de récits à la fois sur les premières femmes yézidies qui venaient de s'échapper de Daech et sur les combattantes kurdes", ajoute-t-elle. "Très vite dans ma tête, un scénario a commencé à s'écrire".

- "expérience sensorielle" -
Pour Caroline Fourest, qui ne s'était jusqu'ici attaquée qu'au documentaire, la fiction s'est cette fois imposée, car "c'était trop fou, trop romanesque".

"Je n'aurais jamais pu montrer non plus tous les aspects de cette histoire par le biais d'un documentaire", assure-t-elle. "La fiction permettait d'être à la fois sur le front, à l'intérieur de tous les personnages et d'être à la hauteur épique de cette guerre", poursuit la réalisatrice.

"On pensait que je ferais un manifeste intellectuel, mais non moi je voulais faire du cinéma. Je pense que quand on fait un film de guerre, il faut le faire avec l'énergie et l'intensité du combat".

Celle qui est allée quatre fois au Kurdistan pour faire son film explique avoir "commencé à écrire un scénario, qu'elle est allée +valider+ sur le terrain". "Tout ce que j'avais écrit de plus osé, ou de ce que je pensais être le plus fictionnel, s'est avéré vrai", dit-elle.

L'existence d'un film sur le même sujet également tourné par une femme, Eva Husson "Les Filles du soleil", qui avait reçu un accueil très mitigé à Cannes en 2018, n'a pas aidé Caroline Fourest.

"Ça a été un obstacle très difficile à surmonter sur notre route, parce que tout le monde m'expliquait qu'il y avait déjà un film fait sur cette guerre par une réalisatrice femme et qu'il ne pourrait pas y en avoir deux", raconte-t-elle.

Si elle trouve que le cinéma "est plus féministe qu'il ne l'était quand elle avait 20 ans", Caroline Fourest juge néanmoins que "le chemin est encore long".

"J'adorerais vivre dans un monde où l'on dise +on ne peut pas faire un film de guerre d'homme, il y en a déjà eu un+", lance-t-elle. "Je pense que ce jour là, on aura vraiment gagné. Mais on n'y est pas encore tout à fait".

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